Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a provoqué une crise en déclarant un état de guerre, rapidement annulé face à la forte opposition parlementaire. Des manifestations massives ont eu lieu, avec des confrontations entre citoyens et forces de sécurité. Les réactions internationales, notamment de l’Allemagne et des États-Unis, expriment de vives inquiétudes. Yoon accuse l’opposition de sympathiser avec la Corée du Nord, tandis que des critiques émergent même au sein de son propre parti sur sa gestion de la situation.
En Corée du Sud, le président Yoon a provoqué une onde de choc en déclarant un état de guerre, avant de se raviser peu après. Ce changement rapide semble avoir été influencé par la forte résistance du parlement, qui a même utilisé des extincteurs face aux militaires.
Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a annulé un état de guerre qu’il avait proclamé quelques heures auparavant. Selon ses propres mots, cette décision a été motivée par le refus du parlement de soutenir sa déclaration, intervenue en pleine controverse sur le budget national.
Le discours de Yoon, diffusé à la télévision, a provoqué une réaction intense au sein de la population sud-coréenne, entraînant des manifestations massives devant le parlement. Des centaines de personnes se sont rassemblées, brandissant des pancartes et appelant à la destitution de Yoon. Bien que certains affrontements aient eu lieu avec les forces de sécurité, aucun rapport sur des blessures graves n’a été enregistré.
Thorsten Iffland, ARD Tokyo, actuellement à Séoul, sur la situation en Corée du Sud après la déclaration de l’état de guerre
Affrontements devant le parlement
Des vidéos ont montré des soldats tentant d’accéder au bâtiment parlementaire, tandis que des employés s’efforçaient de les en empêcher, notamment en utilisant des extincteurs.
Peu après le discours de Yoon, le parlement a voté à l’unanimité pour annuler l’état de guerre, avec 190 députés présents sur 300. Le président de l’Assemblée nationale, Woo Won Shik, a affirmé que cette déclaration n’avait pas de légitimité et que les députés s’engageaient à protéger la démocratie aux côtés du peuple.
Face à la résistance parlementaire, le président Yoon a annoncé le retrait des forces militaires. Rapidement, le cabinet a également approuvé l’annulation de l’état de guerre.
Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol
Inquiétudes du ministère des Affaires étrangères
Le ministère allemand des Affaires étrangères a exprimé son inquiétude concernant la crise actuelle. « Nous suivons de près et avec une grande préoccupation les développements en Corée du Sud. La démocratie doit prévaloir », a-t-il déclaré sur la plateforme X.
Du côté américain, une réaction similaire a été émise. « Nous sommes gravement préoccupés par les événements que nous observons en Corée du Sud », a déclaré la Maison Blanche, ajoutant qu’ils maintenaient le contact avec le gouvernement sud-coréen. Le Pentagone a confirmé que les forces militaires américaines et sud-coréennes étaient en communication, bien qu’aucune demande de soutien n’ait été formulée par Séoul.
La Russie, en tant qu’allié de la Corée du Nord, suit également la situation de près. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a exprimé son inquiétude, qualifiant la situation d’alarmante. L’ambassade russe à Séoul a conseillé à ses ressortissants de rester calmes et de suivre les instructions des autorités, en évitant les rassemblements, surtout ceux d’ordre politique.
Lors des récentes élections parlementaires en Corée du Sud, l’opposition a remporté une large majorité, selon les chaînes de télévision.
Accusations du président à l’encontre du parlement
Dans son discours sur l’état de guerre, le président Yoon a accusé l’opposition de sympathiser avec la Corée du Nord et de paralyser le gouvernement par des actions jugées anti-étatiques. L’état d’urgence a été justifié par Yoon comme un moyen d’éradiquer les forces pro-nord-coréennes et de protéger l’ordre constitutionnel. Il a demandé à la population de lui faire confiance, même en acceptant quelques désagréments.
Le chef d’état-major Park An Su a ensuite annoncé que « toutes les activités politiques » seraient interdites, avec un contrôle strict sur les médias et publications. Malgré cela, le parlement a continué ses travaux, ce qui a été jugé approprié par la politologue Tereza Novotná, soulignant qu’une restriction aurait été inconstitutionnelle.
La constitution sud-coréenne stipule que l’état de guerre doit être annulé si une majorité du parlement le demande. Cependant, l’armée avait précédemment annoncé qu’elle maintiendrait l’état de guerre tant que le président ne l’aurait pas officiellement annulé.
Lee Jae Myung a été attaqué et blessé au cou, avec l’agresseur présumé maîtrisé sur place.
Critiques au sein de son propre parti
Lee Jae Myung, le chef de l’opposition du Parti démocratique (DP), a qualifié la déclaration d’état de guerre d’ « inconstitutionnelle » et sans fondement, tandis que des critiques ont également émergé de l’intérieur de son propre camp. Han Dong Hoon, président du Parti du pouvoir populaire conservateur (PPP), a décrit l’état de guerre comme « maladroit », affirmant qu’ils « mettraient un terme à cela avec le soutien du peuple ».
Défaites au parlement
Yoon, dont la popularité est en déclin depuis plusieurs mois, éprouve des difficultés à faire avancer son agenda depuis son arrivée au pouvoir en 2022, face à un parlement dominé par l’opposition. Le PPP de Yoon est en désaccord avec le DP concernant le budget de l’année à venir, et la commission parlementaire concernée a récemment approuvé une version considérablement réduite du projet de budget.