Fedor Radmann, proche de Franz Beckenbauer, peine à clarifier le procès lié au paiement mystérieux de 6,7 millions d’euros dans l’affaire du ‘Sommermärchen’. Bien qu’il rejette l’idée de corruption, ses déclarations manquent de précision. La juge Eva-Marie Distler remet en question sa crédibilité, tandis que Theo Zwanziger, accusé de fraude fiscale, soulève des doutes sur la destination des fonds. L’affaire soulève des interrogations persistantes sur la transparence au sein de la FIFA.
Un proche de Franz Beckenbauer, Fedor Radmann, ne parvient pas à apporter de clarté dans le procès entourant le ‘Sommermärchen’, notamment concernant le mystérieux paiement de 6,7 millions d’euros. Bien qu’il rejette toute notion de corruption, il semble manquer d’explications et de souvenirs précis.
Pour illustrer son point de vue, la juge Eva-Marie Distler évoque l’exemple d’un enfant demandant 20 euros à sa mère, soulignant ainsi qu’elle remet en question la crédibilité des déclarations de Radmann. Ce dernier est en effet confronté à des interrogations sur son témoignage.
Présidente du tribunal de grande instance de Francfort, Distler dirige le procès dans lequel seul Theo Zwanziger fait face à des accusations. L’ancien président de la Fédération allemande de football (DFB) est accusé de fraude fiscale grave, mais cette question reste secondaire après 21 jours d’audience.
Le tribunal et le ministère public cherchent à comprendre l’utilisation des dix millions de francs suisses que Franz Beckenbauer a empruntés en 2002 à l’ancien dirigeant d’Adidas, qui ont finalement été transférés à Mohamed bin Hammam, le dirigeant qatari du football. Ces dix millions, une fois les intérêts ajoutés, se sont transformés en 6,7 millions d’euros, un montant qui plane sur la Coupe du monde de football 2006, surnommée ‘Sommermärchen’.
Radmann rejette l’idée de corruption
Âgé de 80 ans et bien connu dans le milieu, Fedor Radmann, un proche de Beckenbauer, a joué un rôle clé dans l’attribution de la Coupe du monde à l’Allemagne. À l’époque, en 1998, la compétition était fortement convoitée par l’Afrique du Sud et l’Angleterre, rendant la situation très complexe.
Cependant, le 6 juillet 2000, l’Allemagne a remporté l’organisation de l’événement avec 12 voix contre 11 lors du dernier tour de vote contre l’Afrique du Sud. Radmann déclare : ‘D’une certaine manière, nous avons réussi’, soulignant que ‘nous n’avons jamais eu une approche moralisatrice’, mais que nous étions simplement charmants et convaincants. Il continue en affirmant : ‘À ma connaissance, aucun euro n’a été versé de notre part.’
Radmann a une réputation de manipulateur dans le milieu du football, et avant le début de son témoignage, la juge Distler remarque : ‘On a parfois l’impression ici qu’on préfère ne pas se souvenir.’ Bien que Radmann se souvienne de nombreux détails, il semble également oublier d’autres éléments cruciaux.
Au cours de l’audience, la juge a critiqué la conduite de la DFB, mentionnant une influence potentielle dans cette affaire.
Une garantie de dix millions pour un potentiel de 250 millions en subventions
Le tribunal et l’accusation ont le sentiment que Radmann choisit de ne pas se souvenir ou qu’il omet délibérément des informations. ‘Je ne le crois pas’, rétorque Distler lorsqu’il prétend ne pas comprendre pourquoi la FIFA exigeait une ‘garantie’ de dix millions de francs suisses, ce qui a ensuite conduit à des subventions bien supérieures pour l’organisation de la Coupe du monde, atteignant au total 250 millions. Pour utiliser l’analogie de la juge : pourquoi un enfant donnerait-il 75 centimes à sa mère pour ensuite recevoir 20 euros en retour ?
Radmann admet que l’idée de cette ‘garantie’ lui semblait ‘bizarre’, mais il l’attribue au fait que la FIFA n’avait pas géré la situation en interne, nécessitant ainsi l’intervention de Beckenbauer et lui-même.
Selon Radmann, Beckenbauer aurait rencontré à Zurich l’ancien président de la FIFA, Sepp Blatter, et aurait ensuite affirmé que la situation concernant les subventions était désormais favorable, après que la FIFA ait d’abord refusé de fournir une aide.
Des révélations qui tardent à émerger
Radmann a ensuite reçu un appel d’un collaborateur de bin Hammam, indiquant qu’une subvention indéterminée serait accordée si la ‘garantie’ de dix millions de francs suisses était débloquée. Lorsqu’on évoque l’idée d’un pot-de-vin, Radmann répond : ‘Non, je n’ai pas pensé qu’il fallait soudoyer qui que ce soit.’ Cette déclaration semble surprenante au regard des antécédents de la FIFA en matière de scandales.
Reinhard Grindel, ancien président de la DFB de 2016 à 2019, a également témoigné au tribunal, mentionnant des rumeurs concernant l’achat de voix par bin Hammam pour soutenir Blatter dans sa réélection. Malheureusement, Radmann, tout comme l’ancien manager de Beckenbauer, Marcus Höfl, n’apporte pas d’informations significatives pour éclaircir la situation.
Zwanziger, un autre ancien président de la DFB, a également témoigné et a exprimé ses doutes sur la destination des 6,7 millions d’euros, suggérant des pistes pour de futures enquêtes.
Vers une lumière sur l’affaire Blatter
Les 6,7 millions d’euros demeurent un mystère, et même l’accusé, Zwanziger, se demande pourquoi aucune enquête n’a été ouverte contre bin Hammam. ‘Pourquoi aucune enquête n’a-t-elle jamais été ouverte contre Mohamed bin Hammam ?’ interroge-t-il, tout en répondant que c’est parce que ‘on ne le voulait pas.’
Sous l’égide de la FIFA, qui a son siège en Suisse, la Coupe du monde de football continue de susciter des interrogations, laissant un goût amer dans la bouche de ceux qui espéraient une transparence totale dans cette affaire.