Les déclarations de Trump sur l’imposition de droits de douane sur les importations de l’UE inquiètent l’industrie suisse, notamment celle des machines, fortement dépendante des exportations. Swissmem craint des répercussions sur les commandes et l’emploi, surtout si l’UE réagit par des mesures de protection. Malgré une légère augmentation des commandes récemment, le climat des affaires reste préoccupant et de nombreuses PME réduisent leur personnel. Les États-Unis pourraient représenter une opportunité, mais la méfiance persiste.
Les Répercussions des Droits de Douane de Trump sur l’Industrie Suisse
La nuit dernière, Donald Trump n’a pas gagné de nouveaux alliés en Suisse. L’annonce du président américain concernant l’éventualité d’imposer des droits de douane de 25 % sur toutes les importations en provenance de l’Union Européenne a suscité de vives réactions dans le pays.
« Trump compromet des partenariats établis depuis des décennies, remplaçant le droit international par une politique de puissance brutale », déclare Martin Hirzel, président de Swissmem, l’association suisse des industries des machines, de l’électrotechnique et de la métallurgie (MEM). Selon lui, la fiabilité des actions étatiques et la sécurité de la planification ont disparu.
Les Incidences sur l’Exportation et l’Industrie Locale
Swissmem exprime de vives inquiétudes quant à l’impact potentiel d’une guerre commerciale sur l’industrie des machines, qui dépend fortement des exportations. Bien que Trump ait fait référence à l’UE, la Suisse pourrait ressentir les effets des droits de douane, même de manière indirecte.
En effet, les entreprises de l’industrie vendent environ 80 % de leurs produits à l’étranger, dont 55 % destinés à l’UE, souvent sous forme de composants pour les grands fabricants automobiles. Si ces entreprises européennes voient leurs ventes aux États-Unis diminuer, cela pourrait entraîner une baisse des commandes pour les entreprises suisses.
La Suisse pourrait également faire face à des conséquences directes si les États-Unis, qui ont reçu 15 % des exportations MEM l’année dernière, imposent des droits de douane globaux. Swissmem espère que la Suisse, ayant déjà éliminé tous ses droits de douane industriels, sera épargnée. Toutefois, la situation deviendrait critique si l’UE réagissait en imposant des droits de douane de protection sur tous les pays tiers, y compris la Suisse. « Cela serait extrêmement préoccupant », ajoute Hirzel.
Des précédents existent, tels que la guerre commerciale de 2018 entre les États-Unis et l’UE, qui avait déjà eu des répercussions. Trump a récemment annoncé un droit de douane de 25 % sur toutes les importations d’acier et d’aluminium à compter de la mi-mars, engendrant des coûts supplémentaires et une charge bureaucratique accrue pour les entreprises suisses. Les conséquences restent floues, selon Swissmem.
La situation est d’autant plus préoccupante pour l’industrie MEM suisse, qui a enregistré une baisse de près de 5 % de son chiffre d’affaires l’année dernière. Depuis l’automne 2022, le volume des nouvelles commandes a montré une tendance à la baisse, et les chiffres d’affaires diminuent depuis le printemps 2023. Les capacités de production ne sont utilisées qu’à 81 %, en grande partie à cause de la crise industrielle en Allemagne, un acteur clé dans le secteur des exportations.
Les espoirs d’un changement positif pour les entreprises suisses ne se sont pas matérialisés l’année dernière. Face à l’incertitude politique croissante, Swissmem s’abstient de faire des prévisions pour l’année 2025. Bien que les commandes aient légèrement augmenté ces deux derniers trimestres, cette tendance pourrait n’être qu’une illusion temporaire.
Pour l’instant, il n’y a pas eu de réduction significative de l’effectif, avec environ 329 000 personnes employées dans le secteur. Cependant, on observe une hausse marquée des emplois à temps partiel, limités à 18 mois, dont beaucoup devraient se terminer cet été. Si la situation ne s’améliore pas d’ici là, des licenciements deviennent de plus en plus probables.
Les petites et moyennes entreprises (PME) du secteur souffrent déjà davantage, avec 34 % d’entre elles ayant réduit leur personnel au quatrième trimestre 2024, un chiffre similaire à celui observé il y a quatre ans. Une enquête de l’association des PME MEM Swissmechanic auprès de plus de 500 entreprises révèle qu’à peine un quart d’entre elles juge le climat des affaires favorable, le niveau le plus bas depuis quatre ans.
Ironiquement, les États-Unis pourraient représenter une opportunité pour le secteur, si Trump n’était pas en charge. Les exportations suisses MEM vers les États-Unis ont augmenté de près de 4 % en 2024, tandis que celles vers l’Allemagne ont chuté de 8 %. La combinaison du vaste marché de consommation américain, des fournisseurs de matières premières canadiens et d’une production avantageuse au Mexique est prometteuse, déplore Hirzel, soulignant la perte de confiance qui en résulte.