La fin de la coalition semaforique suscite des débats intenses, notamment sur la crédibilité de Christian Lindner, président de la FDP, accusé de manipulation. Des enquêtes révèlent que le parti aurait planifié cette rupture. Les tensions entre Lindner et le chancelier Scholz se sont intensifiées, Scholz reprochant à Lindner son comportement destructeur. Malgré les critiques internes, la FDP semble unie et motivée pour la prochaine campagne électorale, tout en devant faire face à des questions sur sa capacité d’auto-analyse.
La coalition semaforique a pris fin il y a près de deux semaines, mais la façon dont cette rupture a eu lieu continue de susciter de vives discussions. En particulier, le chef de la FDP, Christian Lindner, se retrouve sous le feu des questions sur sa crédibilité.
Des accusations de manipulation, de théâtre d’ombres et de mise en scène circulent : la FDP, et surtout son président Christian Lindner, font face à des critiques suite à deux enquêtes médiatiques. Le parti serait accusé d’avoir élaboré un plan lors de réunions internes, visant délibérément à mettre un terme à la coalition semaforique, ce qui pourrait poser un défi à Lindner et à la FDP dans le cadre de la campagne électorale actuelle.
Cependant, il est difficile de déterminer dans quelle mesure la FDP s’est réellement préparée à cette rupture. Est-ce qu’elle l’a envisagée comme l’un des scénarios possibles, ou a-t-elle intentionnellement provoqué ses partenaires de coalition ? Les enquêtes du Süddeutsche Zeitung et de Zeit laissent entendre que la FDP aurait déjà anticipé cette séparation, en se réunissant et en élaborant des documents stratégiques.
La bataille pour l’interprétation
Les opinions divergent et à Berlin, une véritable lutte pour l’interprétation des événements est en cours. Qui est responsable de la fin de la coalition semaforique ? Qui est victime et qui est coupable ? Dans de nombreuses discussions confidentielles, des politiciens des trois partis de la coalition tentent de convaincre les journalistes de leur point de vue. Cette dynamique se déroule dans le contexte d’une campagne électorale où chaque acteur cherche à se présenter sous un jour favorable.
Néanmoins, certains faits sont indéniables : Christian Lindner a soumis des exigences audacieuses lors de la présentation de son document économique fin octobre en tant que ministre des Finances, qui ont sans doute été perçues comme provocatrices par le SPD et les Verts. Il a notamment suggéré de reporter les objectifs climatiques allemands et de réduire le revenu de base, des demandes qui allaient bien au-delà de l’initiative de croissance convenue en juillet. Son document a été interprété comme une lettre de divorce, rappelant le fameux document Lambsdorff de 1982, qui avait conduit à la fin du gouvernement social-libéral de l’époque.
Les reportages médiatiques intensifient le débat sur la responsabilité de cette rupture.
Des exigences irréalisables de Scholz
Il est également clair que le chancelier Olaf Scholz a imposé à Lindner une exigence politiquement irréalisable lors de la dernière réunion du comité de coalition : la suspension du frein à l’endettement.
Il aurait cependant été possible d’éviter une expulsion chaotique de Lindner en optant pour une dissolution ordonnée de la coalition semaforique, accompagnée de l’adoption du budget fédéral pour 2025 et d’élections anticipées. Mais Scholz a rejeté cette option, que Lindner avait pourtant proposée.
Le président de la CDU, Merz, n’exclut pas une réforme du frein à l’endettement, tandis que le SPD propose des discussions à ce sujet.
Interprétation des motifs de la rupture
Pourquoi cela s’est-il produit ? La réponse reste floue. Les interprétations divergent : Scholz avance que Lindner aurait agi de manière destructrice depuis longtemps, perdant ainsi confiance en son leadership. D’après Spiegel, le chancelier aurait réfléchi à la confiance cet été, en discutant même avec la direction des Verts. À l’époque, l’idée d’un gouvernement minoritaire sans la FDP avait circulé au sein du groupe SPD.
Lindner, pour sa part, semble surpris par la critique sévère du chancelier après son éviction. Il aurait pensé qu’avec sa proposition d’une fin ordonnée à la coalition semaforique, il prendrait la main sur le processus, ce que Scholz n’était apparemment pas disposé à lui accorder.
Aujourd’hui, Lindner évoque la décence en politique et accuse Scholz de « mise en scène de licenciement » publique. Il souligne que Scholz avait préparé son discours de 14 minutes à son encontre plusieurs jours à l’avance. La déclaration de son successeur, Jörg Kukies, sur un éventuel changement au ministère des Finances, un jour avant la fin de la coalition, semble corroborer cette version.
Le nouveau ministre des Finances, Kukies, devra bientôt rendre des comptes au comité des budgets sur l’état des finances et les perspectives à venir.
La capacité d’analyse de la FDP
Cependant, la perspective de Lindner semble unilatérale même pour certains au sein de son propre parti, ce qui explique les fuites d’informations provenant de réunions internes. Le ton dominant suggère que la rupture de la coalition semaforique aurait été soigneusement orchestrée par Lindner, tandis que des voix dissidentes, comme celle du ministre des Transports Volker Wissing, n’auraient pas été prises en compte. Un informateur décrit cela comme un « récit biaisé de Lindner » selon le Süddeutsche Zeitung.
Quelles en seront les conséquences pour Lindner et les chances électorales de la FDP ? Aucun dirigeant de la FDP n’ose remettre en question la direction de Christian Lindner, même en privé. Au contraire, au sein du parti, l’ambiance semble positive et motivante, avec de nombreux nouveaux membres engagés pour la campagne électorale.
Cette cohésion pourrait être un atout. Cependant, la question persiste : la FDP est-elle capable de réaliser une auto-analyse et, si nécessaire, de se renouveler avec de nouveaux visages ? Récemment, les Libéraux ont laissé entendre que leur auto-analyse se limitait à pointer du doigt le SPD et les Verts, une attitude quelque peu légère pour un parti qui prône la responsabilité personnelle.
La coalition semaforique est désormais un chapitre clos, une nouvelle date électorale a été fixée, et la campagne électorale débute dès à présent.