Après la chute du gouvernement de Michel Barnier, la France est secouée par des manifestations massives contre ses réformes sociales. Les manifestants, comprenant des enseignants et des agents de santé, se dirigent vers le ministère de l’Économie. Le président Macron, en attendant la formation d’un nouveau gouvernement, a affirmé qu’il ne démissionnerait pas. La situation économique est préoccupante, avec des défis budgétaires importants, et un gouvernement intérimaire se concentre sur la gestion des affaires courantes sans pouvoir proposer de nouvelles lois.
Le lendemain de la chute du gouvernement de Michel Barnier, la France est en ébullition. À Paris, un impressionnant cortège de manifestants défile dans l’après-midi. Des hommes et des femmes arborant des drapeaux vibrants s’acheminent vers le ministère français de l’Économie et des Finances, un imposant édifice situé à l’est de la ville, au bord de la Seine. Parmi eux se trouvent des enseignants, des agents de santé et d’autres travailleurs du secteur public qui ont décidé de cesser le travail jeudi en guise de protestation.
Qui sont-ils en train de défier ? « Bien que ce gouvernement soit tombé, nous n’espérons rien de mieux du prochain », déclare un manifestant, « notre mobilisation se poursuit ! » Divers syndicats ont organisé cet événement pour contester les réformes sociales mises en avant par Barnier. Celui-ci avait envisagé d’instaurer trois jours de carence non rémunérés pour les arrêts maladie et de réduire les indemnités de maintien de salaire pour les absences prolongées.
Un gouvernement intérimaire en place
La rapidité avec laquelle ces propositions de réforme, qui étaient jugées acceptables, sont devenues obsolètes, suite à la démission de Michel Barnier et de son équipe mercredi soir à cause d’une motion de censure, ne freine pas la détermination des manifestants. Ils souhaitent également faire passer un message au futur gouvernement.
Actuellement, l’horizon politique est flou concernant la formation d’un nouveau gouvernement et le nom de son dirigeant. Le président Emmanuel Macron a rencontré Barnier jeudi pour se mettre au courant de la situation politique. Peu après, le palais de l’Élysée a annoncé l’acceptation de la démission de Barnier. En attendant la constitution d’un nouveau cabinet, les ministres demeureront en fonction par intérim.
Le soir même, Macron a pris la parole devant les Français lors d’une allocution télévisée, annonçant qu’il nommerait un nouveau Premier ministre dans les jours à venir. Il a également évoqué son propre mandat : « Le mandat que vous m’avez confié démocratiquement est prévu pour cinq ans, et je m’y tiendrai jusqu’à son terme. »
Cette clarification était cruciale pour Macron, car plusieurs politiciens ont demandé sa démission suite à la chute du gouvernement Barnier. Jean-Luc Mélenchon, leader du parti d’extrême gauche La France insoumise, ainsi qu’un membre de son propre parti, ont exprimé cette exigence. Marine Le Pen, cheffe des nationalistes de droite, a été légèrement plus conciliante, suggérant que le président ne devait pas démissionner immédiatement, mais clarifier les prochaines élections présidentielles.
Macron a vivement critiqué ses opposants pour leur « comportement antirépublicain », affirmant que la chute du gouvernement était due à une union des extrémistes de droite et de gauche. Il a également défendu sa décision de dissoudre le Parlement, qu’il considérait comme une mesure logique après les résultats des élections européennes. Son audience n’a pas reçu beaucoup d’informations supplémentaires ce soir-là, à l’exception d’un appel à se souvenir des moments positifs alors que la réouverture de Notre-Dame approche.
Avec le vote de défiance, la France se dirige vers une incertitude financière. Le pays, fortement endetté, doit faire face à des taux d’intérêt élevés pour financer son budget. Les projets de Barnier, qui visaient à économiser au moins 60 milliards d’euros pour réduire le déficit, sont désormais obsolètes. Le gouvernement intérimaire se retrouve dans une situation délicate, ne pouvant pas proposer de nouvelles lois ou initiatives, se concentrant uniquement sur la gestion des affaires courantes.
Avant la chute du gouvernement Barnier, un projet de loi spécial avait déjà été discuté à Paris, permettant de prolonger le budget actuel au-delà de la fin de l’année. Les dépenses et recettes du budget 2024 seraient alors également applicables pour 2025. De plus, certains postes budgétaires augmenteraient automatiquement, comme la rémunération des fonctionnaires. Laurent Saint-Martin, désormais ministre des Finances par intérim, a averti que les Français pourraient être contraints de payer davantage d’impôts sur le revenu l’année prochaine pour compenser le déficit budgétaire croissant et l’augmentation de la dette publique.
Éviter un shutdown à la française
Un shutdown, similaire à celui que l’on observe aux États-Unis, sera évité grâce à cette loi spéciale. Marine Le Pen, ainsi que les partis de gauche, ont déjà exprimé leur soutien à cette initiative. En l’absence de majorité, des conditions semblables à celles des États-Unis semblent inenvisageables en France. En effet, dans un scénario extrême, Macron pourrait toujours activer l’article 16 de la Constitution pour gouverner temporairement par décret.
Alors que Le Pen et d’autres politiciens semblent presque indifférents à l’absence d’un budget ordinaire pour 2025, la communauté internationale s’inquiète. Les investissements prévus pour les forces armées risquent également d’être affectés, car un gouvernement intérimaire ne peut pas prendre de décisions à ce sujet. Sébastien Lecornu, ministre de la Défense, a déjà averti d’une perte de 3,3 milliards d’euros, ce qui pourrait également compromettre les livraisons d’armes à l’Ukraine.