Les reins sont cruciaux pour filtrer le sang et éliminer les toxines, mais leur défaillance peut mener à une insuffisance rénale nécessitant dialyse ou transplantation. De nouveaux médicaments, comme les inhibiteurs SGLT-2 et les MRA, offrent de l’espoir pour les 770 millions de personnes atteintes de maladies rénales chroniques, souvent sous-diagnostiquées. Un dépistage précoce est essentiel, mais souvent négligé. La recherche de solutions technologiques pour améliorer la dialyse et augmenter le nombre de greffes est en cours.
Les reins jouent un rôle essentiel dans notre organisme, en filtrant continuellement notre sang et en éliminant les toxines sous forme d’urine. Toutefois, lorsque le tissu rénal subit des dommages, cette fonction de filtration peut être compromise, entraînant un risque d’intoxication lente. À un stade avancé, les patients ne peuvent échapper à une insuffisance rénale totale que par le biais de la dialyse régulière ou d’une transplantation rénale.
Aujourd’hui, un nouvel espoir s’ouvre dans le domaine de la néphrologie, comme l’a récemment révélé l’assemblée annuelle de la Société allemande de néphrologie. Après une longue période de stagnation dans le traitement des maladies rénales chroniques (MRC), trois nouvelles classes de médicaments prometteurs ont été introduites au cours des cinq dernières années.
En premier lieu, les inhibiteurs SGLT-2, initialement conçus pour traiter le diabète, montrent également une efficacité dans le ralentissement de la dégradation de la fonction rénale. De plus, les antagonistes des récepteurs minéralocorticoïdes sélectifs (MRA) présentent des effets similaires. Enfin, le sémaglutide, un traitement injectable pour la perte de poids, pourrait également recevoir une approbation pour le traitement de la MRC.
C’est une avancée réjouissante pour les 770 millions de personnes dans le monde souffrant de MRC, représentant environ 10 % de la population mondiale, y compris des pays comme la Suisse et l’Allemagne. La Société allemande de néphrologie souligne que la maladie est souvent sous-diagnostiquée, avec de nombreux patients n’étant pas conscients de leur état. « La maladie rénale chronique est une véritable problématique sociétale », déclare Julia Weinmann-Menke, responsable de la clinique de néphrologie à l’hôpital universitaire de Mayence.
Une augmentation des facteurs de risque
Bien que des chiffres précis manquent, les spécialistes s’accordent à dire que l’incidence des maladies rénales chroniques a considérablement augmenté au fil des décennies. « Cela se comprend facilement, car les deux principaux facteurs de risque, à savoir le diabète et l’hypertension, sont également en hausse globalement », explique Andrew Hall, professeur d’anatomie et directeur du Zurich Kidney Center.
Une pression artérielle élevée ainsi qu’un excès de glucose dans le sang peuvent endommager le tissu rénal. En retour, la MRC affecte négativement l’ensemble de l’organisme, augmentant le risque de maladies cardiovasculaires et de fractures osseuses. Les patients sous dialyse ont une espérance de vie réduite de plus de 50 % par rapport à ceux de leur âge en bonne santé rénale.
En 2016, la MRC se classait au 16ème rang des causes de décès mondiales, et selon certaines projections, elle pourrait atteindre la 5ème position d’ici 2040. Non seulement la longévité est affectée, mais aussi la qualité de vie, notamment pour les patients nécessitant plusieurs séances de dialyse de quatre heures par semaine. En Allemagne, environ 100 000 personnes sont touchées, contre environ 5 000 en Suisse.
Pourtant, la bonne nouvelle réside dans le fait que l’augmentation de l’impact de la MRC sur la mortalité n’est pas une fatalité. « L’émergence de nouveaux médicaments constitue un progrès significatif », affirme Hall. Auparavant, le traitement standard reposait sur des bloqueurs du RAAS pour réduire la pression artérielle, mais beaucoup de patients n’en bénéficiaient pas suffisamment pour se protéger des maladies cardiovasculaires.
Le diagnostic de la MRC souvent négligé
Bien que les nouveaux médicaments ne puissent pas inverser la maladie, ils offrent l’espoir que les patients nouvellement diagnostiqués puissent retarder l’éventualité de la dialyse ou d’une transplantation. « Un diagnostic précoce de la MRC est essentiel, car les nouveaux traitements sont plus efficaces lorsqu’ils sont administrés tôt », souligne Hall.
Cependant, le diagnostic est souvent tardif, les patients ne réalisant leur condition qu’après avoir perdu 70 % ou plus de la fonction rénale. De plus, des symptômes tels que nausées et démangeaisons peuvent indiquer d’autres pathologies. Deux biomarqueurs, à savoir la présence d’albumine dans l’urine et le taux de filtration glomérulaire estimé, permettent de diagnostiquer la MRC de manière fiable. « Pourtant, ces tests sont trop souvent négligés, même chez les groupes à risque comme ceux souffrant de diabète ou d’hypertension », déplore Weinmann-Menke. Les directives internationales recommandent de tels dépistages pour les personnes à risque, mais la réalité est bien différente. La Société allemande de néphrologie appelle donc à un dépistage systématique pour tous les individus à partir de 35 ans.
Une pénurie de donneurs de reins
Le nouvel optimisme en néphrologie ne se limite pas aux médicaments. Des avancées sont également attendues pour les patients sous dialyse. Les innovations technologiques visent à rendre les appareils d’épuration sanguine plus accessibles, compacts et portables, permettant ainsi une dialyse à domicile ou même lors de promenades. Cependant, il faudra encore cinq à dix ans avant que ces solutions deviennent réalité, selon Andrew Hall.
Pour les patients gravement atteints aujourd’hui, la dialyse reste souvent un traitement de longue durée, loin d’être idéal. La dialyse est éprouvante pour le corps et ne peut pas remplacer la fonction rénale. « La transplantation demeure la solution optimale », conclut Andrew Hall. Malheureusement, ce traitement reste rare : en Allemagne, seulement 2 122 reins ont été transplantés récemment.