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Dans un amendement à un projet de loi français visant à réglementer l’espace numérique, le sénateur de centre-droit Patrick Chaize a proposé lundi 3 juillet que face aux émeutes menaçant l’ordre public, le contenu en ligne haineux doit être bloqué dans les deux heures suivant sa publication.
Chaize, qui est également rapporteur d’un projet de loi pour la sécurisation et la régulation de l’espace numérique, a déposé l’amendement juste avant le début des débats au Sénat mardi, après que la France ait été secouée pendant une semaine par de violentes manifestations, déclenchées par les forces de l’ordre. meurtre d’un adolescent d’origine maghrébine.
Son intention est de donner aux forces de l’ordre les moyens de répondre à la mobilisation rapide des émeutiers qui communiquent via les réseaux sociaux.
Le sénateur, membre des Républicains (PPE), a aussi spécifiquement mentionné que les policiers à qui il a parlé ont du mal à se mobiliser assez rapidement face à la « mobilité des émeutiers ». En communiquant via les médias sociaux, les émeutiers se rassemblent plus rapidement que les forces de l’ordre.
Le ministre du Numérique Jean-Noël Barrot et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin ont rencontré vendredi 30 juin des représentants de Twitter, Snapchat, Meta et TikTok pour leur rappeler leur « responsabilité » dans la multiplication des messages haineux et leur demander qu’ils les démontent le plus rapidement possible.
Le texte suggéré par Chaize se lit comme suit : « Lorsque des émeutes sont observées » qui menacent l’ordre public ou visent à détruire des bâtiments publics, les préfets devraient pouvoir émettre un ordre aux plateformes de médias sociaux « pour supprimer ou bloquer l’accès au contenu dans un délai de deux heures ». ”
Considérant les émeutes qui ont secoué le pays après la mort de l’adolescente Nahel M., Chaize a déclaré à EURACTIV qu’il « aurait eu l’impression d’avoir fait du mauvais travail » s’il n’avait pas inclus un amendement traitant des problèmes rencontrés par les forces de l’ordre dans Ces derniers jours.
Portée
Chaize estime que l’amendement proposé répond aux problèmes rencontrés tout en restant dans les limites constitutionnelles.
Il a expliqué que certains de ses électeurs lui ont demandé de procéder aux restrictions et ont spécifiquement mentionné que le langage codé pourrait contourner l’obstruction.
Une telle considération conduirait à « plaider pour la fermeture des réseaux sociaux », selon le sénateur, ce qui, selon lui, serait anticonstitutionnel.
Points de vue des parties prenantes
Stéphane Vojetta, membre du Parlement français affilié au parti centriste Renaissance du président Emmanuel Macron (Renew Europe), a rejeté l’amendement de Chaize comme un geste quelque peu « symbolique » lorsqu’il a été interrogé par EURACTIV à ce sujet.
Selon Vojetta, la proposition serait incompatible avec la loi européenne sur les services numériques (DSA), qui oblige les plateformes en ligne à agir « rapidement » dès qu’elles ont connaissance d’un contenu illégal, mais ne précise pas de délai précis.
Catherine Morin-Desailly, sénatrice de l’Union centriste libérale, a déclaré à EURACTIV qu’elle était convaincue que le problème réside dans les modèles commerciaux des plateformes de médias sociaux eux-mêmes.
Ces plateformes gagnent des revenus en « amplifiant les déclarations les plus controversées grâce à des algorithmes attirés par le contenu sensationnel car ils génèrent des clics ».
Par ailleurs, elle évoque des « fermes à trolls » étrangères qui augmentent artificiellement la visibilité de certains contenus avec un objectif clair de « déstabiliser notre démocratie ».
Selon elle, le projet de loi pour la sécurisation de l’espace numérique et le DSA ne sont « que des étapes » qui ne changent rien au modèle économique des plateformes, qu’elle estime devoir changer.
TikTok et Meta (la société mère de Facebook, WhatsApp et Instagram) n’ont pas réagi à la demande de commentaire d’EURACTIV au moment de la publication.
[Edited by Luca Bertuzzi/Zoran Radosavljevic]