Un maçon russe, la première femme à la tête de la Slovaquie et les pistaches californiennes au programme du festival de documentaires de Ji.hlava.

Un maçon russe, la première femme à la tête de la Slovaquie et les pistaches californiennes au programme du festival de documentaires de Ji.hlava.

Le Festival international du film documentaire de Ji.hlava, en République tchèque, célèbre sa 28e édition avec une programmation élargie sur dix jours. Le festival met en lumière des œuvres de documentaires tchèques et slovaques, tout en rendant hommage à des cinéastes sous-estimés. Le film d’ouverture, « Ms. President », aborde la réalité de la première présidente slovaque. Avec un focus sur des thématiques sociales et environnementales, Ji.hlava rassemble des cinéastes émergents, soulignant l’importance de la narration documentaire dans un contexte mondial particulier.

Le Festival international du film documentaire de Ji.hlava est en plein essor, mettant en lumière des œuvres approfondies en provenance de République tchèque et d’Europe de l’Est. La 28e édition, qui se tiendra pendant 10 jours dans la charmante ville de Jihlava, promet d’être dynamique, selon Marek Hovorka, le fondateur et directeur du festival. Le film d’ouverture, « Ms. President » de Marek Sulik, explore les défis rencontrés par Zuzana Caputova, la première femme à occuper le poste de présidente slovaque, ce qui en fait un choix d’ouverture particulièrement pertinent.

« Nous continuons à promouvoir les cultures et les films tchèques et slovaques. C’est une tâche immense qui permet de comprendre en profondeur le fonctionnement de nos sociétés », déclare Hovorka.

Selon Hovorka, un « changement d’humeur » est perceptible en Slovaquie, notamment avec un gouvernement de plus en plus pro-Poutine et un conflit en cours en Ukraine. Cette guerre continue d’éclipser une partie importante de la production documentaire de la région. Hovorka souligne que certains même des documentaires majeurs risquent d’être négligés alors que l’attention mondiale se concentre sur les événements de conflit.

Un exemple de documentaire révélateur est « Happiness to All » de Filip Remunda. Ce film, fruit de huit années d’observation d’un Russe vivant en Sibérie, illustre bien ce qu’on peut découvrir au-delà des gros titres. Remunda, qui a contribué à faire connaître les documentaires tchèques sur la scène internationale avec « Czech Dream », est célébré à Ji.hlava cette année. Son approche ironique, partagée avec Vit Klusak, a évolué de la satire sur la guerre à l’exploration de la culture pendant la pandémie. Hovorka mentionne que ce sens de l’irrévérence a attiré l’attention de figures comme Michael Moore.

Le festival Ji.hlava, fidèle à son code éthique, s’abstient de projeter des films russes financés par l’État. Toutefois, il cherche à explorer la vie et les perceptions des Russes. « C’est un film qui nous offre un point de vue souvent ignoré », affirme Hovorka.

Avec un impressionnant volume de 3 500 propositions de films, Ji.hlava a élargi sa durée pour faciliter l’accès aux événements. Environ 340 films seront présentés cette année, ce qui témoigne de l’intérêt croissant des cinéastes pour le documentaire. La mission du festival d’épauler les jeunes cinéastes est plus pertinente que jamais, le Forum New Visions débutant le 29 octobre, soulignant cet engagement.

Hovorka a également introduit des projets d’Asie de l’Est et du Sud-Est, considérant que les documentaristes de ces régions font face aux mêmes défis que leurs homologues américains et européens. « Nous partageons des préoccupations similaires, indépendamment de notre origine », ajoute-t-il.

Les journées de l’industrie mettront en lumière la créativité émergente, tandis qu’une conférence sur l’éthique de la production documentaire se tiendra cette année. Des discussions porteront sur des questions cruciales telles que l’engagement social et l’accès aux sujets de film.

Le programme de projections mettra également l’accent sur des thèmes mondiaux, avec un intérêt particulier pour les questions environnementales. Par exemple, le documentaire « Pistachio Wars » explore l’agriculture de noix en Californie pendant une période de sécheresse. La section New Visions se concentrera sur la découverte de nouveaux talents, tandis que Czech Joy présentera des œuvres nationalement reconnues.

Hovorka est curieux de voir comment le segment « We Have Our Film! » sera perçu par le public. Cette collection de documents d’archives témoigne de la création de l’État slovaque fasciste sous l’occupation nazie. « Nous avons été surpris de voir que la majorité de ces films n’ont pas une approche politique », note-t-il.

Le festival est également honoré de présenter les œuvres de Tsai Ming-Lang, connu pour ses techniques novatrices. Hovorka est ravi de projeter les films d’Anne-Marie Mieville, dont la carrière a été éclipsée par celle de son partenaire Jean-Luc Godard, soulignant le désir du festival de promouvoir un dialogue plus équilibré entre ces grandes figures du cinéma.