Dominique Pelicot, 72 ans, a été condamné à 20 ans de prison pour viol aggravé sur son ex-femme, Gisèle, après avoir abusé d’elle pendant plus de dix ans. Le tribunal a également reconnu sa culpabilité pour d’autres crimes, incluant une tentative de viol sur une autre femme et la diffusion d’images sexuelles de sa fille. Le procès, qui a suscité une grande attention médiatique, vise à sensibiliser sur la violence sexuelle à l’égard des femmes en France.
20 ans. Dominique Pelicot a baissé les yeux lorsque, jeudi à 10h15, la peine maximale a été prononcée à son encontre au tribunal correctionnel d’Avignon. Ce verdict n’a étonné personne. En effet, 20 ans pour viol aggravé, c’était la demande des procureurs, l’attente du public, et probablement celle de Pelicot lui-même.
Une peine sévère pour des actes inacceptables
Le principal accusé, âgé de 72 ans, avait secrètement drogué, abusé et humilié son ex-femme, Gisèle, pendant plus de dix ans, la laissant à plusieurs reprises entre les mains d’autres hommes. À ce moment-là, bien que la sentence ait été prévue, on pouvait sentir que le président du tribunal, Roger Arata, avait porté un coup dur à Pelicot.
Dominique Pelicot ne pourra sortir de prison qu’à l’âge de 86 ans au plus tôt, car il devra purger deux tiers de sa peine. Le tribunal l’a également reconnu coupable d’une tentative de viol aggravé sur une autre femme, ainsi que de la prise et de la diffusion d’images à caractère sexuel de sa fille et d’autres membres de la famille.
Les 50 coaccusés ont également été déclarés coupables, tous ceux qu’il avait rencontrés en ligne et qui avaient été invités chez lui pour s’en prendre à Gisèle. Cependant, les peines infligées à ces hommes étaient généralement moins sévères que celles demandées par le parquet. Arata a prononcé des peines allant de trois à 15 ans, souvent trois à quatre ans de moins que réclamé par le ministère public en novembre. Un des accusés a été reconnu coupable uniquement de tentative de viol, tandis que d’autres ont été condamnés pour violences sexuelles.
Les accusés ont baissé la tête lors de la lecture du verdict. L’un d’eux, condamné à huit ans, a éclaté en larmes en pleine audience. Un avocat a qualifié les peines de «disproportionnées» et «injustes». Tandis que Dominique Pelicot a admis ses actes dès le début, la plupart des avocats des coaccusés ont tenté de défendre leurs clients en affirmant qu’ils n’avaient pas eu l’intention de violer Gisèle, mais croyaient participer à un «jeu érotique» consensuel. Sur les 51 accusés, 30 avaient plaidé en vain pour leur acquittement.
Un procès aux répercussions profondes
Gisèle Pelicot, après l’annonce du verdict, a affiché une calme satisfaction. Elle a exprimé son respect pour les jugements, tout en qualifiant le procès de «lourde torture». Elle pense à ses enfants et petits-enfants, ainsi qu’aux nombreuses autres familles touchées par cette tragédie et aux victimes de violences sexuelles, dont les récits restent souvent dans l’ombre.
À l’extérieur du tribunal, Gisèle est devenue une figure emblématique dans la lutte contre la violence faite aux femmes. Des supporters l’ont acclamée, et un groupe féministe avait même déployé une banderole en son honneur. Blandine Deverlanges, présente sur place, a exprimé sa déception, déclarant que «l’on ne peut pas annuler un viol» et que toutes les peines auraient dû être beaucoup plus sévères.
Le procès, qui a débuté le 2 septembre, a profondément marqué l’opinion publique en France. L’ampleur des crimes et la froideur des actes de Dominique Pelicot, surnommé le «pervers XXL», ont suscité une attention médiatique considérable. En choisissant un procès public pour que «la honte change de camp», Gisèle a assuré une visibilité mondiale à son combat.
Les crimes troublants avaient été révélés il y a quatre ans, lorsque Pelicot a été surpris en train de prendre des photos sous les jupes des femmes. Une enquête policière a alors mis à jour des vidéos et des photos qu’il avait prises de ses actes criminels. Les enquêteurs estiment que Pelicot a réussi à «recruter» entre 70 et 80 hommes pour abuser de sa femme.
Les auteurs sont issus de divers groupes d’âge et de classes sociales, le plus jeune étant âgé de 21 ans et le plus vieux de 68 ans. Le procès a également mis en lumière que plusieurs accusés avaient eux-mêmes été victimes d’abus durant leur enfance. Dominique Pelicot a également prétendu cela, bien qu’il n’ait pas pu le prouver.
De nombreux Français espèrent que ce procès éveillera davantage de sensibilisation sur la violence sexuelle à l’égard des femmes. Après des affaires antérieures souvent mises en lumière par le mouvement #MeToo, la société française a tendance à tourner la page trop rapidement. La procureure Laure Chabaud a exprimé l’espoir qu’il y ait pour la société «un avant et un après» dans cette affaire.