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Statut : 21/04/2023 13h09
Plus de réfugiés arrivent en Italie qu’ils ne l’ont été depuis des années. Le gouvernement sévit : avec un état d’urgence et des modifications de la loi. Les bénévoles de l’aide aux réfugiés sont inquiets.
Vérification du son au centre d’événements de la ville de l’économie alternative à Rome. Ici, entre des murs couverts de graffitis, les acteurs du sauvetage civil en mer se retrouvent tôt le matin. Ils échangent sur les décisions du gouvernement italien sur la question des réfugiés.
L’ambiance dans la salle est tendue. L’avocate Lucia Gennari animera la séance du matin. « Je ne sais pas non plus comment nous sommes censés résoudre cette impasse », dit-elle. « Mais je suis sûr d’une chose : ce n’est pas acceptable de prendre des mesures aussi extrêmes que celles qui se produisent en ce moment. Ce n’est pas traiter les réfugiés avec respect. »
Meloni : L’Italie ne devrait pas devenir un « centre de réfugiés ».
L’avocat évoque, entre autres, une loi qui a été votée en début d’année et qui restreint massivement le sauvetage en mer. Après une opération de sauvetage, les navires doivent se diriger directement vers un port déterminé, parfois à une journée de route. Pendant ce temps, ils ne peuvent plus sauver personne. Si les ONG enfreignent la loi, elles doivent payer des amendes pouvant aller jusqu’à 50 000 euros.
La Première ministre Giorgia Meloni veut empêcher une chose : « Il est impossible que l’Italie devienne le nouveau centre de réfugiés en Europe », dit-elle. De plus, Meloni a déclaré l’état d’urgence il y a deux semaines. Désormais, il y a un envoyé spécial pour la migration et le gouvernement peut adopter des mesures par décret, c’est-à-dire sans l’approbation du parlement. En outre, cinq millions d’euros ont été débloqués du fonds national d’urgence – entre autres pour mettre en place de nouveaux centres d’expulsion.
Gennari : Les humains méritent le respect
L’avocat Gennari ne comprend pas pourquoi cette somme d’argent n’est pas utilisée ailleurs, par exemple pour rendre des endroits comme Lampedusa « moins inhumains ». « On y loge des gens qui ont survécu à la guerre et à la peur de la mort », dit-elle. « Vous méritez d’être traité avec le plus grand respect. Mais le contraire est vrai. »
Outre Meloni, Francesco Lollobrigida, ministre italien de l’Agriculture et beau-frère du Premier ministre, alimente ces jours-ci le débat sur la migration. « Nous devons construire un système de protection sociale qui permette aux gens de travailler et d’élever des familles », déclare Lollobrigida. « Il ne faut pas céder à l’idée de remplacement ethnique : les Italiens ont moins d’enfants, donc on les remplace par des étrangers. Ce n’est pas la bonne façon. »
Le gouvernement se fait-il du mal en faisant cela?
Le gouvernement souhaite également introduire dans les semaines à venir une modification de la loi qui supprimera la « protection spéciale » pour les réfugiés. Cela rend plus difficile pour les migrants de rester dans le pays si leur demande d’asile est rejetée.
L’avocat Dario Bellucci de l’Association d’études juridiques sur la migration affirme que le gouvernement ne se fait pas seulement du mal : « Beaucoup plus de gens seront ici illégalement en Italie et donc aussi en Europe. Ils n’auront pas la possibilité d’obtenir un permis de séjour. Cela signifie : ils ne peuvent ni travailler, ni payer d’impôts, ni s’offrir un appartement. » Cela devient alors un problème pour les autorités locales et pour les citoyens européens qui doivent être quotidiennement en contact avec les réfugiés, dit Bellucci.
L’avocat se tient au fond de la salle, regardant de loin la discussion animée sur le podium. Avec toute cette incertitude ici dans la salle, il est certain que le climat social en Italie va se détériorer. « Le gouvernement italien utilise actuellement toutes ses ressources pour opprimer les gens et non pour les aider », poursuit-il. « Nous savons par le passé que l’oppression est inutile. Elle ne mène qu’à l’inégalité, aux conflits sociaux et non à une coexistence plus pacifique dans notre société. »
Le gouvernement italien est sérieux : état d’urgence et modification de la loi en raison de la migration
Judith Rubatscher, ARD Rome, 21 avril 2023 11h04