L’inflation en Suisse a récemment atteint 3,5 %, mais a depuis chuté, conduisant à une baisse des taux d’intérêt de la Banque nationale suisse. L’indice des prix à la consommation a révélé une inflation de 0,7 %, mais les variations de prix dépendent des biens sélectionnés. Les biens importés connaissent une inflation négative, tandis que l’inflation de base, qui exclut les éléments volatils comme les loyers et l’énergie, a atteint 0,9 %. Une baisse de l’inflation n’implique pas nécessairement une baisse des prix pour les consommateurs.
Lorsque le portefeuille se garnit tandis que le panier d’achat se vide, cela indique une inflation en cours. Récemment, la Suisse a été témoin d’une augmentation des prix. Bien que l’inflation ait culminé à 3,5 %, elle a depuis connu une forte baisse, entraînant par la même occasion une réduction du taux directeur de la Banque nationale suisse (BNS). Les rumeurs concernant une éventuelle réintroduction des taux d’intérêt négatifs commencent à circuler. Pour comprendre ce sujet complexe, il est essentiel d’examiner attentivement les données sous-jacentes sur les prix.
Des données à interpréter avec soin
En novembre, l’indice national des prix à la consommation (INPC) a révélé une inflation de 0,7 %. Ce chiffre se situe donc confortablement dans la fourchette cible de la BNS, qui va de 0 à 2 %. Toutefois, cela ne signifie pas nécessairement que le coût de la vie a augmenté de 0,7 % pour l’ensemble de la population. Effectivement, la variation des prix dépend des produits inclus dans le panier de biens utilisé pour le calcul de l’inflation et de la pondération accordée à chaque catégorie de biens et services.
Étant donné que de nombreux éléments peuvent être ajoutés ou retirés lors du calcul de l’inflation, il est facile d’engager un débat autour des données que l’Office fédéral de la statistique (OFS) publie chaque mois. Ceux qui cherchent à prouver une pression inflationniste trouveront autant de données pour étayer leur point de vue que ceux qui plaident pour une tendance déflationniste. De plus, à l’approche de la décision concernant les taux d’intérêt de la BNS, économistes et analystes avancent une variété de chiffres différents.
Par exemple, ceux qui souhaitent démontrer que l’inflation demeure élevée et qu’il n’y a pas de raison pour que la BNS procède à des baisses de taux significatives se réfèrent généralement à l’évolution des prix des biens nationaux, où l’inflation a peu diminué. En effet, la hausse des prix des biens nationaux a stagné autour de 2 % depuis plus de deux ans, ce qui soulève des questions quant aux raisons pour lesquelles la BNS a abaissé son taux directeur depuis mars.
La clé de la situation se trouve dans la dynamique des biens importés. Ceux-ci ont vu leur inflation diminuer de manière significative depuis l’été 2022, atteignant même des niveaux négatifs depuis un an. Cela signifie que les produits importés sont devenus moins coûteux, en partie grâce à l’appréciation du franc à l’étranger, permettant d’acheter davantage de biens pour chaque franc dépensé. Ainsi, les consommateurs dont le panier d’achat est composé en grande partie de produits importés ressentent moins l’inflation que ceux qui privilégient les produits nationaux.
Exclure les éléments volatils
Mais que faire si ni l’inflation nationale ni l’inflation importée ne soutiennent l’argument ? Dans ce cas, il est possible de se tourner vers ce qu’on appelle l’inflation de base. Celle-ci est souvent utilisée pour illustrer la stabilité des prix, car elle exclut les éléments les plus volatils. En effet, l’inflation de base ne subit pas de grandes fluctuations.
Les denrées alimentaires, par exemple, sont exclues du calcul en raison de leur sensibilité aux conditions climatiques, aux récoltes défaillantes et à d’autres événements imprévisibles. De même, les biens énergétiques, dont les prix dépendent des décisions de production des pays producteurs de pétrole ou des tensions géopolitiques, sont également omis. Cela permet d’obtenir une vision plus claire des tendances à long terme des prix.
Cependant, il est important de noter que l’inflation de base n’est pas toujours inférieure à l’inflation totale. Par exemple, lorsque les prix de l’énergie ont fortement augmenté à partir de mi-2021, cela était vrai. Mais avec la récente baisse des prix de l’énergie et l’amélioration des coûts des produits frais, l’inflation de base s’est élevée à 0,9 %, dépassant l’inflation totale. Ceux qui se sont appuyés sur la faible inflation de base pour plaider en faveur de baisses de taux doivent donc adapter leurs arguments.
Loyers : un facteur à considérer
Il suffit de se concentrer sur une nouvelle approche pour révéler des arguments pertinents. Parmi les « colombes » de la politique monétaire, qui plaident pour une politique monétaire plus accommodante, l’inflation sans les loyers est actuellement en vogue. Pour la Suisse, cela donne une inflation de seulement 0,1 %, un chiffre qui pourrait soutenir des demandes de réduction des taux.
Mais pourquoi écarter les loyers, qui constituent souvent le principal poste de dépenses des ménages ? La réponse réside dans le fait que l’augmentation des loyers a résulté principalement de la hausse du taux de référence hypothécaire. Or, ce dernier ne devrait pas augmenter davantage dans un avenir prévisible, puisque la BNS a réduit son taux directeur. En comparant avec les valeurs de l’année précédente, l’augmentation des loyers devrait donc bientôt disparaître des statistiques, rendant ainsi ce facteur moins pertinent.
Une baisse de l’inflation ne signifie pas des prix en baisse
Sur le plan comptable, ces observations sont valables. Toutefois, une dimension souvent négligée dans le débat sur la baisse de l’inflation est que celle-ci ne garantit pas une amélioration pour les consommateurs. En effet, une diminution de l’inflation ne se traduit pas par une baisse des prix, mais simplement par un ralentissement de leur hausse. Il est toujours vrai qu’au 31 décembre 2020, les loyers avaient augmenté de 9 %, et le niveau général des prix en Suisse avait crû d’environ 7 %.
Si l’on considère que peu de personnes ont vu leur salaire augmenter de 7 % durant cette période, la majorité des citoyens se retrouve donc dans une situation similaire à celle de fin 2020. Cela souligne l’importance d’une analyse approfondie des tendances économiques pour comprendre le véritable impact sur le pouvoir d’achat des consommateurs.