L’élection imminente de Donald Trump pourrait fortement influencer la fiscalité mondiale, notamment en remettant en question l’imposition minimale pour les grandes entreprises adoptée par de nombreux pays. Des pays comme les États-Unis, la Chine et l’Inde sont exclus de cette règle. La Suisse, tout en prévoyant d’appliquer certaines règles, pourrait être affectée par des rétorsions américaines. L’interaction entre l’imposition et les règles fiscales pourrait déterminer la compétitivité économique future, avec des conséquences profondes pour la Suisse.
Les Conséquences de l’Élection de Donald Trump sur la Fiscalité Mondiale
Donald Trump est sur le point de reprendre la présidence des États-Unis, tandis que les républicains s’apprêtent à prendre le contrôle du Sénat et probablement de la Chambre des représentants. Ce changement de pouvoir pourrait engendrer des répercussions majeures, touchant des questions allant de la guerre en Ukraine aux objectifs climatiques globaux.
Un des enjeux cruciaux à l’ordre du jour est la remise en question de l’imposition minimale mondiale des grandes entreprises internationales, adoptée par près de 140 pays, dont la Suisse et la majorité des États membres de l’UE. Cette règle stipule que les entreprises générant un chiffre d’affaires mondial supérieur à 750 millions d’euros doivent s’acquitter d’un impôt minimum de 15 % sur leurs bénéfices dans chaque pays où elles opèrent. Toutefois, des pays comme les États-Unis, la Chine, l’Inde et le Brésil sont exclus de cette règle.
Les Règles de Taxation et leurs Implications
Le cadre établi par l’OCDE ne fixe pas de taux minimum, mais il incite les pays à imposer les entreprises à un minimum de 15 %. En cas de sous-imposition, deux scénarios se présentent : le premier concerne les filiales étrangères sous-imposées, où le pays d’origine peut compenser la différence par rapport à l’impôt minimum grâce à ce que l’on appelle la Règle d’Inclusion des Revenus (IIR). La Suisse a prévu d’appliquer cette règle dès 2025.
Pour ce qui est de la Règle des Paiements Sous-Imposés (UTPR), la Suisse a pour l’instant choisi de ne pas l’introduire. Cette règle viserait à taxer les entreprises étrangères sous-imposées dans d’autres pays, ce qui pourrait s’appliquer aux filiales américaines situées à l’étranger. L’interaction entre l’IIR et l’UTPR est essentielle pour s’assurer que les entreprises soient imposées à un taux d’au moins 15 %, même si tous les pays ne mettent pas en œuvre cette imposition.
Des membres du Congrès américain ont déjà proposé des lois de rétorsion contre les États imposant des taxes via l’UTPR, et avec le renforcement de l’influence républicaine, il est probable que ces textes soient plus facilement adoptés. Si les pays choisissent de ne pas appliquer l’UTPR par crainte de représailles, cela risque de compromettre l’ensemble du système de l’imposition minimale.
Olivier Eichenberger, expert fiscal chez KPMG Suisse, souligne que l’avenir de ce système est incertain et que les deux prochaines années seront cruciales. Bien que l’effondrement du système soit peu probable pour le moment, une prolongation des règles spéciales favorables aux États-Unis pourrait être envisagée.
La réponse de l’Union européenne face aux nouvelles menaces américaines sera déterminante. Un compromis entre l’UE et les États-Unis pourrait surgir, où l’UE accepterait certaines règles fiscales américaines. Cependant, si l’UTPR n’est pas appliquée en raison de la pression américaine, la Suisse devra réévaluer sa position concernant l’imposition minimale mondiale.
En conclusion, même si les règles fiscales minimales mondiales venaient à disparaître, cela ne garantirait pas que la Suisse en sortirait indemne. Des sanctions contre les pays à faible imposition pourraient être envisagées, à l’instar de l’Italie par le passé. Les implications de ces changements fiscaux peuvent avoir des répercussions profondes sur l’économie suisse et la compétitivité des entreprises.