Dans le collimateur d’Erdogan

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Statut : 27/11/2022 04h41

La Turquie demande à la Suède d’extrader le journaliste en fuite Kenes. C’est donc devenu une monnaie d’échange dans la lutte pour l’adhésion de la Suède à l’OTAN. Qui est l’homme qu’Erdogan meurt d’envie de voir au tribunal ?

Par Christian Stichler, ARD Studio Stockholm

C’est le 8 novembre. Bülent Kenes dîne avec sa famille chez lui à Åkersberga, une banlieue au nord-est de Stockholm. La table est mise. La conférence de presse du président turc Recep Tayyip Erdogan à l’occasion de la visite inaugurale du nouveau Premier ministre suédois Ulf Kristersson est diffusée à la télévision.

La conférence de presse touche à sa fin lorsqu’un journaliste turc pose une dernière question. Puis Erdogan dit cette seule phrase.

Je vais maintenant nommer une personne en Suède : Bülent Kenes, un terroriste. Juste un exemple. Mais il est très important pour nous qu’il soit extradé vers la Turquie.

Un choc pour la famille

Cela dit ce que Kenes savait depuis longtemps. Son nom figure sur une liste qu’Erdogan a présentée au gouvernement suédois. Plus de 70 personnes extradées par le président turc.

Entendre son nom lors de la conférence de presse a été un « choc » pour sa femme et leurs deux enfants, dit Kenes – mais pas pour lui-même. Car, comme l’a expliqué le journaliste dans une interview à la télévision suédoise, « je n’attends rien et tout d’un despote comme Erdogan ».

Son permis de séjour en Suède n’est pas permanent. Le nouveau gouvernement suédois va-t-il l’extrader pour obtenir l’autorisation de rejoindre l’OTAN ?

Image : AFP

Détenu brièvement en 2015

Kenes est co-fondateur du « Stockholm Center for Freedom », une organisation qui, entre autres, soutient les journalistes persécutés en Turquie. Il enseigne également au Centre européen d’études sur le populisme à Bruxelles.

Kenes a travaillé pour divers médias, a été chef du bureau de l’agence de presse turque Anadolu à New York et a longtemps été rédacteur en chef du journal anglophone « Today’s Zaman ». Il a été brièvement emprisonné en 2015.

Evasion via Athènes

Mais ce n’est qu’en juillet 2016 que les choses sont devenues trop dangereuses pour lui dans le pays. Parce qu’après le coup d’État raté de certaines parties de l’armée, Erdogan sévit.

Le président turc accuse le mouvement Gülen d’être responsable du coup d’État. Gülen est un réseau islamiste qui compterait plus de quatre millions de membres dans le monde. Le journal pour lequel Kenes travaillait aurait été proche de Gülen et serait interdit.

L’université où Kenes enseignait doit également fermer. Kenes a la quarantaine et décide de s’exiler en Suède via Athènes. Dans son pays natal, il risque désormais plusieurs longues peines de prison.

« Je n’ai rien à voir avec le coup »

Kenes dit aujourd’hui qu’il n’est pas membre de Gülen. Dans une interview à la télévision suédoise, il nie avoir lui-même quoi que ce soit à voir avec le coup d’État de 2016.

S’il avait vraiment écouté les putschistes, il « ne serait pas si bête après tout » et s’exposerait ainsi en public. Non, affirme Kenes, « je n’ai rien à voir avec le putsch ».

Recherche dans l’environnement du Président

Kenes accuse Erdogan de ne le persécuter que parce qu’il a fait des critiques à son sujet en tant que journaliste. Bülent a découvert plusieurs scandales de corruption dans l’environnement du président. Et il a publiquement critiqué la répression brutale des manifestations de Gezi en 2013.

Pourtant, il ne s’attendait pas à devenir un personnage clé dans un bras de fer diplomatique entre la Turquie et la Suède. C’est un journaliste critique et Erdogan un « despote » – à cet égard, la démarche d’Erdogan n’est pas surprenante. Et pourtant, il se demande, dit Kenes, « Pourquoi vient-il de dire mon nom? »

Une monnaie d’échange humaine

Parce que Kenes sait aussi qu’Erdogan l’a pratiquement annoncé publiquement comme un homme recherché. Il peut difficilement se retirer de cette demande sans perdre la face. Il est devenu le pion de la politique.

Il s’inquiète des négociations entre le nouveau gouvernement suédois et le « régime islamo-fasciste et autoritaire d’Erdogan », dit le journaliste. « Cela m’inquiète plus que les menaces et les intimidations. »

Ce qui reste? L’espoir de l’État de droit

Kenes n’a pas de permis de séjour permanent en Suède, il doit donc s’en remettre à l’État de droit suédois.

Il y a quelques jours, un jeune reporter de la télévision d’Etat turque a rendu compte de son cas dans l’esprit d’Erdogan depuis Stockholm. Kenes a réagi à sa manière. Il a tweeté : « Si vous voulez faire du journalisme, appelez-moi, prenez un thé avec moi et posez vos questions. Filmer ma maison à distance, ce n’est pas du journalisme », a-t-il fait savoir au jeune journaliste.

Dans le collimateur d’Erdogan : le cas de Bülent Kenes en Suède

Christian Stichler, ARD Stockholm, 25 novembre 2022 10 h 43

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