Entre Berlin et Jérusalem : la vie dans deux mondes

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Le Dôme du Rocher sur le Mont du Temple dans la vieille ville de Jérusalem

Tom Segev ne s’est jamais vraiment senti chez lui à Jérusalem. Pourtant, dit-il, « Ce que j’aime ici surpasse ce que je trouve odieux. »

(Photo : IMAGO/Christian Offenberg)

Tel Aviv Ses parents ont fui l’Allemagne en 1935 vers ce qui était alors la Palestine. Mais ils ne se sont jamais vraiment sentis chez eux à Jérusalem, où Tom Segev est né en 1945. Au contraire, même dix ans après leur évasion, « chaque jour supplémentaire en Palestine leur semblait sans signification », écrit l’auteur dans son autobiographie récemment publiée, et ils prévoyaient de rentrer chez eux en Allemagne.

Sa mère, une chrétienne qui avait épousé un juif mort pendant la guerre d’indépendance, lisait des livres allemands pour enfants à son fils et elle insistait pour qu’il parle le haut allemand pur. A cette époque, il s’appelait encore Tito Schwerin. Ce n’est que plus tard qu’il adopta le nom hébreu Tom Segev.

Dans « Jerusalem Ecke Berlin », l’historien et publiciste israélien emmène le lecteur dans un voyage passionnant à travers son histoire – et avec elle l’histoire de son pays. D’une part, il le fait en tant qu’initié, puisqu’il est l’un des meilleurs experts de l’histoire d’Israël.

Ses nombreux livres à ce sujet l’ont fait connaître dans le monde entier. D’autre part, Segev se sent aussi un outsider, ce qui aiguise son regard sur les contradictions et les contrastes de la société israélienne, qu’il approfondit de manière critique et parfois humoristique.

Le titre du livre, Jerusalem corner Berlin, reflète la double identité de Segev. Les Allemands et l’Holocauste, ainsi que le sionisme et la guerre avec les Arabes, ont largement façonné sa vie, écrit-il. Segev découvre des mythes privés et nationaux dans la biographie.

Tom Segev : Jérusalem corner Berlin
Maison d’édition des colons
Munich 2022
416 pages
32 euros
Traduction : Ruth Achlama

Son père Heinz, par exemple, n’est pas du tout mort pendant la guerre d’indépendance israélienne, comme décrit au début. Et il ne s’était pas non plus échappé d’un camp de concentration en Allemagne. Histoires avec lesquelles Segev a grandi. Cependant, les deux ont tort, a découvert Segev. Sa mère a dû penser, spécule-t-il, qu’il lui serait plus facile de vivre avec un père héros qu’avec le fait que son père soit mort dans un accident.

Segev est devenu célèbre en Allemagne avec son livre The Seventh Million. L’Holocauste et la politique du souvenir d’Israël » au milieu des années 1990. Il y décrit comment le ministère de l’Éducation a organisé des voyages en Pologne pour les écoliers dans les camps de concentration afin de les amener à une « catharsis nationale-religieuse ».

Cela a également servi à leur donner une chance de motivation avant le service militaire obligatoire et à leur faire jurer de toujours défendre l’État d’Israël et ses forces armées « puisque les âmes des morts l’ont commandé ». A partir de cet exemple, Segev met en évidence l’attitude des Israéliens envers l’Holocauste et envers eux-mêmes, dans toutes leurs contradictions.

« Le rêve du ‘nouveau Juif’ que le sionisme voulait créer en Terre d’Israël s’est évanoui avec le temps : les Israéliens se découvrent en tant que Juifs », écrit Segev, qui est un excellent narrateur.

Les gens qu’il rencontre sont une histoire pour lui. Pour lui, l’histoire culmine dans les rencontres – par exemple avec David Ben Gourion, premier Premier ministre d’Israël, avec Yasser Arafat, le légendaire dirigeant palestinien, avec Fidel Castro, le commandant, ou avec Bruno Kreisky, l’ancien chancelier d’Autriche.

Plus de littérature :

Un jeune immigrant éthiopien occupe une place particulière dans la vie de Segev (et dans le livre). Il est né dans une hutte de paille dans les montagnes d’Ethiopie et est venu en Israël avec la soi-disant « Opération Moïse ».

Prenant l’exemple de ce réfugié, que Segev adoptera plus tard, il décrit un cliché israélien et sioniste qui est pourtant une réalité. Car 30 ans après sa naissance, l’Éthiopien d’origine était impliqué dans un projet qui tire une fusée vers la lune. « C’est en fait assez incroyable, mais c’est possible en Israël », écrit Segev.

Même s’il trouve parfois l’Etat d’Israël « odieux » – fanatisme ou terreur – le bilan est finalement positif pour lui, il écrit avec indulgence : « Ce que j’aime ici dépasse ce que je trouve dégoûtant ».

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