Titre : Garantir l’indépendance : La cour constitutionnelle au cœur des débats

Titre : Garantir l'indépendance : La cour constitutionnelle au cœur des débats

Les partis autoritaires-populistes tentent d’influencer les cours constitutionnelles, comme l’indique le juriste Maximilian Steinbeis. Bien que la récente réforme de la Cour constitutionnelle fédérale soit une avancée, elle aurait pu être plus ambitieuse. Steinbeis souligne l’importance d’exiger une majorité des deux tiers pour la nomination des juges, afin d’éviter toute manipulation par la coalition gouvernementale. Des propositions pour renforcer la protection de la Cour sont évoquées, notamment l’exigence d’un accord du Bundesrat pour toute modification législative.

Les leçons des expériences internationales : les partis autoritaires-populistes cherchent à influencer les cours constitutionnelles, comme l’explique le juriste Steinbeis. Bien que la réforme récemment adoptée soit un pas dans la bonne direction, elle aurait pu être encore plus ambitieuse.

Une nouvelle législation pour sauvegarder la Cour constitutionnelle fédérale : pourquoi est-ce crucial aujourd’hui ?

Maximilian Steinbeis : C’est d’une importance capitale. Dans plusieurs pays, tels que la Hongrie et la Pologne, nous observons que la Cour constitutionnelle est souvent la première à être ciblée par des partis autoritaires-populistes lorsque ceux-ci prennent le pouvoir. Je me réjouis donc que des modifications de la loi fondamentale rendent certains scénarios indésirables ou, du moins, moins probables.

La question de la nomination des juges

tagesschau24 : Vous avez mentionné des exemples préoccupants d’autres nations. Mais notre Cour constitutionnelle n’est-elle pas équilibrée, indépendante et robuste depuis 75 ans ?

Steinbeis : C’est vrai, mais cette situation n’est pas gravée dans le marbre. Nous avons vu à quel point cela peut rapidement changer ailleurs. Les populistes autoritaires agissent de manière stratégique pour influencer la juridiction constitutionnelle, et la Cour constitutionnelle fédérale n’est pas à l’abri de telles manœuvres.

tagesschau24 : Est-il suffisant d’exiger une majorité des deux tiers pour les décisions au lieu d’une simple majorité comme c’est le cas actuellement ? Et que penser d’une limitation du mandat des juges à douze ans ?

Steinbeis : L’exigence d’une majorité des deux tiers est essentielle. Elle vise à empêcher qu’une simple majorité, constituée par la coalition gouvernementale, ne manipule les règles pour contrôler la Cour constitutionnelle. Cela concerne non seulement le fonctionnement, mais aussi l’organisation de la Cour.

Un autre aspect critique est la nomination des juges. Actuellement, ces derniers sont élus par le Bundesrat et le Bundestag, chacun nécessitant une majorité des deux tiers. Toutefois, cette exigence peut être contournée par une simple majorité, car elle n’est pas inscrite dans la loi fondamentale. C’est l’une des lacunes de cette réforme.

Un consensus au Bundestag vise à renforcer la protection de la Cour constitutionnelle fédérale.

Une occasion peut-être manquée

tagesschau24 : Quelles seraient vos suggestions pour améliorer cette situation ? Quels changements seraient nécessaires ?

Steinbeis : J’aurais souhaité que la nécessité d’une majorité des deux tiers pour l’élection des juges de la Cour constitutionnelle soit inscrite dans la loi fondamentale. L’Union a écarté cette option par crainte de blocages si les populistes autoritaires remportent plus d’un tiers des voix au Bundestag.

Cependant, un mécanisme de résolution des blocages existe déjà, atténuant ainsi ce risque. Il est donc regrettable que la sécurisation de la majorité des deux tiers n’ait pas été intégrée.

Pour une protection accrue de la Cour constitutionnelle fédérale, il est essentiel d’inclure une clause stipulant que toute modification des lois régissant cette Cour nécessite l’accord du Bundesrat. Une majorité au Bundestag seule ne devrait pas pouvoir changer les règles à son avantage, surtout si elle est accompagnée d’une minorité de blocage au Bundesrat.

Ce scénario, bien que peu probable, est envisageable. La possibilité de contrer cela semble désormais compromise, ce qui est décevant. Néanmoins, cette réforme demeure une avancée significative par rapport à la situation antérieure.

Cette interview a été réalisée par Damla Hekimoğlu et a été condensée et modifiée pour publication.

Ce sujet a été rapporté le 19 décembre 2024 à 14h00.