Des milliers de personnes assistent aux funérailles de trois Kurdes tués dans une fusillade à Paris

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Un homme armé xénophobe est soupçonné d’avoir tué deux hommes et une femme dans un centre culturel kurde le mois dernier.

Avec des larmes et des cris de « Les martyrs vivent pour toujours », des milliers de Kurdes de toute l’Europe sont venus dans la banlieue de Paris pour dire adieu à trois des leurs tués lors d’un attentat en décembre dans la capitale française.

Des bus ont été affrétés pour amener des personnes de toute la France et de certains pays voisins aux funérailles politiquement chargées de Villiers-le-Bel, au nord de Paris.

Les cercueils des trois personnes – une femme et deux hommes – étaient enveloppés des drapeaux du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et du territoire du Rojava contrôlé par les Kurdes dans le nord de la Syrie.

La foule a suivi les funérailles sur des écrans géants installés dans un parking, montrant les cercueils entourés de couronnes sous un portrait du chef du PKK Abdullah Ocalan, qui purge une peine à perpétuité sur une île-prison au large d’Istanbul.

Des volontaires de la police et de la sécurité étaient de service devant une salle louée pour les funérailles de mardi.

Un homme armé xénophobe est soupçonné d’avoir tué les trois Kurdes le 23 décembre. Les victimes ont été abattues à l’intérieur et devant le centre Ahmet-Kaya, une organisation culturelle de la communauté kurde du 10e arrondissement de Paris.

Les trois victimes ont été identifiées comme étant Abdurrahman Kizil ; le chanteur et réfugié politique Mir Perwer ; et Emine Kara, une dirigeante du Mouvement des femmes kurdes en France.

William Malet, 69 ans, a été formellement inculpé dans la fusillade du 26 décembre. Il a déclaré aux enquêteurs avoir une haine « pathologique » pour les étrangers et vouloir « assassiner des migrants », ont indiqué les procureurs.

Doigt pointé sur la Turquie

Malet, un conducteur de train à la retraite, avait déjà été condamné pour voies de fait et possession d’une arme illégale. Il venait de sortir d’un an de détention pour une attaque à l’épée dans un camp de migrants.

Mais de nombreux Kurdes de la communauté française de 150 000 personnes refusent de croire qu’il a agi seul, qualifiant ses actions d’attaque «terroriste» et pointant du doigt la Turquie.

« La colère des personnes rassemblées aujourd’hui nous a encore prouvé à quel point la communauté kurde considère ces meurtres comme politiques », a déclaré un porte-parole du Conseil démocratique des Kurdes en France.

En janvier 2013, trois militantes kurdes – dont Sakine Cansız, co-fondatrice du PKK – ont été abattues près du centre culturel.

Leur meurtrier présumé, Omer Guney, un ressortissant turc soupçonné d’avoir eu des liens avec les services secrets d’Ankara, est décédé d’une tumeur au cerveau dans un hôpital parisien en 2016 en détention provisoire.

Plus récemment, des hommes ont été battus avec des barres de fer en avril dans un centre culturel kurde de la ville de Lyon, dans l’est de la France. Cette attaque a été imputée aux membres du groupe ultra-nationaliste turc interdit Grey Wolves.

Le PKK, qui a mené une lutte armée pendant près de quatre décennies pour plus de droits pour la minorité kurde de Turquie, est classé comme groupe « terroriste » par Ankara, l’Union européenne et les États-Unis.

Les affrontements entre la police et les manifestants kurdes au lendemain des tueries de décembre ont fait monter les tensions entre les alliés nominaux de l’OTAN, la Turquie et la France.

Le ministère des Affaires étrangères d’Ankara a convoqué l’ambassadeur de France pour se plaindre de la « propagande noire lancée par [the] PKK ».

Des militants du Conseil démocratique des Kurdes de France ont prévu une marche mercredi pour les victimes de décembre dans la rue où elles ont été tuées.

Samedi, une « grande marche » de la communauté kurde, initialement prévue pour marquer le 10e anniversaire de la fusillade de 2013, partira de la Gare du Nord à Paris.

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