Le plan controversé de Donald Trump pour Gaza : les deux millions de Palestiniens en tant qu’outil de négociation.

Le plan controversé de Donald Trump pour Gaza : les deux millions de Palestiniens en tant qu'outil de négociation.

À l’approche d’une rencontre entre Trump et Netanyahu, une campagne à Tel Aviv met en avant le prince héritier saoudien pour favoriser des liens diplomatiques entre Israël et l’Arabie saoudite. Cependant, Trump a proposé de déplacer deux millions de Palestiniens de Gaza, suscitant un rejet catégorique des pays arabes. Les implications de cette proposition soulèvent des inquiétudes quant aux tensions régionales et à l’avenir du processus de paix, affectant également la dynamique au sein d’Israël.

À la veille de la réunion entre Donald Trump et Benjamin Netanyahu à Washington, une image intrigante a fait surface à Tel Aviv – celle du prince héritier saoudien. Sur des panneaux d’affichage électroniques, on pouvait lire « Nous sommes prêts », accompagnée d’une photo emblématique de Mohammed ben Salmane serrant la main de Trump. Cette campagne vise à renforcer les alliances régionales d’Israël, avec l’objectif ultime de forger des relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite.

Cependant, la rencontre entre Trump et Netanyahu a mis cette vision en péril. Mardi soir, Trump a réitéré à Washington une proposition controversée qu’il avait avancée il y a un mois et demi : le déplacement permanent des deux millions de Palestiniens vivant dans la bande de Gaza. Il a également annoncé que les États-Unis prendraient le contrôle de ce territoire. Quelle est la portée de cette proposition pour Israël et pour l’ensemble du Moyen-Orient ?

La réaction arabe : un rejet catégorique

À 4h40 du matin, avant même le lever du soleil, le ministère saoudien des Affaires étrangères a publié une déclaration. Bien que Trump ne soit pas mentionné directement, Riyad a affirmé : « Le royaume d’Arabie saoudite rejette fermement toute violation des droits du peuple palestinien, que ce soit via des annexions, des colonies israéliennes ou des tentatives de déplacement forcé du peuple palestinien de sa terre. » Des relations diplomatiques avec Israël ne seront pas établies sans un État palestinien.

Le plan de Trump soulève également une forte opposition dans les pays arabes concernés, comme la Jordanie et l’Égypte, qui seraient censés accueillir les Palestiniens. Selon l’expert en politique étrangère israélienne, Nimrod Goren, ces nations ne pourraient jamais accepter un tel déplacement, craignant des répercussions internes et des tensions avec leur propre population pro-palestinienne. De plus, l’Égypte et la Jordanie redoutent pour leur sécurité nationale, ne souhaitant pas voir des groupes comme le Hamas ou le Jihad islamique s’installer sur leur territoire.

Il est crucial de noter que personne n’a consulté les Palestiniens eux-mêmes. La plupart des habitants de Gaza ne souhaitent probablement pas quitter leur terre, étant descendants de ceux qui ont vécu la Nakba en 1948. Le traumatisme collectif de l’expulsion perdure, et peu d’entre eux seraient prêts à abandonner volontairement leur foyer.

Les Palestiniens en tant qu’outil de négociation

Sans le soutien des États arabes, les États-Unis pourraient néanmoins imposer leur plan, mais cela impliquerait une intervention militaire forçant une purification ethnique à Gaza, ce qui risquerait d’envenimer le conflit régional. Trump, qui se positionne comme un négociateur, voudra probablement éviter un tel scénario.

Une autre hypothèse est que Trump applique la « théorie du fou », cherchant à apparaître imprévisible pour inciter ses partenaires à faire des concessions. Selon l’expert en sécurité israélien Eldad Shavit, il est plausible que Trump lance cette proposition pour inciter les États arabes à jouer un rôle plus actif dans un nouvel ordre post-conflit.

Actuellement, des discussions sur la deuxième phase d’un accord de prise d’otages entre Israël et le Hamas se déroulent à Doha, englobant également les discussions sur l’avenir de Gaza. Le déplacement potentiel de deux millions de Palestiniens et une occupation américaine subséquente sont désormais des sujets de débat. Les États arabes pourraient utiliser cette situation comme levier contre le Hamas, tout en prétendant plus tard avoir stoppé le plan de Trump.

Implications pour le cessez-le-feu

En Israël, la proposition de Trump suscite des opinions divisées. Des figures d’extrême droite comme Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir ont déjà évoqué l’idée d’une émigration « volontaire » des Palestiniens. Ben-Gvir, ancien ministre de la Sécurité, a même déclaré qu’il pourrait envisager un retour au gouvernement si Netanyahu mettait en œuvre la proposition de Trump.

De leur côté, des politiciens de droite modérés voient dans cette proposition une solution innovante pour le « projet échoué de Gaza », comme l’a souligné le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar. Netanyahu, quant à lui, est resté prudent, conscient de la portée explosive de ces idées, se limitant à rappeler les objectifs de guerre de son pays.

Selon Eldad Shavit, l’initiative de Trump met en péril la fragile seconde phase de l’accord de prise d’otages. D’un côté, le Hamas pourrait se sentir acculé et décider de garder les otages restants, de l’autre, Netanyahu pourrait céder à la pression des extrémistes de droite. L’initiative de Trump ouvre la voie à de nouvelles possibilités tout en présentant des risques importants. Le succès de cette stratégie se révélera bientôt, alors que l’échéance approche.