La Commission européenne lance un paquet de connectivité avec une consultation sur la « part équitable »


La Commission européenne a présenté jeudi 23 février un paquet sur la connectivité, comprenant des mesures pour stimuler le déploiement de réseaux à haute capacité en Europe et une consultation publique qui pourrait ouvrir la voie aux entreprises Big Tech pour réduire les coûts d’infrastructure.

Le commissaire au marché intérieur, Thierry Breton, a présenté le lot d’initiatives tant attendu, dont la partie la plus controversée est un questionnaire destiné à informer l’initiative dite de « partage équitable » qui pourrait amener les plus grands générateurs de trafic à contribuer à l’infrastructure informatique.

« L’Internet haut débit nécessite des investissements importants. C’est pourquoi, en plus de faciliter le déploiement du réseau à court terme, nous explorons la question importante de savoir qui devrait payer pour la prochaine génération d’infrastructures de connectivité », a déclaré Breton.

Le paquet comprend également le Gigabit Infrastructure Act, un projet de règlement destiné à accélérer le déploiement de la fibre et de la 5G au niveau national, et la Gigabit Recommendation, un document non contraignant qui pourrait donner des indications influentes aux régulateurs nationaux des télécommunications.

Cotisation équitable

Breton, ancien PDG de France Télécom, a été le principal moteur politique derrière la «part équitable». Basée sur le principe de l’expéditeur-payeur, l’initiative résulte d’un grief de longue date des opérateurs de télécommunications selon lesquels ils doivent supporter le coût des investissements dans les infrastructures tandis que les entreprises Big Tech récoltent la plupart des bénéfices.

L’initiative a été évoquée pour la première fois en mai dernier, suscitant de vives réactions. Les législateurs et les gouvernements de l’UE ont pris parti pour et contre, le corps des régulateurs européens a émis un avis relativement négatif et des groupes de la société civile ont mis en garde contre la violation de la neutralité du net.

La consultation n’est pas fondamentalement différente d’une version divulguée par EURACTIV il y a trois semaines. Il durera 12 semaines et vise à éclairer une vision à long terme pour l’avenir du secteur des télécommunications.

Une partie politiquement sensible du questionnaire est de savoir où fixer le seuil qui qualifierait une entreprise technologique de « grand générateur de trafic », une catégorie susceptible d’inclure Netflix et Google.

L’autre grande question est le type de solution.

Le questionnaire propose deux options : un fonds numérique qui pourrait être établi au niveau de l’UE ou au niveau national, et une contribution directe aux opérateurs de télécommunications qui pourrait s’accompagner de certaines conditions, telles que des investissements verts.

Loi sur l’infrastructure gigabit

Sur le plan réglementaire, l’exécutif européen a présenté le Gigabit Infrastructure Act, une proposition visant à réviser la direction de la réduction des coûts du haut débit et à accélérer le déploiement des réseaux 5G et fibre.

La Commission considère que la directive précédente n’a pas répondu aux attentes car elle laissait trop de latitude aux pays de l’UE, dont certains ne l’ont jamais pleinement appliquée. Cette erreur ne doit pas être répétée avec un règlement, outil législatif directement applicable aux juridictions nationales.

Cependant, la directive sur le haut débit avait également été initialement proposée sous forme de règlement, mais les gouvernements européens l’ont transformée en directive.

Interrogé par EURACTIV sur les raisons pour lesquelles les choses devraient être différentes cette fois-ci, un responsable de l’UE a déclaré que les conditions avaient changé depuis que l’UE avait fixé des objectifs de connectivité ambitieux, et que certains États membres étaient déjà allés au-delà de ce qui était initialement requis dans la directive.

La structure globale de la proposition n’a pas changé par rapport à la version divulguée de la proposition rapportée par EURACTIV le mois dernier. L’idée centrale est de réduire la charge administrative liée au déploiement du réseau, notamment en rationalisant les procédures d’autorisation et en limitant les frais administratifs.

La procédure d’obtention des autorisations est également numérisée via un point d’information unique au niveau national, qui comprendra également des informations sur les infrastructures et les travaux de génie civil prévus auxquels les opérateurs télécoms pourraient accéder dans des conditions spécifiques.

Les fournisseurs de réseaux pourraient également accéder aux infrastructures publiques comme les toits des bâtiments publics, une mesure destinée à favoriser le déploiement de la 5G. Les bâtiments neufs et rénovés devront être pré-équipés en fibre.

Recommandation Gigabit

Le troisième élément du paquet est une recommandation destinée à fournir les incitations appropriées aux fournisseurs de télécommunications qui déploient la fibre et de nouveaux conduits.

Bien que non contraignante, la recommandation pourrait s’avérer très influente car elle peut façonner les décisions des régulateurs nationaux des télécommunications, en particulier concernant l’application du code européen des communications électroniques, le cadre réglementaire de l’UE pour le secteur des télécommunications.

L’interprétation du code par la Commission pourrait être particulièrement influente dans la mesure où les régulateurs nationaux doivent notifier à l’exécutif européen certaines décisions, comme la flexibilité des prix ou la pratique de renégocier les prix entre deux opérateurs de télécommunications lorsque les conditions du marché changent.

La recommandation élargit la possibilité pour les régulateurs nationaux d’envisager la flexibilité des prix. Pour les opérateurs alternatifs, avec cette mesure, la recommandation profite aux opérateurs historiques, les anciens monopoles nationaux qui possèdent la majeure partie de l’infrastructure.

Luc Hindryckx, directeur exécutif de l’Association européenne des télécommunications compétitives, a critiqué la recommandation, affirmant que « si elle est approuvée, elle tuera les 25 ans de libéralisation réussie, le modèle européen basé sur l’inclusion et alimentera l’inflation dans le moment le plus difficile que l’économie européenne expérimente ».

Une autre mesure contestée est que les régulateurs des télécommunications pourraient permettre aux opérateurs d’augmenter les coûts d’accès une fois qu’ils annoncent le passage des réseaux de cuivre à la fibre.

[Edited by Zoran Radosavljevic]





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