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Lima (AFP) – L’Organisation des États américains tiendra jeudi une réunion spéciale sur la crise politique au Pérou, où le président Pedro Castillo fait face à plusieurs enquêtes qu’il dénonce comme un « coup d’État ».
Le Castillo assiégé a annoncé mercredi soir qu’il avait sollicité l’aide de l’organisme régional pour favoriser un dialogue national dans le but d’empêcher « une grave altération de l’ordre démocratique au Pérou ».
S’adressant à la nation en direct à la télévision, le président a déclaré qu’il avait demandé aux 35 membres de l’OEA d’invoquer sa « charte démocratique », qui définit la mission de l’organisme « de promouvoir et de consolider la démocratie représentative ».
Il s’appuie notamment sur l’article 17, qui permet à un Etat membre de demander une assistance « pour le renforcement et la préservation de son système démocratique » s’il craint que celui-ci ne soit menacé.
Une demande officielle a été présentée à l’OEA la semaine dernière, et l’organisme a déclaré dans un communiqué qu’une « réunion spéciale » sur le Pérou se tiendrait à Washington à 18h30 GMT jeudi.
Castillo, un ancien professeur d’école rurale, a été sous le feu continu depuis qu’il a pris le pouvoir de manière inattendue de l’élite politique traditionnelle du Pérou lors des élections de l’année dernière.
Il a survécu à deux tentatives d’impeachment depuis sa prise de fonction en juillet 2021 et fait l’objet de six enquêtes pénales pour corruption présumée et plagiat de sa thèse universitaire.
En plus de cela, le procureur général du Pérou a déposé la semaine dernière une plainte constitutionnelle accusant Castillo de diriger une organisation criminelle impliquant sa famille et ses alliés.
La plainte – la première du genre contre un président en exercice – doit être examinée par le parlement et, contrairement à une affaire pénale, peut entraîner la suspension de Castillo. Moins de votes sont nécessaires que pour la destitution.
Castillo, qui purge un mandat de cinq ans qui se termine en 2026, ne peut pas être jugé pénalement pendant son mandat.
Ces derniers mois, la police a perquisitionné le palais présidentiel de Lima, où réside Castillo, ainsi que sa maison privée dans la campagne péruvienne à la recherche de preuves pour étayer les allégations de corruption.
Politiquement faible, Castillo s’est vu refuser l’autorisation par le Congrès péruvien dominé par la droite en août d’assister à l’investiture de son compatriote de gauche Gustavo Petro en Colombie, plus récemment également de visiter le Vatican et la Belgique.
Mercredi, Castillo a accusé « les secteurs de l’argent, les politiciens traditionnels qui ont toujours prospéré sur la corruption » d’être à l’origine de la tentative de « coup d’Etat » contre lui.
« Je ne suis pas corrompu », a-t-il insisté sur Twitter.
Le Pérou n’est pas étranger à l’instabilité : il a eu trois présidents différents en cinq jours en 2020, et cinq présidents et trois législatures depuis 2016.
Mais six enquêtes ouvertes sur un président en exercice est sans précédent.
L’OEA a annoncé qu’elle entendrait jeudi une présentation du ministre des Affaires étrangères Cesar Landa, la cinquième à ce poste depuis la prise de fonction de Castillo.
© 2022 AFP
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