L’Union européenne aspire à une gestion aérienne plus collaborative pour rendre les vols moins coûteux, écologiques et plus courts. Suite à des retards significatifs attribués à la multitude de contrôleurs aériens, une réforme a été adoptée pour simplifier le paysage aérien européen. L’objectif, inspiré du modèle Schengen, est d’harmoniser les services de navigation, d’améliorer la sécurité et de réduire les impacts environnementaux, bien que son application ne soit pas attendue avant 2030.
Dans le futur, l’Union européenne aspire à une gestion plus collaborative de l’espace aérien. Après de longues discussions, le Parlement a validé une réforme qui vise à rendre les vols moins coûteux, plus écologiques et plus directs.
« Un vol sur deux a été retardé cet été », a affirmé le commissaire européen à l’environnement, Wopke Hoekstra. Ces retards ne sont pas dus aux conditions climatiques ou à un manque de personnel. La multitude de contrôleurs aériens nationaux constitue le principal obstacle engendrant des congestions dans l’espace aérien, une situation déjà évoquée avant le vote au Parlement européen à Strasbourg.
Le système actuel est comparé à un « tapis de taches » complexe, selon les dires de la députée autrichienne Sophia Kircher. Jens Gieseke, un eurodéputé, a précisé que « seuls sept services nationaux de contrôle aérien étaient responsables de 85% des retards”.
En 2022, l’Allemagne a enregistré une baisse des vols intérieurs, un phénomène peu observé ailleurs dans l’UE.
Vers un espace aérien Schengen
Alors que la traversée des frontières se fait de façon transparente sur la route, les pilotes doivent encore se soumettre à des contrôles aériens différents à chaque entrée de territoire. On pourrait comparer cette situation à celle où chaque pays avait sa propre monnaie et ses propres règles bancaires. Les contrôleurs aériens actent ce qui ressemble à des « échanges dans le ciel » pour guider les avions d’un pays à un autre.
L’Europe compte actuellement 37 prestataires de services de navigation aérienne, certains étant jusqu’à cinq fois plus chers que d’autres. Ce déséquilibre influence les itinéraires empruntés par les compagnies aériennes, qui choisissent souvent des routes moins directes pour réduire les coûts, ajoutant en moyenne 49 kilomètres à la distance optimale. Cette situation engendre également une augmentation de la pollution de l’air, que la Commission européenne cherche à réduire. L’objectif est d’atteindre la neutralité climatique d’ici 2050, et ce, sans négliger le secteur aérien.
Des directives pour l’avenir
Malgré une volonté d’harmonisation, les États membres protègent farouchement leur contrôle aérien, bien plus qu’ils ne le font pour les routes. En 2004, une initiative pour un ciel unique avait déjà été lancée. La loi récemment adoptée par les parlementaires a dix ans, comme l’a indiqué le commissaire Hoekstra à Strasbourg, soulignant que ce fut un travail difficile.
Des critiques affirment que ce projet a perdu de son impact au fil du temps et pourrait même entraîner une augmentation des coûts, en plus de sa complexité. Pour simplifier les processus, les services de navigation aérienne se verront attribuer des objectifs à atteindre, concernant la sécurité, les retards, les coûts et les technologies. La réforme vise à optimiser la coopération dans ce domaine.
Ainsi, les coûts liés aux exigences écologiques de l’UE devraient être répercutés sur les usagers.
Des vols plus courts et efficaces
Le système actuellement en place est souvent obsolète et inadapté. Le nouvel encadrement sera supervisé par « Eurocontrol », une organisation internationale établie dans les années 1960, dont le but est de réguler au mieux l’espace aérien européen.
Certains États européens ont cependant été réticents à confier leur contrôle aérien à Eurocontrol, la France craignant pour la sécurité et l’Irlande faisant valoir des salaires jugés trop élevés. Il s’agit donc d’une nouvelle approche. Jens Gieseke a résumél’avantage de cette réforme : « Nous avons la possibilité d’accroître la sécurité, de réduire les distances, d’améliorer la durabilité et de diminuer les coûts pour le citoyen ordinaire de l’Union européenne. Ce potentiel est immense. » Les compagnies aériennes bénéficieraient également d’une réduction du stress grâce à une collaboration plus étroite avec leurs voisins.
Le besoin d’agir se fait ressentir alors que l’espace aérien devient de plus en plus encombré. En effet, l’an dernier, 700 millions de passagers ont emprunté les voies aériennes pour des destinations telles que Majorque, Madrid ou Munich, atteignant presque les niveaux d’avant-pandémie. À cela s’ajout