La longue crise de Toshiba: Échec et Mensonge depuis 2015
Le conglomérat japonais Toshiba a connu une série de revers depuis 2015, lorsque des fautes comptables dans plusieurs de ses divisions ont été rendues publiques impliquant les membres les plus élevés de sa direction. Bien que des années se soient écoulées depuis ce premier scandale, la société a vu les problèmes s’accumuler, avec des litiges engendrant des coûts considérables et des difficultés à vendre des actifs pour alléger la dette.
Ce n’est que récemment, en mars 2023, que Toshiba a finalement accepté une offre de rachat de la part d’un groupe dirigé par la société de capital-investissement Japan Industrial Partners (JIP), mettant ainsi fin à des mois de spéculation sur la possibilité pour les investisseurs de la privatiser.
Voici une chronologie complète des malheurs de Toshiba depuis 2015:
2015 – Toshiba divulgue des fautes comptables dans plusieurs divisions, impliquant la haute direction. Il avait surestimé le bénéfice avant impôts de 230 milliards de yens (1,8 milliard de dollars) sur sept ans.
Décembre 2016 – Toshiba annonce qu’il prendra en charge plusieurs milliards de dollars liés à une société de construction de centrales nucléaires que l’unité américaine Westinghouse Electric avait acquise un an plus tôt.
Mars 2017 – Westinghouse dépose le bilan en vertu du chapitre 11. Confronté à plus de 6 milliards de dollars de dettes liées à Westinghouse, Toshiba décide de mettre en vente la précieuse puce Toshiba Memory.
Septembre 2017 – Toshiba accepte de vendre l’activité puces à un consortium dirigé par Bain Capital pour 18 milliards de dollars, tout en conservant une participation importante. La société cherche désespérément à conclure l’accord d’ici la fin de l’exercice en mars pour aider à redresser ses finances et éviter une éventuelle radiation. Cela est compromis par un différend prolongé sur la vente avec Numérique occidentalCorp, son partenaire dans une coentreprise de puces. Les examens antitrust devraient prendre des mois.
Décembre 2017 – Toshiba obtient une injection de liquidités de 5,4 milliards de dollars de la part de plus de 30 investisseurs étrangers, l’aidant à éviter une radiation mais attirant des actionnaires activistes de premier plan, notamment Elliott Management, Third Point et Farallon. Le différend avec Western Digital est réglé.
Janvier 2020 – Toshiba découvre de nouvelles irrégularités comptables dans une filiale en propriété exclusive.
Juillet 2020 – Cinq candidats administrateurs nommés par des actionnaires activistes sont rejetés lors de l’assemblée générale annuelle.
Septembre 2020 – Toshiba divulgue plus de 1 000 formulaires de vote par correspondance pour son AGA qui n’ont pas été comptés. La banque qui a compté les votes, Sumitomo Mitsui Trust Bank, révèle plus tard un échec généralisé à compter tous les votes valides lors des assemblées générales des entreprises clientes au cours des deux dernières décennies.
Mars 2021 – Les actionnaires approuvent une enquête indépendante sur les allégations selon lesquelles les investisseurs auraient subi des pressions avant l’AGA de l’année précédente.
Avril 2021 – CVC Capital Partners fait une offre non sollicitée de 21 milliards de dollars pour privatiser Toshiba. Une semaine plus tard, le PDG de Toshiba démissionne au milieu de la controverse sur l’offre de CVC, perçue par certains membres de la direction de l’entreprise comme conçue pour les protéger des actionnaires activistes. Le rejet ultérieur de l’offre de CVC par Toshiba irrite certains actionnaires activistes.
10 juin 2021 – Une enquête commandée par des actionnaires conclut que Toshiba a collaboré avec le ministère japonais du Commerce – qui considère Toshiba comme un atout stratégique – pour empêcher les investisseurs étrangers de gagner en influence lors de l’assemblée des actionnaires de 2020.
25 juin 2021 – Les actionnaires évincent le président du conseil d’administration, Osamu Nagayama, après que des critiques ont accusé le conseil d’administration de ne pas avoir répondu aux allégations de pression sur les investisseurs. Toshiba s’engage à entreprendre un examen complet des actifs et à dialoguer avec des investisseurs potentiels.
Novembre 2021 – Toshiba annonce qu’il se divisera en trois sociétés, une pour l’énergie, une pour les infrastructures et la troisième pour gérer sa participation dans Kioxia.
Février 2022 – Toshiba annonce un nouveau plan de scission en deux, ne scindant que son unité d’appareils.
1er mars 2022 – Le PDG Satoshi Tsunakawa démissionne. Taro Shimada, un ancien dirigeant de Siemens AG qui a rejoint en 2018, est nommé PDG par intérim pour poursuivre le plan de scission.
24 mars 2022 – Les actionnaires votent contre le projet de spin-off. Une motion distincte soutenue par des actionnaires activistes qui appelaient le conglomérat à solliciter des offres de rachat échoue également.
Avril 2022 – Toshiba met en place un comité spécial pour reprendre une revue stratégique qui pourrait la voir privée.
13 mai 2022 – Dix investisseurs potentiels manifestent leur intérêt. Sous la pression des actionnaires, Toshiba annonce un dividende exceptionnel de quelque 545 millions de dollars.
Juin 2022 – Toshiba reçoit huit propositions de rachat. Les administrateurs échangent publiquement des critiques sur la gouvernance et la nomination de dirigeants de fonds spéculatifs à son conseil d’administration. Les actionnaires approuvent plus tard deux administrateurs militants, un virage historique.
Juillet 2022 – Toshiba sélectionne quatre soumissionnaires, dont les sociétés de capital-investissement Bain Capital, CVC Capital Partners et un consortium impliquant JIP et Japan Investment Corp (JIC), soutenu par l’État, pour procéder à un deuxième tour d’appel d’offres. JIC et JIP sont en désaccord sur la proposition et décident de ne pas poursuivre une offre ensemble.
Octobre 2022 – Le consortium dirigé par JIP, impliquant un certain nombre d’entreprises japonaises telles que Orix Corp et Chubu Electric Power Co, se voit accorder un statut privilégié.
Février 2023 – Après des mois de spéculation, Toshiba confirme avoir reçu une proposition d’un groupe entièrement japonais dirigé par JIP, qui, selon des sources, a obtenu 10,6 milliards de dollars d’engagements de prêt.
23 mars 2023 – Le conseil d’administration de Toshiba accepte l’offre publique d’achat de 2 000 milliards de yens de JIP à 4 620 yens par action, contre son dernier cours de clôture de 4 213 yens.
En fin de compte, la longue crise de Toshiba montre que les fautes comptables et les pratiques commerciales douteuses ont des conséquences importantes qui peuvent prendre des années à se résoudre. Bien que la société semble enfin avoir trouvé un acquéreur, cela ne résout pas les années d’instabilité et de turbulences qui ont affecté sa gouvernance et sa position financière. Pour les investisseurs et les actionnaires, la question reste de savoir si le rachat sera une solution viable et offrira une direction plus stable à la société à long terme.
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