Un membre présumé de l’escadron de la mort gambien nie les accusations allemandes


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Celle (Allemagne) (AFP) – Un Gambien jugé en Allemagne accusé d’appartenir à un escadron de la mort qui a assassiné des opposants à l’ancien dictateur Yahya Jammeh, dont un journaliste de l’AFP, a nié jeudi les accusations.

« Je n’ai pas participé à ces actes », a déclaré l’avocat de l’accusé Bai Lowe au tribunal de Celle, dans le nord du pays, en lisant une déclaration de l’accusé.

Lowe, 47 ans, qui est accusé de crimes contre l’humanité, de meurtre et de tentative de meurtre, dont le meurtre en 2004 de la correspondante de l’AFP Deyda Hydara, a écouté attentivement la traduction anglaise de la déclaration lue en allemand.

Dans ce document, Lowe a déclaré qu’il avait simplement répété dans le passé ce que d’autres personnes lui avaient dit sur les faits de l’affaire.

Expliquant les déclarations précédentes dans des interviews aux médias qui semblaient l’incriminer, Lowe a déclaré au tribunal qu’il avait l’intention de démontrer à ses compatriotes gambiens à quel point le régime de Jammeh était cruel.

La Gambie AFP

Lowe, qui a été jugé en avril, est accusé d’avoir participé à deux meurtres et à une tentative de meurtre alors qu’il travaillait comme chauffeur pour le commando connu sous le nom de Junglers entre décembre 2003 et décembre 2006.

Human Rights Watch a qualifié la procédure de « première à poursuivre les violations des droits humains commises en Gambie pendant l’ère Jammeh sur la base de la compétence universelle ».

La compétence universelle permet à un pays étranger de poursuivre les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre et le génocide, quel que soit le lieu où ils ont été commis.

« Trahit le bon sens »

Hydara a été rédactrice en chef et co-fondatrice du quotidien indépendant The Point et correspondante de l’AFP pendant plus de 30 ans.

Le père de quatre enfants a également travaillé comme correspondant en Gambie pour le groupe de campagne Reporters sans frontières (RSF).

Il a été abattu dans sa voiture à la périphérie de Banjul le 16 décembre 2004.

Lowe est accusé d’avoir aidé à arrêter la voiture d’Hydara avant de conduire l’un des tueurs dans son propre véhicule.

Lowe, photographié le visage couvert à l'ouverture de son procès à Celle le 25 avril
Lowe, photographié le visage couvert à l’ouverture de son procès à Celle le 25 avril Ronny Hartmann POOL/AFP/Fichier

Dans une déclaration envoyée à l’AFP, le fils de Hydara, Baba, a déclaré qu’il avait rejeté le récit de Lowe devant les juges.

« En tant que victime et plaignant dans cette affaire, je me sens déçu, insulté et trompé par (cette) déclaration qui trahit le bon sens », a-t-il déclaré.

L’avocat d’Hydara, Patrick Kroker, a ajouté que « la déclaration de l’accusé semble inventée et incomplète. De plus, elle a déjà été contredite à plusieurs reprises par les preuves recueillies jusqu’à présent ».

« C’est un pas en arrière dans la recherche de la vérité pour les victimes de Yahya Jammeh », a déclaré Kroker à l’AFP.

« Nous supposons que le tribunal n’accordera aucun crédit à cette déclaration. »

L’avocate Ida Jagne, qui se trouvait dans la voiture d’Hydara lorsqu’il a été tué, a également rejeté le témoignage de Lowe.

« La déclaration n’est absolument pas crédible (…) parce que les récits qu’il a donnés lors des entretiens étaient très détaillés : qui a participé, ce qui s’est passé », a déclaré le propre avocat de Jagne, Peer Stolle, aux journalistes devant la salle d’audience.

Lowe est arrivé en Europe via le Sénégal en décembre 2012, disant qu’il demandait l’asile en tant que réfugié politique qui craignait pour sa vie sous Jammeh.

Il a été arrêté sur les accusations en Allemagne en mars 2021.

Jammeh a dirigé la Gambie d’une main de fer pendant 22 ans, mais a fui le pays en janvier 2017 après avoir perdu une élection présidentielle face à un inconnu, Adama Barrow.

Il a refusé de reconnaître les résultats mais a été chassé par un soulèvement populaire et s’est enfui en Guinée équatoriale.

Cinq anciens membres des services de renseignement n’ont été condamnés à mort par un tribunal gambien qu’en juillet de cette année pour le meurtre d’un militant politique sous le règne de Jammeh.



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