La crise du secteur de l’acier conduit Swiss Steel à annoncer la suppression de 800 postes, dont 130 en Suisse. La baisse de la demande, notamment due aux difficultés de l’industrie automobile allemande, et l’augmentation des coûts énergétiques sont des facteurs clés. Bien que la situation soit préoccupante, les perspectives de réemploi pour les licenciés varient, et le soutien gouvernemental reste limité, avec des initiatives existantes seulement.
La situation du secteur de l’acier est préoccupante, tant en Europe qu’en Suisse. En réponse à cette crise, Swiss Steel, un acteur majeur dans l’industrie, a pris la décision difficile de supprimer 800 postes, dont 130 en Suisse, à l’usine d’Emmenbrücke. Cela représente environ un emploi sur cinq au sein de l’entreprise, avec des prévisions de 80 licenciements. Toutefois, l’ensemble des opérations en Suisse n’est pas menacé. Quelles sont les raisons de la perte de compétitivité de l’acier suisse ? Les analyses de Nora Meuli, rédactrice économique, apportent des éclaircissements.
Pourquoi Swiss Steel réduit-elle ses effectifs ?
Frank Koch, le directeur de Swiss Steel, évoque la nécessité de réduire les effectifs pour mieux s’adapter aux défis futurs. L’entreprise fournit principalement de l’acier à l’industrie automobile allemande, qui traverse actuellement une période difficile, entraînant une baisse de la demande pour leurs produits. Environ 50 % de leur chiffre d’affaires provient de ce secteur, selon les syndicats. Swiss Steel reconnaît avoir mal anticipé l’évolution de la situation en 2023, et fait face à une augmentation des coûts énergétiques, car la production d’acier exige des températures très élevées, nécessitant donc une grande quantité d’électricité.
Quelles sont les causes de la perte de compétitivité de l’acier suisse ?
Actuellement, la demande pour les biens industriels est faible, un phénomène qui dépasse les frontières suisses. Comme l’acier est utilisé dans une multitude de produits industriels, cette situation est particulièrement préjudiciable pour le secteur. À l’échelle mondiale, on observe un excès d’acier par rapport à la demande. Il est essentiel de faire la distinction entre les différents types d’entreprises sidérurgiques. Par exemple, l’aciérie de Gerlafingen se concentre sur le recyclage de l’acier et produit des barres d’armature destinées à la construction, tandis que Swiss Steel se spécialise dans des produits pointus, tels que des forets pour la dentisterie et des composants pour l’aérospatiale et l’industrie automobile.
Cette tendance était-elle prévisible ?
Frank Koch a déclaré dans une interview à Finanz und Wirtschaft que les prévisions pour l’industrie européenne étaient initialement plus optimistes que la réalité ne l’a révélé. Il espère que les mesures prises permettront à l’entreprise de se redresser et de retrouver une trajectoire positive.
Quelles sont les perspectives de réemploi pour les employés licenciés ?
Les avis divergent entre les syndicats et Swiss Steel concernant la question du réemploi des travailleurs licenciés. Selon Unia, il sera difficile pour ces employés, principalement des travailleurs qualifiés, de retrouver un emploi. En revanche, Frank Koch souligne que ses employés sont bien formés et que la capacité de réinsertion dépendra de divers facteurs, notamment de leur flexibilité et de leur âge, rendant la situation plus complexe pour les employés plus âgés.
Le soutien gouvernemental à l’industrie de l’acier : quel avenir ?
Guy Parmelin, le conseiller fédéral en charge, exprime une compréhension face à la situation, mais il précise qu’aucune nouvelle mesure de soutien n’est à prévoir pour le moment. Actuellement, seules les initiatives existantes seront mises en œuvre. Cependant, la commission économique du Conseil des États a exprimé son intention de soutenir trois propositions, dont l’une vise à obtenir un financement transitoire pour l’industrie de l’acier, ce qui constituerait un soutien direct, une démarche peu courante en Suisse.