L’article explore la vie de Thaksin Shinawatra, ancien Premier ministre thaïlandais, depuis son ascendance politique jusqu’à son retour d’exil en 2023. Il décrit son influence persistante sur la politique thaïlandaise, notamment à travers sa famille, et la montée de sa fille Paetongtarn au pouvoir. Thaksin aborde les défis rencontrés par son parti et critique la situation politique actuelle, tout en exprimant un désir de vivre paisiblement, malgré son implication dans les affaires politiques.
À peine vingt secondes d’ascenseur séparent le tumulte des rickshaws thaïlandais et les délices culinaires des boulettes de poisson d’un monde à part : celui de Thaksin Shinawatra. Un ascenseur privé s’élève jusqu’au 33e étage de la Shinawatra Tower III, dont le chiffre trois symbolise la chance et la prospérité dans la culture thaïlandaise.
Accompagnés d’une assistante et d’un garde du corps sympathique, nous pénétrons dans le bureau du magnat. Cette vaste pièce, comparable à un court de tennis, est composée de plusieurs zones de coussins, d’une grande table de conférence et de deux bureaux, le tout entouré de murs en verre qui offrent une vue imprenable sur le paysage urbain de Bangkok.
Thaksin, une figure emblématique de la politique thaïlandaise, a été Premier ministre au début des années 2000. Il est également le frère de Yingluck, ancienne cheffe de gouvernement, et le père de Paetongtarn, l’actuelle Première ministre.
Après un coup d’État militaire survenu en 2006, Thaksin a vécu en exil à Dubaï, tout en plaçant sa sœur Yingluck à la tête du gouvernement en 2011, la désignant comme son « clone ». L’armée a cependant évincé Yingluck en 2014. Désormais, c’est Paetongtarn, à seulement 37 ans, qui gouverne, représentant la troisième génération de la famille Shinawatra.
Bien qu’elle soit la cadette, Paetongtarn est perçue comme une figure politique peu expérimentée, attendant les conseils avisés de son père, qui approche des 75 ans. Il y a quelques mois, elle occupait un petit bureau en tant que présidente d’une fondation familiale.
Après quelques minutes d’attente, Thaksin entre dans la pièce. Son costume sombre est décoré d’une broche en or arborant l’emblème royal. Des secrétaires servent des biscuits aux amandes et du café. Thaksin, sceptique, jette un regard attentif à l’enregistreur. Il préfère éviter les discussions politiques : « Je dois être prudent, » explique-t-il, rappelant qu’il a été accusé de lèse-majesté récemment, ce qui a entraîné le retrait de son passeport. Depuis, ses déplacements à l’étranger nécessitent une autorisation spéciale. Malgré cela, il consent finalement à une interview.
Thaksin, quel est votre lien avec votre fille, la Première ministre Paetongtarn ?
Elle est très attachée à moi, une véritable « fille à papa ». Depuis son adolescence, elle m’a accompagné dans mes campagnes électorales. Paetongtarn a suivi mon exemple, participant aux rencontres politiques, même à l’international. Elle a rapidement compris les rouages de la politique.
À quelle fréquence communiquez-vous ?
Elle m’appelle généralement pour des affaires précises ou pour transmettre des salutations de ses amis. Je la contacte parfois, mais pas trop souvent, consciente de ses lourdes responsabilités en tant que cheffe de gouvernement.
Pas tous les jours, alors ?
Actuellement, elle représente la Thaïlande lors d’un sommet au Laos. Cela fait deux jours que je n’ai pas eu de nouvelles d’elle.
Le clan Shinawatra a marqué la politique thaïlandaise au début des années 2000 grâce au parti Pheu Thai, fondé par Thaksin. Pour lui, leur succès est une évidence. « Les Thaïlandais savent que nous respectons nos promesses. Ils apprécient notre famille car nous prenons soin d’eux. » En tant que milliardaire, Thaksin se voit comme la voix des pauvres, défiant l’establishment militaire et royaliste. Ses partisans le vénèrent presque comme une divinité, tandis que les conservateurs nourrissent une profonde aversion envers le clan.
Sous son règne, des milliards ont été investis dans les régions les plus pauvres, d’importants projets d’infrastructure ont été lancés, et des aides financières ainsi qu’une assurance maladie abordable ont vu le jour. Cette approche économique, connue sous le nom de « Thaksinomics », a porté ses fruits, permettant à Pheu Thai de gagner les élections successivement, jusqu’à ce qu’un nouveau parti réformateur, Move Forward, brise cette dynamique en 2023 avec une victoire inattendue.
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