Yoon Suk Yeol, président sud-coréen, a tenté de renforcer son pouvoir par une manœuvre désespérée qui a échoué, laissant son avenir politique incertain. Ancien procureur, il avait gagné en popularité en enquêtant sur la présidente Park Geun Hye, avant de devenir président en 2022. Cependant, ses scandales personnels et sa gouvernance rigide ont entraîné une chute de son soutien, culminant avec une tentative de loi martiale controversée. Face à la résistance, il recule, laissant planer le spectre d’une destitution.
Le président de la Corée du Sud, Yoon Suk Yeol, a suscité des réactions inattendues en tentant de consolider son pouvoir par une manœuvre désespérée qui a rapidement échoué. Aujourd’hui, son avenir politique semble incertain.
« Je ne peux pas imaginer que Yoon survive politiquement », déclare Frederic Spohr, représentant de la fondation Friedrich Naumann à Séoul.
Du procureur au président
Le parcours de Yoon vers le sommet du pouvoir est des plus remarquables. Son histoire débute en 2016, lorsqu’il n’est encore qu’un procureur, et non un homme politique de longue date. Sa notoriété grandit lorsqu’il mène une enquête contre la présidente Park Geun Hye.
Park, figure conservatrice et fille du dictateur Park Chung Hee, a été accusée de corruption et d’abus de pouvoir, entraînant des manifestations massives de la population. Yoon, en collectant les preuves contre elle, devient une figure emblématique.
Après sa destitution en fin 2016 et sa condamnation ultérieure, la gauche accède au pouvoir aux élections de 2017. Yoon, reconnu pour son intégrité, est nommé procureur général par le président Moon Jae In en 2019, et il aspire désormais à entrer en politique.
En 2022, Yoon rejoint le Parti du pouvoir populaire conservateur et est rapidement désigné candidat à la présidence, remportant l’élection avec une promesse de rétablir l’intégrité et de combattre la corruption. Sa popularité croît rapidement, notamment auprès des jeunes, qui le surnomment « le Donald Trump coréen ».
La chute de l’espoir
Cependant, son mandat présidentiel est loin d’être un succès. Yoon adopte une gouvernance rigide, prenant des risques avec des initiatives telles que le rapprochement avec le Japon, tout en étant impliqué dans des scandales entourant sa femme, Kim Keon Hee.
Kim, passionnée de luxe, se retrouve au centre d’une controverse après qu’une vidéo la montrant avec un sac Dior de 2200 dollars ait fait surface. Ces révélations provoquent la colère des Sud-Coréens, qui voient leurs espoirs d’une présidence intègre s’évanouir. Les manifestations se multiplient, et le soutien envers Yoon s’effondre.
Avec l’opposition qui prend le contrôle du parlement, des avertissements émergent quant aux tendances autoritaires de Yoon, avec des rumeurs d’une possible déclaration de loi martiale. Toutefois, beaucoup jugent ces avertissements excessifs et peu crédibles.
Un acte désespéré révélateur
En novembre 2024, deux ans après son élection, le taux d’approbation de Yoon chute à seulement 17 %, un niveau aussi bas que celui de Park lorsqu’il l’a poursuivie. Des enquêtes commencent à entourer sa femme et d’autres alliés, intensifiant les tensions entre partis.
Face à cette impasse, Yoon choisit de décréter la loi martiale, avançant des justifications douteuses, notamment des allégations d’infiltration par des forces nord-coréennes. Ce coup de théâtre est à la fois inattendu et révélateur.
Il semble que cette idée de coup d’État n’ait pas seulement germé dans l’esprit de Yoon, mais ait également été encouragée par un groupe d’anciens camarades de lycée, dont le ministre de la Défense, Kim Yong Hyun, qui aurait influencé cette décision risquée.
Ce cercle restreint a mal évalué le soutien qu’ils avaient au sein de l’armée et sous-estimé la réaction de la population et des parlementaires. Finalement, Yoon recule après quelques heures, alors que Kim propose sa démission. Yoon, toujours en poste, doit faire face à un avenir incertain, avec une destitution imminente en discussion au parlement.