Un regard froid et dur sur Édimbourg, 1986 | La vie et le style

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‘JE est né à Édimbourg dans le salon du directeur de l’Alliance française. Ainsi commence le portrait de sa ville natale par le légendaire correspondant étranger Neal Ascherson (les tons de Louis MacNeice Carrickfergus), 20 juillet 1986.

C’est poétique, certes, mais pas de feuilleton, capturant de manière médico-légale la géographie physique, sociale et psychologique d’un lieu, pré-dévolution, avec une histoire lourde mais, selon Ascherson, aucun sens actuel du destin. Il cite Hazlitt : « Tes murs gris et froids reflètent la mélancolie plombée de l’âme », et Hugh MacDiarmid : « Il n’y a encore personne de vivant à Édimbourg. Robert Louis Stevenson a écrit que pour les personnes qui détestent le temps sombre « il est difficile de trouver un endroit plus inhospitalier et plus harcelant ».

L’Édimbourg d’Ascherson est une ville sous l’emprise de multiples élites – église, loi, universités et un secteur bancaire nouvellement dynamique – sans but commun, créant « un humus pour l’hypocrisie ». Il met en lumière le scandale financier à l’université et pointe du doigt l’ombre du conseiller-cambrioleur Deacon Brodie ou du pieux presbytérien Major Weir du XVIIe siècle, exécuté pour bestialité et inceste. Dans sa forme la plus bénigne, l’hypocrisie est comique, comme le verdict de Glasgow sur les femmes d’Édimbourg : « Manteau de fourrure, pas de culotte ».

Il se moque également de la prolifération de la « tartanerie criarde » : « les gonks gaéliques… des cartes de blagues sur le fait de tirer sur des haggis, de soulever des kilts et de chatouiller des sporrans ». Ce « recul culturel » patrimonial cohabite maladroitement avec les aspects d’une « vie plébéienne vigoureuse ». La propension historique de la ville à l’émeute, pour du pain ou des raisons religieuses, a été sublimée par la rivalité dans le football, la drogue et une culture de pub «riche et habituelle» soutenue par un «chauvinisme masculin non réformé».

Ascherson est peut-être lucide et évaluateur, mais il n’est pas sans affection. Pour la chippie italienne et le flotteur de lait tiré par des chevaux à partir duquel un «petit garçon maigre» (Sean Connery) faisait monter et descendre le lait dans les escaliers de l’immeuble. Pour les hommes et les femmes « jeunes, intelligents et flexibles » du nouveau conseil municipal. Pour l’indomptable Édimbourg elle-même. Selon les mots de Norman MacCaig : « Vous ignorez le temps, vous opposez votre visage à tout ce qui n’est pas vous.

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