Les syndicats suisses, experts en pouvoir politique, semblent peu enclins à approuver le nouveau paquet de contrats de l’UE sans le soutien de l’UDC et des syndicats. Ils renforcent la protection des employés, bien que cela profite davantage aux syndicats qu’aux salariés. La tendance à la collectivisation du marché du travail se poursuit, malgré les critiques libérales. Les syndicats, soutenus par des mesures d’accompagnement, gagnent en influence, rendant une rupture avec l’UE risquée pour leur légitimité.
Les syndicats suisses sont des experts en matière de pouvoir politique. Avec le nouveau paquet de contrats de l’UE, leur approbation semble peu probable sans le soutien de l’UDC à droite et des syndicats à gauche. En jouant habilement leurs cartes, ils exigent un prix élevé pour leur accord, ce qui contribue à la bureaucratisation croissante du marché du travail. Ce phénomène pourrait sérieusement menacer l’un des principaux atouts concurrentiels de la Suisse.
Renforcement de la protection des employés
Renforcement de la protection des employés
Un exemple récent est l’extension de la protection contre le licenciement pour les représentants du personnel élus, une initiative que le Conseil fédéral a récemment approuvée et qu’il souhaite soumettre à consultation. Les partenaires sociaux et les cantons ont également convenu de 13 autres mesures politiques visant à protéger les salaires, selon le titre officiel. Bien que cela semble davantage bénéficier aux syndicats qu’aux salariés, et que cela ait peu à voir avec les discussions sur l’UE, peu de personnes semblent préoccupées par cette question.
La politique n’est pas faite pour les âmes sensibles. Ceux qui détiennent une position avantageuse en tirent profit. C’est pour cette raison que les syndicats avancent depuis des années de nouvelles revendications, notamment concernant l’accord sur la libre circulation des personnes. Ils comprennent que les entreprises souhaitent conserver le contrôle sur le niveau d’immigration en provenance de l’UE sans intervention étatique. Les entreprises ne souhaitent pas renoncer à cette autonomie, ce qui les pousse à faire des concessions aux syndicats.
Des voix libérales dénoncent depuis longtemps la syndicalisation croissante du marché du travail en Suisse. Pourtant, la tendance à la collectivisation ne montre aucun signe de ralentissement. Les représentants des employeurs et des métiers ne sont pas aussi favorables au marché qu’ils le laissent entendre. Lorsqu’il s’agit de rendre la vie difficile aux entreprises étrangères, de nombreux employeurs trouvent également leur compte. La concurrence est éprouvante, tandis que le protectionnisme offre un confort.
Une dynamique commerciale avantageuse
Une dynamique commerciale avantageuse
En conséquence, la résistance des employeurs est parfois plutôt tiède, voire hypocrite. Il serait pourtant simple de reconnaître le comportement des syndicats pour ce qu’il est : un bluff. Les syndicats ne peuvent se permettre d’échouer dans leurs négociations, car ils sont parmi les principaux bénéficiaires des accords bilatéraux. L’instauration de la libre circulation des personnes a été accompagnée d’une régulation exhaustive du marché du travail, incluant des contrôles de salaires et des minima salariaux dans les contrats de travail.
Résultat : bien que les syndicats se battent pour arrêter la perte de membres, ils gagnent en puissance. Les mesures d’accompagnement leur ont permis d’établir un modèle commercial rentable. Leur influence se renforce, notamment grâce à l’augmentation du nombre d’employés couverts par des conventions collectives de travail (CCT). De plus, les syndicats reçoivent une compensation généreuse de l’État pour réaliser des contrôles de salaires, ce qui les rend moins dépendants des cotisations en baisse de leurs membres.
Les syndicats ont donc tout intérêt à maintenir le chemin des accords bilatéraux et de la libre circulation des personnes. Une rupture avec l’UE pourrait compromettre la légitimité des mesures d’accompagnement. Il est donc inutile de céder à des demandes coûteuses pour obtenir la coopération des syndicats. Une résistance plus forte serait non seulement possible, mais aussi nécessaire. Un contrat avec l’UE, dont l’intérêt reste à évaluer, ne devrait pas justifier une rigidité du marché du travail. Cela nuit à la compétitivité, qui doit être maintenue non seulement en Europe, mais à l’échelle mondiale.