Swiss Steel, fabricant d’acier en difficulté, doit faire face à une assemblée générale extraordinaire le 17 février pour discuter de son retrait de la bourse suisse. Malgré un chiffre d’affaires de 3,2 milliards d’euros en 2023, sa capitalisation boursière a chuté à 67 millions de francs, et l’entreprise peine à attirer des investisseurs. Les principaux actionnaires, dont Martin Haefner, détiennent la majorité des parts, mais ce dernier refuse de proposer un rachat total. La société prévoit des réductions de coûts, y compris des suppressions d’emplois.
Swiss Steel, un fabricant d’acier en difficulté, se retrouve dans une situation pressante. Les actionnaires doivent se prononcer lors d’une assemblée générale extraordinaire prévue le 17 février concernant le retrait de la société de la bourse suisse.
Les raisons de cette précipitation demeurent floues, et aucune explication cohérente n’a été fournie sur demande.
Ce qui est indéniable, c’est que le conseil d’administration a choisi, lors de sa réunion de jeudi, de soumettre la proposition de radiation aux actionnaires. Cette décision aurait également pu être faite lors de l’assemblée générale ordinaire prévue pour le printemps.
Une capitalisation boursière en chute libre
Swiss Steel semble avoir sombré dans un certain fatalisme. Malgré un chiffre d’affaires atteignant 3,2 milliards d’euros en 2023 et son statut de l’un des plus grands fabricants d’acier en Europe, l’entreprise peine à attirer l’attention des investisseurs.
Sa capitalisation boursière a chuté à un niveau dérisoire de seulement 67 millions de francs. Actuellement, la société se contente de l’échange de quelques milliers de ses actions par jour à la SIX Swiss Exchange, avec des jours où à peine quelques centaines d’actions changent de mains.
Cette liquidité extrêmement faible est exacerbée par une flottabilité réduite, qui n’excède plus 10%.
Les principaux actionnaires en jeu
À l’heure actuelle, près de deux tiers des actions de Swiss Steel sont détenues par Gravelpoint, un véhicule d’investissement dirigé par Martin Haefner, propriétaire d’Amag. Environ 13 % du capital est partagé entre les véhicules Liwet et AO Complexprom, appartenant à des investisseurs russes, dont le financier Viktor Vekselberg, sous sanctions américaines.
Le troisième actionnaire majeur est Peter Spuhler, qui détient environ 10 % des parts. Cet entrepreneur, connu pour son rôle dans le fabricant de véhicules ferroviaires Stadler Rail, a également acquis le droit de vendre sa participation restante à Haefner via une option de vente, à l’instar des investisseurs russes.
Haefner a progressivement accru sa participation lors de multiples augmentations de capital, qui n’ont pas suscité l’intérêt d’autres actionnaires. Sans son soutien, il est fort probable que Swiss Steel aurait déjà fait faillite.
Haefner refuse l’option Going-private
Avec une fortune estimée à environ 5 milliards de francs, Haefner pourrait facilement faire une offre à tous les actionnaires pour un Going-private. Cependant, il a systématiquement rejeté cette option au fil des ans.
En réponse aux demandes de clarification, Haefner a affirmé soutenir la décision du conseil d’administration, la qualifiant d’« avantageuse pour la société » et ajoutant que cela n’affecterait pas les employés, les clients ou les fournisseurs, tout en garantissant aux petits actionnaires le maintien de leurs droits.
Le retrait prévu de la bourse suisse permet à Swiss Steel d’éviter l’obligation de divulguer des informations détaillées sur ses opérations. Bien que l’entreprise poursuivra la publication d’un rapport annuel, celui-ci sera désormais plus succinct. Les assemblées générales se dérouleront également dans un cadre réduit, contrairement aux événements antérieurs qui se tenaient au prestigieux Centre culturel et de congrès de Lucerne (KKL).
Swiss Steel n’a pas souhaité communiquer sur les économies potentielles liées à cette décision de retrait. Cependant, des experts en communication estiment que les coûts, même pour les sociétés cotées de petite taille en Suisse, atteignent régulièrement plusieurs centaines de milliers de francs par an.
Conséquences pour les petits actionnaires
Face à ses lourdes pertes, le fabricant d’acier doit impérativement réduire ses coûts. En novembre dernier, il a annoncé la suppression de 800 postes à temps plein, tant en Suisse qu’à l’étranger. À la mi-2024, environ 7500 employés demeuraient encore dans l’entreprise.
Les petits actionnaires restants auront la possibilité d’échanger leurs actions sur un marché hors bourse, ce qui pourrait compliquer et alourdir le processus commercial.
Selon des sources fiables, plusieurs milliers de personnes continuent d’être impliquées dans Swiss Steel, dont beaucoup résident en Suisse centrale. L’entreprise, dont l’histoire remonte à 1842, a vu certaines de ses actions se transmettre de génération en génération.