Lorsqu’on évoque les troubles alimentaires, l’image d’adolescents minces souffrant d’anorexie ou de boulimie prédomine, mais cela ne reflète pas toute la réalité. Le trouble de l’hyperphagie boulimique (BED), souvent méconnu, est en fait le plus répandu, touchant de nombreuses personnes, y compris des hommes. Ce trouble se manifeste par des épisodes de suralimentation sans comportements compensatoires, entraînant des conséquences graves sur la santé physique et mentale. Reconnaître les signes de BED est essentiel pour obtenir un traitement approprié.
Lorsque vous pensez à une personne souffrant d’un trouble alimentaire, quelles images vous viennent à l’esprit ?
Peut-être une adolescente fine ? Ou quelqu’un qui vomit après avoir mangé ?
C’est souvent l’image que l’on voit dans les médias, et bien qu’elle ne soit pas complètement erronée, elle ne représente pas la réalité entière.
L’anorexie, où les individus s’efforcent de maintenir un poids extrêmement bas, touche principalement les jeunes femmes et débute généralement durant l’adolescence.
La boulimie, quant à elle, implique souvent de se débarrasser des excès alimentaires par le vomissement.
Cependant, ces comportements ne représentent qu’une partie du tableau des troubles alimentaires.
En réalité, le trouble de l’hyperphagie boulimique (BED) est le plus répandu, mais il est rarement discuté et ne présente généralement pas les caractéristiques mentionnées précédemment.
Le BED se manifeste par une consommation excessive de nourriture en un court laps de temps, avec un sentiment de perte de contrôle chez les personnes concernées.
Contrairement à la boulimie, ces épisodes de frénésie alimentaire ne sont pas suivis de comportements compensatoires, comme le vomissement ou l’exercice excessif.
Ce trouble est également souvent associé à des problèmes de poids, comme l’obésité.
Au Royaume-Uni, une personne sur 50 souffre de BED, d’après Action Mental Health.
Cela représente trois fois plus de cas que ceux d’anorexie et de boulimie combinés.
Et il est important de noter que les hommes ne sont pas épargnés, environ 40 % des personnes atteintes de BED étant des hommes.
À court terme, ce trouble peut engendrer des sentiments de détresse et de dégoût de soi.
Selon l’association Beat, les conséquences à long terme du BED peuvent être graves, incluant l’obésité, l’hypertension, le cholestérol élevé, les maladies cardiaques, le diabète de type 2, des problèmes de fertilité, l’arthrite et des complications liées à la vésicule biliaire.
La situation peut devenir si critique que près d’un tiers des personnes affectées ont envisagé le suicide.
Il est donc crucial de détecter les symptômes précocement et de chercher un traitement rapidement.
Différences entre le trouble de l’hyperphagie boulimique et la suralimentation
Il est normal de se laisser aller lors des fêtes de fin d’année, mais cela diffère largement du BED.
Umairah Malik, responsable clinique chez Beat, explique : « Choisir de prendre un repas copieux ou de grignoter un peu plus que d’habitude est tout à fait acceptable. »
« Tant que cela reste occasionnel, il n’y a pas de raison de s’inquiéter. »
Cependant, ceux qui souffrent de BED consomment régulièrement de grandes quantités de nourriture sur de courtes périodes, sans avoir l’impression de contrôler leurs actions.
Contrairement aux personnes atteintes de boulimie, elles ne se livrent généralement pas à des comportements compensatoires.
La boulimie se caractérise par des épisodes de frénésie alimentaire suivis de purges, qu’il s’agisse de vomissements, d’exercice excessif ou d’abus de laxatifs.
« Bien que cela puisse sembler être une question de nourriture, comme pour d’autres troubles alimentaires, le BED est souvent lié à des facteurs émotionnels sous-jacents qui incitent à rechercher du réconfort à travers la nourriture, » ajoute Umairah.
Le Dr Joanna Silver, psychologue dans une clinique spécialisée, souligne que les individus atteints de BED peuvent se retrouver piégés dans un cycle incessant de frénésie et de restriction, motivé par une lutte constante pour maîtriser leurs comportements liés à la nourriture, au poids et à leur image corporelle.
Signes indiquant que vous pourriez souffrir de BED
Bien que le BED puisse se manifester par des symptômes physiques comme une prise de poids, des ballonnements, des problèmes digestifs, de la fatigue et un mauvais teint, il existe également de nombreux symptômes psychologiques qui peuvent survenir en amont…
1. Manger rapidement
Que ce soit chez vous ou chez des amis, les premiers indicateurs d’un problème ne se manifestent pas toujours par un changement d’apparence, mais plutôt par des changements de comportement.
« Cela peut inclure manger à une vitesse fulgurante et se sentir excessivement rassasié, en mangeant même sans faim, » explique Umairah.
Il se peut que vous ayez du mal à vous rappeler ce que vous avez consommé pendant une frénésie.
Le Dr Silver ajoute : « Beaucoup parlent d’entrer dans un état de transe lors des frénésies, ou d’être obsédés par la planification de ces épisodes tout en tentant de mener leur vie quotidienne. »
2. Perte de contrôle
Se sentir impuissant ou incapable d’arrêter de manger pendant une frénésie est un autre signe révélateur de BED.
« Cela devient problématique lorsque vous ressentez une perte de contrôle pendant ces épisodes, et que vous constatez que cela affecte votre vie, » précise Umairah.
3. Pensées constantes sur la nourriture
Vous arrive-t-il de planifier vos frénésies ? Passez-vous une grande partie de votre temps à penser à la nourriture ? Cherchez-vous à être seul chez vous pour vous adonner à vos frénésies ?
Organiser votre vie autour de ces épisodes est un signal d’alarme, selon Umairah.
Vous pourriez aller jusqu’à prendre des mesures extrêmes pour accéder à la nourriture, voire consommer des aliments périmés. Une étude de 2020 a révélé que 54 % des personnes atteintes de BED admettent avoir mangé en cachette, « dissimulant l’acte ou les preuves. »