Michel Barnier a démissionné en tant que Premier ministre français après un vote de défiance au Parlement, marquant la première fois depuis 1962 qu’un gouvernement est renversé ainsi. Emmanuel Macron doit maintenant choisir un successeur dans un contexte politique instable. Les propositions budgétaires controversées de Barnier, visant à réduire le déficit, ont suscité des critiques. L’impact de cette crise sur l’économie française et la situation politique reste préoccupant, avec des élections législatives en jeu et des tensions croissantes autour de Marine Le Pen.
Suite à un vote de défiance au Parlement, Michel Barnier, le Premier ministre français, a remis sa démission au Président Emmanuel Macron ce jeudi. Barnier est attendu à 10h00 au Palais de l’Élysée, comme l’a confirmé la présidence mercredi soir. Au total, 331 des 574 députés ont soutenu la motion de défiance présentée par l’opposition de gauche à l’Assemblée nationale.
- Le Parlement français renverse son Premier ministre
- Macron reprend le contrôle après la chute du gouvernement
La situation a été déclenchée par des désaccords concernant des mesures d’économie budgétaire en période de restrictions financières. C’est la première fois depuis 1962 qu’un gouvernement français est renversé par un vote de défiance. Barnier, qui avait été nommé en septembre dernier, détient désormais le record du mandat le plus court dans l’histoire récente de la France. Après un retour d’une visite d’État en Arabie Saoudite, Macron doit maintenant se charger de désigner un nouveau Premier ministre. Une allocution télévisée est prévue pour jeudi à 20h00. Notons qu’une nouvelle élection ne pourra pas se tenir avant juillet 2025.
Le gouvernement actuel peut continuer à fonctionner de manière transitoire pour gérer les affaires courantes. Cependant, cette tournure des événements pourrait plonger la seconde économie de la zone euro, déjà en difficulté, dans une période d’instabilité politique plus intense.
Incertitude concernant le successeur
Le choix d’un successeur à Barnier reste flou. L’idéal serait un candidat qui puisse rassembler au-delà des partis politiques. Barnier, en tant qu’ancien commissaire européen, pourrait jouer ce rôle de rassembleur. Alternativement, Macron pourrait opter pour un gouvernement d’experts, sans programme politique défini. Toutefois, ce nouveau leader devra faire face aux mêmes défis que Barnier pour faire adopter des lois et le budget pour 2025 dans un Parlement sans majorité, ce qui pourrait entraîner un autre vote de défiance. Il est important de noter qu’un nouveau Parlement ne pourra pas être élu avant juillet 2025.
Le projet de budget de Barnier visait à réduire le déficit budgétaire, qui devrait atteindre six pour cent cette année, à cinq pour cent l’année suivante. Cela impliquerait des augmentations d’impôts et des coupes budgétaires s’élevant à près de 60 milliards d’euros. Les propositions de réduction des dépenses ont suscité des critiques tant à droite qu’à gauche.
L’indice boursier français CAC 40 a enregistré une baisse d’environ dix pour cent ces derniers mois, à l’opposé des grands indices de plusieurs autres pays. Les analystes alertent sur les conséquences que cette crise pourrait avoir sur les entreprises, les consommateurs et les contribuables. Christian Kopf de Union Investment a déclaré qu’il s’agit d’une crise insidieuse qui pourrait entraîner une dégradation durable de la solvabilité de l’État.
Macron a aggravé la situation en appelant à des élections législatives en juin pour renforcer sa position après de mauvais résultats aux élections européennes. Cela a finalement abouti à une impasse. Son mandat présidentiel court jusqu’à mi-2027, et il ne peut être destitué par le Parlement. Le parti d’extrême droite Rassemblement National (RN) dirigé par Marine Le Pen, ainsi que la gauche, ont déjà réclamé à plusieurs reprises sa démission face à la crise actuelle. Macron a récemment rejeté ces demandes.
Marine Le Pen, qui a perdu face à Macron lors des élections présidentielles de 2017 et 2022, pense avoir de bonnes chances de lui succéder. Cependant, un jugement concernant le procès contre Le Pen et son parti pour détournement de fonds européens est prévu pour fin mars 2025, ce qui pourrait avoir d’importantes répercussions : les procureurs ont demandé une interdiction de fonctions publiques pour Le Pen pendant cinq ans. L’issue de cette affaire reste incertaine.