« C’est important de rester positif »

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Statut : 07.02.2023 07h05

La Libye est déchirée en deux, des milices se battent pour le pouvoir sans pouvoir gagner ce combat. Les habitants du pays aspirent d’autant plus à la paix et tentent de préserver un reste de normalité.

Par Ramin Sina, ARD Studio du Caire

Amal Delawi tourbillonne dans sa cuisine. Petit à petit, elle remplit les dattes de Nutella, les trempe dans une marmite pleine de chocolat liquide puis les décore de chantilly et saupoudre : la spécialité de l’auto-entrepreneur est prête.

Avec la vente de ces dattes en chocolat, la femme de 49 ans s’est fait un nom dans sa ville libyenne de Tripoli et s’est imposée avec succès dans un monde des affaires encore dominé par les hommes.

« Beaucoup d’hommes ont du mal à faire affaire avec une femme. Dès que je me présente comme une personnalité forte et que j’essaie d’obtenir le meilleur prix et la meilleure qualité, c’est un choc pour les hommes. »

Amal Delawi commercialise ses dattes en chocolat depuis chez elle via les réseaux sociaux. Sa fille l’y aide.

Image : SWR

Soudain, des coups de feu peuvent être tirés

Elle commercialise ses rendez-vous depuis chez elle via les réseaux sociaux. Il y a quelques années, elle avait sa propre petite confiserie dans la vieille ville, mais a dû la fermer à cause de la guerre.

Un jour, la capitale libyenne est calme, ensoleillée et propice à la marche.« Le lendemain, des coups de feu sont tirés, des milices se battent pour une bêtise avec laquelle nous n’avons rien à voir », raconte Delawi.

Les conflits armés ont suivi Kadhafi

À la mi-janvier, elle se tenait debout dans son lit au milieu de la nuit. Des coups de feu pouvaient être entendus depuis sa chambre et des milices hostiles se battaient à l’aéroport de Tripoli. L’insécurité fait depuis longtemps partie du quotidien de la population libyenne. Le pays est politiquement instable depuis 2011.

Après la chute du dirigeant de longue date Kadhafi, Delawi, comme tant d’autres des presque sept millions de Libyens, espérait plus de liberté et plus de sécurité. Mais ce qui a suivi a été une décennie pleine de conflits armés à l’intérieur du pays.

Le pays est divisé en Est et Ouest

La Libye est divisée en Ouest et Est. A l’ouest, autour de Tripoli, le Premier ministre Hamid Dbaibah règne. L’Est a aussi un Premier ministre : Fathi Baschagha, derrière lequel se tient le puissant général Khalifa Haftar. Dbaibah et Baschagha ne se reconnaissent pas, tous deux ont des alliés influents à l’étranger.

Dbaibah est le point de contact pour la plupart des pays de l’Union européenne, y compris sur les questions de migration et de politique énergétique. Fin janvier, le Premier ministre italien d’extrême droite Giorgia Meloni s’est rendu à Tripoli, a signé des accords pour développer deux gisements de gaz et a promis cinq nouveaux hors-bords aux garde-côtes libyens pour intercepter les migrants qui traversent vers l’Europe. La Turquie et le Qatar sont également considérés comme des alliés proches de Dbaibah.

Vide du pouvoir en Libye : Crise après l’annulation des élections législatives prévues

Ramin Sina, ARD Le Caire, actuellement Tripoli, sujets quotidiens 22h45, 19 janvier 2023

Les pays arabes soutiennent le gouvernement à l’Est

Cependant, la plupart des pays du monde arabe refusent de le soutenir car, entre autres, il ne prend pas clairement ses distances avec les Frères musulmans. Lorsque la Ligue arabe a invité les ministres des Affaires étrangères à une réunion à Tripoli fin janvier, seuls cinq sur 22 se sont présentés.

Parmi les boycotteurs : les puissances régionales Égypte, Arabie saoudite et Émirats arabes unis, tous opposants aux Frères musulmans. Son message : Nous ne prenons pas l’avion pour Tripoli, notre soutien va au gouvernement de l’est de la Libye.

Les milices assurent l’équilibre du pouvoir

Des milices et des mercenaires étrangers assurent l’équilibre des pouvoirs à l’Est et à l’Ouest. Selon les Nations Unies, un total d’environ 25 000 mercenaires étrangers sont déployés sur le sol libyen. Certains se battent pour l’Occident, financés pour la plupart par la Turquie.

Les autres se battent pour l’Est, beaucoup tirent leur argent des Emirats Arabes Unis et de la Russie. Comme l’État libyen n’offre guère de perspectives aux jeunes Libyens, de nombreux jeunes rejoignent les milices.

« Dans ma génération, on ose à peine avoir de grands rêves, monter une entreprise ou quoi que ce soit du genre », raconte par exemple Ali Obeid, 24 ans. « C’est difficile d’étudier pendant des années et puis on se retrouve sans travail. On ne peut pas planifier son avenir comme ça. »

La fille d’Amal Delawi n’a pas trouvé d’emploi non plus, bien qu’elle ait réussi ses études. Maintenant, elle aide occasionnellement sa mère à prendre des photos sur les réseaux sociaux, tient la caméra et publie les dates du chocolat sur TikTok. Mère et fille n’ont qu’un souhait : elles veulent choisir.

Amal Delawi veut être un modèle pour sa fille et montrer que le succès est possible même en temps de crise.

Image : SWR

espoir pour les élections

Des élections présidentielles nationales ont été annoncées pour 2021 et près de trois millions de Libyens se sont inscrits pour voter. Mais le Premier ministre Dbaibah a reporté l’élection indéfiniment, en partie parce que les camps politiques rivaux n’ont jamais pu s’entendre sur les candidats qui devaient se présenter.

Amal Delawi espère que les élections pourront avoir lieu plus tard cette année : « Notre objectif est clair : nous voulons une Libye unie. Et le peuple doit voter. C’est une question de droits.

Les dattes au chocolat comme idée commerciale.

Image : SWR

Ça sonne à sa porte d’entrée. Un coursier à moto se tient devant la maison, Delawi lui tend dix paquets pleins de dattes en chocolat. Il s’envole vers la cliente, elle sourit. Il est important de rester positif, dit-elle. Elle veut être un modèle pour sa fille et montrer que le succès est possible même en temps de crise.

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