La Finlande, partageant une longue frontière avec la Russie, a navigué une histoire complexe marquée par des conflits et des choix stratégiques. Suite à l’invasion de l’Ukraine, le pays abandonne sa neutralité pour rejoindre l’OTAN. La ministre des Affaires étrangères, Elina Valtonen, appelle à une Europe unie contre la Russie, tout en soulignant l’importance de l’éducation historique pour comprendre les enjeux contemporains et promouvoir une politique étrangère flexible au sein de l’UE.
La Finlande et son Histoire avec la Russie
La Finlande partage une frontière de 1430 kilomètres avec la Russie, faisant partie intégrante de la zone Schengen, tout en ayant une histoire riche et tumultueuse. À la fin de la guerre d’hiver, en 1940, le pays a su préserver sa souveraineté en signant un traité de paix avec Staline, lequel incluait des concessions territoriales et des restrictions sur sa souveraineté extérieure. En contrepartie, la Finlande a réussi à s’intégrer économiquement à l’Europe de l’Ouest.
Un Changement d’Orientation Stratégique
Après l’effondrement de l’Union soviétique, les Finlandais ont rapidement opté pour leur adhésion à l’Union européenne. Suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le pays a décidé de renoncer totalement à sa neutralité et de faire le choix de rejoindre l’OTAN.
Dans une récente interview, la ministre finlandaise des Affaires étrangères, Elina Valtonen, partage sa conviction que l’Europe doit se dresser avec fermeté et unité contre Poutine tout en soutenant l’Ukraine. Elle évoque également les évolutions nécessaires de l’UE.
Élevée en Allemagne, Madame Valtonen note les différences marquées dans les perceptions envers la Russie entre les Allemands et les Finlandais. Bien qu’il existe des similitudes dans leurs valeurs, comme la démocratie et les droits de l’homme, les Finlandais ont souvent été plus prudents face à l’agression russe. Pendant que certains en Allemagne cherchaient à établir des liens amicaux avec la Russie, les Finlandais ont continué à renforcer leur défense, conscients des incertitudes de l’avenir.
La Finlande a une compréhension unique de la Russie, ayant dû se défendre à plusieurs reprises contre son agression. Contrairement à ses voisins baltes, la Finlande n’a jamais fait partie de l’Union soviétique, ce qui lui a permis de maintenir une économie de marché libre et une démocratie. Les expériences historiques ont forgé une appréciation profonde pour la liberté et la prospérité, des valeurs que la Finlande garde précieusement.
Cette perspective influence également leur vision de la paix, qui ne se limite pas à un état de tranquillité, mais requiert une vigilance constante. La ministre souligne l’importance de l’éducation sur l’histoire, qui joue un rôle crucial dans la formation des opinions face aux défis contemporains.
Lors d’un discours au WEF, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a souligné la nécessité pour l’Europe de se renforcer, en questionnant le rôle de l’UE face à un éventuel changement de pouvoir aux États-Unis. En réponse, Valtonen insiste sur le besoin d’une Europe plus compétitive, capable de défendre ses intérêts tout en promouvant le libre-échange.
La question de la politique de la Hongrie, qui semble se pencher vers un rapprochement avec la Russie, soulève des inquiétudes quant à l’unité européenne. Valtonen souligne que la diversité d’opinions est essentielle dans les démocraties, mais appelle à une réévaluation de la bureaucratie et à un fonctionnement plus efficace des institutions européennes.
Elle plaide pour une approche plus flexible des décisions de politique étrangère, afin que l’UE puisse réagir rapidement aux crises mondiales. Cette flexibilité est d’autant plus cruciale alors que l’UE envisage d’accueillir de nouveaux membres, y compris l’Ukraine.
En conclusion, bien que la Finlande soutienne que chaque pays doit déterminer son propre chemin, Valtonen exprime son souhait que la Suisse envisage une adhésion à l’UE. Elle rappelle que la désinformation peut être combattue par l’éducation, et qu’il est crucial d’expliquer clairement les enjeux relatifs à la situation en Ukraine, où la réalité est que l’Ukraine n’était pas une menace pour la Russie.