Apprivoiser notre voix intérieure : Cultiver la bienveillance envers soi-même

Apprivoiser notre voix intérieure : Cultiver la bienveillance envers soi-même

Le discours intérieur, souvent inaperçu, représente un flux constant de pensées qui influence nos décisions et notre perception. Charles Fernyhough, psychologue britannique, a exploré ce phénomène à travers des recherches approfondies, révélant une diversité de voix internes. Si ce dialogue peut être bénéfique, il peut aussi devenir négatif, notamment dans des troubles psychologiques. Des stratégies, comme le « voyage dans le temps », sont proposées pour gérer ce discours et en tirer parti de manière constructive.

La Puissance du Discours Intérieur

Chaque jour, nous engageons notre esprit à une vitesse étonnante, atteignant jusqu’à 4000 mots par minute. Nous prenons des décisions, observons notre environnement, critiquons et nous perdons dans des pensées sans fin. Ces réflexions peuvent inclure des vengeances imaginaires ou des critiques internes, tout cela se déroulant en silence, à l’abri des regards. Si quelqu’un pouvait entendre nos pensées, il est probable que nous ressentirions un profond embarras.

Charles Fernyhough, psychologue du développement britannique, a consacré sa carrière à l’étude du discours intérieur depuis les années 1990. Il souligne que penser revient à parler, mais avec une voix atténuée. Il rejette le terme « voix intérieure », souvent confondu avec l’intuition, et considère des expressions comme « bavardage » peu éclairantes pour décrire le flux constant de nos pensées. Fernyhough soutient que notre discours intérieur peut offrir de nombreux bénéfices.

Le Discours Intérieur : Un Outil Multifonctionnel

Pour mieux comprendre ce phénomène, Fernyhough a dirigé un projet de recherche de dix ans intitulé « Hearing the Voice », visant à rendre l’inaudible audible. Avec son équipe, il a mené des études sur des centaines de participants, utilisant des méthodes neuroscientifiques. Un aspect clé de cette recherche a consisté à fournir aux participants un appareil émettant des bips à des intervalles aléatoires, les incitant à noter leurs pensées au moment du bip.

Fernyhough a découvert que beaucoup de personnes n’avaient jamais réfléchi à la manière dont elles se parlaient, révélant une intimité insoupçonnée. Les résultats ont montré qu’il existe divers types de monologues intérieurs : pour certains, c’est une voix critique, pour d’autres, un ami imaginaire ou une boussole morale. De plus, beaucoup simulaient mentalement des situations passées ou futures, jouant avec les perspectives et les voix.

Cette capacité d’auto-dialogue repose sur ce que l’on appelle la « théorie de l’esprit », qui permet de comprendre les actions et les sentiments des autres. Cela aide à se préparer à des défis tels qu’un entretien d’embauche ou à analyser des événements passés. Fernyhough note que les gens manifestent une grande complexité dans leur discours intérieur, utilisant même d’autres langues ou imitant des proches. Certains participants ont même remplacé leur voix intérieure par celle de personnages fictifs, ce qui a ajouté une dimension ludique à l’expérience.

Quand le Discours Intérieur devient Négatif

Fernyhough est devenu une référence dans le domaine de l’étude du discours intérieur, ayant publié en 2016 un livre intitulé « Monologues intérieurs – De la science et de l’histoire de notre voix intérieure ». Dans cet ouvrage, il aborde également les dimensions artistiques du discours intérieur, évoquant des écrivains comme Charles Dickens ou Virginia Woolf, qui ont vécu des expériences intenses avec leur voix intérieure, parfois jusqu’à l’aliénation.

Des troubles tels que la schizophrénie ou le trouble de stress post-traumatique sont souvent accompagnés de discours intérieurs négatifs. Fernyhough suggère que ces monologues peuvent être décodés pour mieux comprendre les émotions sous-jacentes. Les psychothérapeutes pourraient utiliser ces dialogues intérieurs pour explorer les traumatismes des patients.

Le professeur Ethan Kross, expert en inconscient, aborde le sujet différemment. Dans son livre « Chatter – La voix dans ta tête », il propose des stratégies pour utiliser notre voix intérieure de manière constructive. Selon lui, il est crucial de gérer le discours intérieur, surtout lorsqu’il devient négatif. Une méthode efficace est le voyage dans le temps, qui consiste à réfléchir à la pertinence future d’un problème, permettant ainsi de mieux affronter des situations difficiles.