L’élection du Bundestag en Allemagne soulève des questions sur l’avenir de la politique sportive, notamment face à des enjeux comme les candidatures olympiques et l’état des infrastructures. Bien que le soutien aux athlètes soit essentiel, les performances décevantes ont mis en lumière des propositions politiques, comme celle de Friedrich Merz pour réintroduire des certificats de victoire. Le CDU/CSU propose des investissements significatifs et l’idée d’un ministre d’État pour le sport, soulevant des interrogations sur l’influence de l’État et le rôle du DOSB dans la gestion du soutien sportif.
L’Allemagne élit son Bundestag – quelle direction pour la politique sportive ? Un ministre des Sports est-il en vue ?
Dans le contexte actuel, le sport occupe une place secondaire dans le tumulte de la campagne électorale qui précède les élections fédérales du 23 février. Pourtant, la nécessité d’une action politique forte dans le domaine sportif se fait sentir : candidature aux Jeux Olympiques, infrastructures sportives vieillissantes, et baisse des performances internationales – le travail à réaliser est immense.
Les athlètes allemands bénéficient d’un soutien étatique dans certaines disciplines pour maximiser leurs performances. Cependant, comment fonctionne réellement ce système à une époque où les succès se font rares ?
La crise des performances dans le sport de haut niveau en Allemagne a fait la une des journaux fin janvier, lorsque Friedrich Merz, candidat à la chancellerie de la CDU, a plaidé pour la réintroduction des certificats de victoire pour les jeux de la jeunesse fédérale, face aux résultats décevants aux Jeux Olympiques de 2024 à Paris.
Merz démontre un manque d’information
Si la solution était aussi simple, la politique et le sport auraient déjà gagné des années en termes de progrès dans le soutien au sport de haut niveau. En réalité, la situation est bien plus complexe, et l’initiative de Merz semble peu solide et même trompeuse.
Malgré l’importance du sport dans le discours politique, il reste principalement en toile de fond durant cette campagne. Cependant, le sport est souvent utilisé comme symbole de performance, entraînant de nombreuses erreurs d’interprétation.
Les certificats de victoire pour les jeux de la jeunesse fédérale n’ont pas été abolis, tout comme le tir au but lors des matchs de football pour les catégories E et F, comme l’a également annoncé Merz. Néanmoins, l’unioniste peut être certain de recevoir des applaudissements pour ses propos simplistes – un aperçu de la campagne électorale de 2025.
Un investissement d’un milliard pour les infrastructures sportives
Le programme électoral de la CDU/CSU présente effectivement des propositions intéressantes concernant le sport : un soutien à la candidature pour les Jeux Olympiques d’été, une aide accrue pour le bénévolat, et des fonds pour la rénovation des infrastructures sportives. Ces idées rejoignent celles du SPD, des Verts, de la Gauche et du FDP. Toutefois, elles doivent être mises en œuvre concrètement.
Avant les élections fédérales, Sportschau examine les programmes des partis sur des questions essentielles comme les Jeux Olympiques, le soutien au sport et le bénévolat.
Pour le bénévolat, l’union prévoit de réduire la bureaucratie, de clarifier les responsabilités et d’accroître les indemnités pour les entraîneurs et les bénévoles. Concernant les infrastructures sportives, l’union propose un investissement d’un milliard d’euros par an pour améliorer le paysage sportif – une promesse également faite par les Verts et la Gauche. De plus, la CDU/CSU souhaite instaurer une demi-heure de sport par jour pour les enfants dans les écoles élémentaires, bien que cela relève de la compétence des Länder.
L’union souhaite intégrer le sport au palais de la chancellerie
Une proposition unique de l’union est celle d’intégrer le sport au palais de la chancellerie avec un ministre d’État dédié au sport et au bénévolat. Bien que cette idée ne soit pas nouvelle et s’inspire de modèles en Rhénanie-du-Nord-Westphalie ou en Thuringe, elle soulève des questions sur sa pertinence.
Selon le professeur Lutz Thieme, expert en sciences du sport à l’Université de Koblenz, ‘il est difficile de juger pour le moment, car les responsabilités de ce secrétaire d’État restent floues.’
Il ajoute : ‘Si cela revient seulement à déplacer le département des sports actuel du ministère fédéral de l’Intérieur au palais de la chancellerie, cela peut rapprocher le sport des centres de décision politique, mais cela pourrait aussi signifier perdre le soutien d’un grand ministère comme celui de l’Intérieur.’
Quel pouvoir pour un ministre fédéral des Sports ?
Il est également possible que les questions sportives d’autres ministères soient regroupées au palais de la chancellerie, comme celles du ministère de la Construction, de la Santé et de la Défense. Selon Thieme, ‘cela créerait une fonction centrale différente, rapprochant le sport des pôles de pouvoir politique.’
Cette proposition est également soutenue par le Comité Olympique Allemand (DOSB), qui souhaite que le sport soit placé au cœur du pouvoir exécutif. Cela permettrait, sans doute, un meilleur lobbying avec des accès directs au chef du gouvernement, idéalement avec un ministre passionné par le sport et attentif aux besoins des fédérations sportives.
Une influence accrue de l’État sur le sport de haut niveau ?
Cependant, un tel changement pourrait également avoir des conséquences négatives pour le DOSB, notamment concernant son rôle dans la gestion du soutien au sport de haut niveau. Ce soutien est traditionnellement sous la responsabilité du DOSB, qui décide avec le ministère fédéral de l’Intérieur de l’allocation des fonds aux fédérations sportives de haut niveau. Le DOSB souhaite continuer à jouer un rôle clé dans l’organisation du soutien, en particulier avec la création d’une nouvelle agence dédiée au sport de haut niveau.
Cette agence, qui devrait être un élément central de la loi sur le soutien au sport, a été mise en attente après la chute du gouvernement de coalition, mais devrait, un jour, être relancée après les élections. Un point de friction majeur entre la politique et le sport reste le partage des voix au sein du conseil d’administration de cette agence.
Conflit sur l’influence dans l’agence
Le DOSB a vivement critiqué le fait que le ministère fédéral de l’Intérieur souhaite conserver le dernier mot dans le projet de loi, ce qui pourrait compromettre l’autonomie dans la gestion des ressources et des décisions qui touchent à l’avenir du sport de haut niveau en Allemagne.