Au port des Sables d’Olonne, trois navigateurs suisses, Justine Mettraux, Alan Roura et Oliver Heer, se préparent pour le Vendée Globe, une course de voile en solitaire. Mettraux, première Suissesse à participer, a investi une décennie dans sa préparation. Roura, le plus jeune à 23 ans en 2016, et Heer, le premier Suisse alémanique, visent à apprendre et à partager leurs expériences. Ils s’inscrivent dans la lignée de pionniers comme Dominique Wavre et Bernard Stamm, qui ont popularisé la course en Suisse.
Dans le port pittoresque des Sables d’Olonne, en Bretagne, de nombreux drapeaux de sponsors flottent, ornés de portraits géants des navigateurs qui s’apprêtent à prendre le départ du Vendée Globe ce dimanche. On remarque particulièrement le sourire rayonnant de Justine Mettraux, la navigatrice suisse romande.
En revanche, les voiliers de ses compatriotes Alan Roura et Oliver Heer arborent seulement deux petits blasons suisses. Leurs bateaux sont amarrés au début d’un long quai, où vingt modèles Open-60 sont alignés de chaque côté. Les nombreux visiteurs, accédant au ponton flottant par un escalier abrupt, découvrent d’abord ces deux voiliers pilotés par des skippers d’un pays sans accès à la mer.
Une femme suisse et deux hommes suisses se lancent dans la course à voile la plus exigeante du monde : cela peut surprendre au premier abord. Pourtant, Mettraux, Roura et Heer poursuivent une tradition initiée par Dominique Wavre et Bernard Stamm il y a 25 ans.
Ces deux vétérans romands ont accumulé ensemble sept participations au Vendée Globe : tandis que Stamm a dû abandonner trois fois, Wavre a atteint trois fois le top dix et a également dû se retirer une fois. Stamm est maintenant présent aux Sables d’Olonne en tant que manager de l’équipe de préparation du célèbre marin français Jean Le Cam.
Au total, ce dimanche, quarante skippers prendront le départ en Bretagne pour un tour du monde en solitaire, sans escale et sous compétition. Le parcours les conduira à travers le Cap de Bonne Espérance, le Cap Leeuwin et le Cap Horn.
Wavre et Stamm : des précurseurs de la voile suisse
Les parcours des trois skippers suisses sont remarquablement différents. Alan Roura est arrivé au Vendée Globe comme un aventurier novice, devenant en 2016 le plus jeune skipper du peloton à seulement 23 ans. Justine Mettraux, quant à elle, a consacré près de dix ans à sa préparation pour relever le défi du Vendée Globe en tant que première Suissesse. Heer, pour sa part, se prépare pour un premier défi en étant le premier Suisse alémanique à participer à cette grande aventure.
Malgré des conditions financières difficiles, Heer a su se qualifier en tant que dernier participant. Son objectif est d’apprendre de cette dixième édition de la course avec un bateau sans foils.
Ce trio évoque les souvenirs de Wavre et Stamm, qui ont autrefois attiré l’attention grâce à leur détermination. Leur engagement a largement contribué à faire connaître le Vendée Globe en Suisse.
Wavre, aujourd’hui âgé de 69 ans, est considéré comme un véritable pionnier de la voile en haute mer pour son pays. Enseignant en dessin à la base, il est désormais le skipper suisse le plus aguerri avec plus de 400 000 milles nautiques parcourus et dix tours du monde. Après avoir participé à des courses en équipe dans les années 80 et 90, il a abordé le Vendée Globe de manière très analytique, avec pour objectif principal de terminer la course.
En décembre 2008, Wavre a dû abandonner la course aux Kerguelen après une avarie majeure, coïncidant avec l’atterrissage de Bernard Stamm sur le même archipel pour des raisons similaires. C’était un fait troublant dans l’histoire de cette régate emblématique.
Le rapport de Stamm avec le « Mont Everest des mers » est principalement marqué par ses déceptions. Avant de faire ses débuts au Vendée Globe, il a construit son yacht Open-60 à Lesconil, en Bretagne, avec l’aide de la communauté locale. Toutefois, cinq jours après le départ du Vendée Globe 2000, alors qu’il était en tête, il a dû abandonner à cause de la défaillance de ses pilotes automatiques. À 61 ans, Stamm, toujours actif dans le milieu, ne regrette rien et affirme que son ambition de gagner a pu jouer un rôle dans ses malheurs de 2000.
La quête d’une histoire unique à raconter
Au sein du trio suisse actuel, personne ne semble faire preuve d’imprudence. Les skippers privilégient une approche réfléchie et stratégique. Oliver Heer aspire à se classer parmi les leaders de ceux qui naviguent sans foils.
Justine Mettraux, fidèle à son style, refuse de faire des prédictions : « Je me concentre sur ma navigation. » Les experts estiment qu’elle pourrait figurer parmi les six premières. Alan Roura aborde sa troisième participation avec une sérénité déconcertante : « Il y a un vainqueur, et il y a les autres. Peu importe que l’on termine deuxième ou vingt-deuxième. »
Les trois skippers souhaitent avant tout raconter leur histoire, le secret du succès du Vendée Globe. Chaque marin ou navigatrice a vécu des expériences uniques durant la course, qu’ils partagent à leur manière.
Justine Mettraux se concentrera sur les aspects techniques et les conditions de navigation, tandis qu’Oliver Heer veut faire découvrir le Vendée Globe au public suisse alémanique. Alan Roura parlera de son expédition, de l’adrénaline de se confronter seul aux éléments de la mer et du vent.