Poussée mondiale de la France pour la sécurité des enfants en ligne

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PARIS — Le président français Emmanuel Macron a fait de la protection des enfants en ligne l’une de ses principales priorités lors de sa campagne de réélection. Il veut désormais faire de la France un influenceur mondial sur la question.

L’Elysée a annoncé jeudi la création d’un Laboratoire de protection en ligne des enfants pour améliorer la sécurité des mineurs en ligne à travers le monde. L’initiative vise à attirer des militants, des chercheurs et des géants de la technologie pour découvrir les meilleures pratiques sur des questions allant de la confidentialité à la littératie numérique.

Meta Platforms, Google, Microsoft, Amazon, TikTok et la plateforme française Dailymotion ont convenu de signer une charte, inspirée de l’appel de Christchurch, une initiative non contraignante menée après les attentats terroristes de Christchurch en 2019 par Macron et la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern visant à freiner la diffusion de matériel terroriste sur Internet.

La sécurité des enfants en ligne est une question brûlante en Europe, englobant des angles numériques clés tels que la protection de la vie privée, la lutte contre le cyberharcèlement, la prolifération de matériel pédopornographique, la vérification de l’âge sur les sites Web et les réseaux sociaux pour adultes, et le bien-être mental.

La décision de la France s’inscrit dans un ensemble plus large d’actions sur la sécurité des enfants au cours des dernières années, alors que le président français et la Première Dame Brigitte Macron ont fait pression pour des réformes sur la question.

La secrétaire d’État à l’enfance Charlotte Caubel a déclaré que les cartes de crédit pourraient être une solution | Christophe Archambault/AFP via Getty images

Mais si certains de leurs efforts se sont avérés fructueux, d’autres ont donné des résultats mitigés : la législation phare du pays visant à empêcher les mineurs d’accéder aux sites Web pour adultes n’a jusqu’à présent pas été entièrement mise en œuvre par les plateformes pornographiques, plus de deux ans après son vote.

La vérification de l’âge en ligne soulève d’autres problèmes, notamment la confidentialité, et les règles sont actuellement confrontées à des défis devant les tribunaux, car les décideurs politiques ont laissé aux entreprises le soin de trouver elles-mêmes des solutions.

Emmanuel Macron utilise depuis longtemps le Forum de Paris sur la Paix comme tremplin pour des initiatives internationales sur la technologie et le cyber. L’année dernière, il a lancé, avec l’UNICEF, un appel à l’action pour défendre les droits des enfants en ligne.

Au cours de la première année, les participants travailleront sur le développement d’un système tiers de confiance pour vérifier l’âge des internautes ; sur la technologie IA pour détecter les conversations où les prédateurs sexuels se font passer pour des mineurs ; et la création d’une base de données partagée entre les plateformes pour identifier et supprimer les images intimes non consensuelles partagées en ligne.

Impasse de la vérification de l’âge

On ne sait pas comment les projets du Laboratoire interagiront avec la vague de règles de protection de l’enfance adoptées en France ces dernières années, notamment une loi obligeant les fabricants de smartphones et de tablettes à donner aux parents la possibilité de contrôler l’accès à Internet de leurs enfants et une autre pour lutter contre cyberharcèlement à l’école.

On ne sait pas non plus comment cela fonctionnera avec le projet de règlement de l’UE sur la lutte contre les abus sexuels d’enfants en ligne, que Paris – contrairement à Berlin – soutient à Bruxelles.

Les projets sur la vérification de l’âge pourraient cependant aider la France à sortir de l’impasse dans laquelle elle se trouve actuellement en ce qui concerne les sites Web pour adultes, car les décideurs politiques ont depuis longtemps déclaré que les solutions devraient venir de l’industrie.

Sur le terrain, cependant, la législation obligeant les sites pour adultes à vérifier l’âge de leurs utilisateurs se heurte à des obstacles techniques et juridiques, entraînant un bras de fer juridique entre le régulateur de l’audiovisuel et des plateformes Arcom et les sites pornographiques.

La prochaine décision juridique viendra de la plus haute juridiction française – la Cour de cassation – qui a jusqu’au début janvier de l’année prochaine pour décider de demander ou non au Conseil constitutionnel d’évaluer la compatibilité des règles françaises de vérification de l’âge avec la Constitution.



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