« Mon chauffeur et moi » est un film qui retrace la jeunesse d’Ahd Kamel à Jeddah dans les années 1980-1990. Il suit Salma, une fille de milieu aisé, et son chauffeur soudanais, Gamar, qui devient son mentor. Leur relation secrète autour de l’apprentissage de la conduite illustre les défis sociaux et familiaux. Bien que moins intense que « Wadjda », le film aborde des thèmes de confiance, de restrictions et d’émotions, tout en offrant des moments de légèreté et de tendresse.
Un Voyage Nostalgique à Travers Jeddah
« Mon chauffeur et moi », un film inspiré de l’enfance de la talentueuse scénariste, réalisatrice et productrice saoudienne Ahd Kamel, nous plonge dans l’univers de Jeddah durant les années 1980 et 1990. Ce récit touchant sur le passage à l’âge adulte explore la relation entre une jeune fille rebelle et le chauffeur soudanais engagé par sa famille aisée. Bien qu’il ne soit pas aussi captivant que « Wadjda » (2012), œuvre à laquelle il sera inévitablement comparé et dans laquelle Kamel a joué un rôle essentiel, « Mon chauffeur et moi » manque de la lutte poignante contre les limitations sociales qui caractérisait le film précédent de Haifaa Al Mansour.
Alors que « Wadjda » se distinguait par son intensité, « Mon chauffeur et moi » adopte un ton plus léger, parfois au risque de devenir trop sentimental. Malgré quelques moments de tristesse, la facilité avec laquelle la famille principale et son personnel mènent leur vie peut sembler un peu irréaliste. Néanmoins, le film devrait bénéficier d’une diffusion dans divers festivals et touchera un large public dans les territoires arabophones grâce à OSN+, un service de télévision payante et de streaming basé à Dubaï.
Les Liens Émotionnels et les Défis de Salma
Salma, interprétée par Tarah Alhakeem et Roula Dakheelallah, grandit dans une vaste villa avec un père homme d’affaires occupé (Qusai Kheder), qui la gâte avec des cassettes audio de ses voyages, et une mère stricte (Rana Aleemuddin) qui soutient des orphelins palestiniens. Les employés de la maison, y compris les chauffeurs soudanais comme Bakri (Amjad Abu Alala) et le nouvellement engagé Gamar (Mustafa Shahata), forment le cœur de cette dynamique familiale.
Gamar, qui a laissé derrière lui une femme et une fille au Soudan, développe rapidement une relation de confiance avec la pétillante Salma, devenant son confident et son mentor. Lorsqu’elle lui confie un embarras scolaire, il lui promet de lui apprendre à conduire, renforçant ainsi leur connexion à travers des moments simples comme partager une glace.
Après un bond dans le temps de dix ans, Salma, déterminée à apprendre à conduire malgré l’interdiction pour les femmes en Arabie Saoudite, persuade Gamar de lui enseigner en cachette. Leur secret, qui pourrait déplaire à ses parents, renforce leur lien. Cependant, lorsque les choses prennent une tournure imprévue, Gamar se retrouve à devoir assumer les conséquences, tout en préservant la confiance de Salma.
Gamar, qui prend son rôle très au sérieux, retarde sa propre visite au Soudan pour veiller sur Salma jusqu’à son diplôme de lycée, même si le père de Salma lui propose une pause. Le film met en lumière les restrictions sociales et politiques qui rendent difficile pour des jeunes comme Salma d’interagir avec le sexe opposé. Une scène mémorable montre Salma, en attendant dans la file féminine d’une crèmerie, échangeant des sourires avec Waleeb (Mishaal Tamer), un jeune homme de la file masculine.
Leurs échanges se développent autour d’une passion commune pour la musique, mais Gamar, soucieux de préserver la réputation de Salma, tente de mettre fin à leur relation. Après une promesse de ne plus se voir, Salma est surprise par Gamar dans une situation innocente mais délicate, ce qui entraîne une confrontation empreinte de douleur.
Le film de Kamel est à la fois un hommage et une réflexion sur l’influence d’un homme dans la vie d’une jeune fille. La performance émotive de Shahata en tant que Gamar illustre la complexité d’élever un enfant qui n’est pas le sien. Les deux jeunes actrices, chacune à leur manière, apportent une fraîcheur indéniable à l’écran, tandis que la direction de la photographie de Frida Marzouk offre une esthétique numérique éclatante bien que parfois moins marquante.