Siemens : Évolution d’un leader industriel vers un acteur technologique innovant

Siemens : Évolution d'un leader industriel vers un acteur technologique innovant

Siemens, symbole de l’industrie allemande depuis 1847, se réinvente en se concentrant sur les technologies logicielles et la numérisation. Après des défis dans le secteur de la téléphonie mobile, l’entreprise, dirigée par Roland Busch, a récemment acquis Altair pour dix milliards de dollars. L’intelligence artificielle est au cœur de sa stratégie, visant à créer des usines intelligentes. Malgré des performances solides, l’action de Siemens reste stable, et l’entreprise doit renforcer son image pour rivaliser avec des leaders du secteur logiciel.

Siemens est une figure emblématique de l’industrie allemande, mais l’entreprise est en pleine transformation. Son objectif est de maximiser ses profits en se positionnant comme un leader dans le secteur des technologies logicielles.

L’histoire de Siemens remonte à 1847, avec l’invention du télégraphe à aiguille par Werner von Siemens. Ce dernier a marqué le début d’une ère industrielle, transformant son entreprise en un acteur incontournable de l’électrotechnique. Au fil des décennies, Siemens a élargi son champ d’action, produisant des turbines, des tramways et des appareils électroménagers. L’entreprise s’est rapidement imposée sur la scène mondiale, devenant l’un des membres fondateurs du DAX.

Alors que l’industrie allemande fait face à divers défis, Siemens demeure solide et continue d’afficher de bonnes performances.

Une chute dans le secteur de la téléphonie mobile

À la fin des années 1990, Siemens était également un acteur majeur dans le domaine de la téléphonie mobile. Pour de nombreux consommateurs allemands, un téléphone Siemens était tout aussi courant qu’un Nokia. Malheureusement, la concurrence intense, un design peu inspiré et une production inefficace ont conduit à l’échec de sa division mobile. Même la reprise par le taïwanais BenQ n’a pas réussi à redresser la situation, entraînant une chute du cours de l’action.

La nécessité d’une stratégie claire a donc été cruciale. Une longue période de restructuration a suivi, comme l’explique Ascan Iredi, responsable de la gestion de portefeuille chez Plutos : ‘C’était un processus de restructuration long et complexe, et cela ne s’est pas fait du jour au lendemain.’ Plusieurs conseils d’administration ont été impliqués, et la période a été marquée par des manifestations et des suppressions d’emplois.

C’est finalement Joe Kaeser, qui a dirigé Siemens de 2013 à 2021, qui a initié de profonds changements. Selon Iredi, ‘Joe Kaeser avait une vision.’ Sous sa direction, Siemens a scindé ses activités dans les secteurs de la santé et de l’énergie éolienne, qui ont été introduits en bourse sous les noms de Siemens Healthineers et Siemens Energy.

Vers un avenir axé sur le logiciel

Aujourd’hui, Siemens parie sur la numérisation pour son avenir, avec une focalisation accrue sur les logiciels. Daniela Bergdolt, vice-présidente de l’Association allemande de protection des actionnaires (DSW), souligne : ‘En observant les performances actuelles de l’entreprise, il est évident qu’elle enregistre des bénéfices et des marges élevés.’

Récemment, Siemens a accéléré sa transformation en un groupe technologique en réalisant une acquisition significative. Pour un montant de dix milliards de dollars, Siemens a acquis la société américaine de logiciels Altair, devenant ainsi la deuxième plus grande acquisition de son histoire, un coup stratégique pour le PDG Roland Busch qui dirige l’entreprise depuis trois ans.

L’intelligence artificielle au cœur de la stratégie

Comment Siemens envisage-t-il de générer des revenus à l’avenir ? Selon Busch, l’entreprise doit se concentrer sur la création d’usines intelligentes où les machines interagissent et optimisent les processus de manière autonome, intégrant ainsi le monde réel à la sphère numérique.

L’intelligence artificielle joue un rôle croissant dans cette stratégie, comme l’a expliqué Busch lors de la dernière assemblée générale : ‘Nous utilisons déjà l’IA depuis longtemps, mais nous l’intégrons maintenant à grande échelle avec nos clients dans divers secteurs, notamment les usines, les réseaux électriques, les hôpitaux et les trains.’ L’intérêt croissant pour l’IA a également un impact positif sur les marchés financiers.

Siemens Energy prévoit la création d’environ 10 000 nouveaux emplois dans plusieurs pays, renforçant ainsi son engagement envers l’avenir.

Les marchés boursiers restent prudents

Malgré ces développements, l’action de Siemens n’a pas connu de hausse significative. Depuis le début de l’année, la valeur a augmenté de seulement six pour cent. Des analystes comme Daniela Bergdolt soulignent que les investisseurs n’ont pas encore pleinement compris le potentiel actuel de Siemens. ‘Peut-être que M. Busch doit non seulement se concentrer sur une bonne gestion interne, mais aussi sur la promotion de l’image de Siemens.’

Il est possible que cette situation modifie également la perception des investisseurs. Actuellement, l’évaluation boursière de Siemens n’est pas à la hauteur de celle des entreprises du secteur des logiciels. Pour se positionner en tant que leader dans ce domaine, Siemens devra rivaliser avec des géants comme SAP.