Impact majeur : les entreprises américaines anticipent une guerre commerciale

Impact majeur : les entreprises américaines anticipent une guerre commerciale

Donald Trump promeut des tarifs douaniers élevés, suscitant des inquiétudes parmi les économistes sur les risques d’inflation et de pertes d’emplois. Un soutien de Trump, vendeur de T-shirts, reconnaît que les consommateurs paieront finalement ces taxes. Les républicains promettent de réduire les impôts tout en augmentant les tarifs, mais cela pourrait entraîner une hausse des prix. Des entreprises s’adaptent déjà en commandant des stocks ou en délocalisant leur production. Les experts craignent des conséquences négatives pour l’économie américaine.

Depuis plusieurs mois, le futur président américain Donald Trump fait campagne pour l’instauration de tarifs douaniers à grande échelle. Toutefois, les économistes tirent la sonnette d’alarme concernant les risques d’inflation et de pertes d’emplois. Les entreprises tentent de s’adapter à cette situation préoccupante.

Dans une vidéo diffusée avant les élections, un fervent supporter de Trump partage avec un journaliste les raisons qui le poussent à soutenir les tarifs douaniers. En tant que vendeur de T-shirts, il estime qu’avec l’instauration de taxes, les importations à bas prix disparaîtront. ‘Ce sont les entreprises qui paient les tarifs, pas nous,’ affirme-t-il. Le journaliste lui répond que ce sont bien les consommateurs qui, au final, assumeront le coût. L’homme, visiblement déconcerté, finit par admettre : ‘C’est le consommateur qui paie la facture.’

Les promesses des républicains

Le programme électoral républicain promet d’augmenter les tarifs sur les produits importés tout en réduisant les impôts pour les travailleurs, les familles et les entreprises. Les économistes américains mettent en garde depuis des mois que si Trump concrétise ses projets, cela pourrait se traduire par une taxe de consommation indirecte. En effet, il pourrait imposer ces mesures par décret, sans nécessiter l’approbation du Congrès. Les conséquences seraient une hausse des prix et donc une inflation accrue. Les électeurs, y compris les démocrates et leur candidate Kamala Harris, ont récemment pris conscience de ces enjeux.

Trump a remporté des voix grâce à son message qui reconnaît la crise d’accessibilité que subissent de nombreux Américains. Dès l’annonce de sa victoire, certains entrepreneurs ont réagi rapidement en commandant des stocks auprès de fournisseurs étrangers, afin d’éviter de répercuter les futures taxes douanières sur les consommateurs.

Une stratégie d’approvisionnement mondiale

Par exemple, un propriétaire d’une entreprise de chaussures a contacté son fournisseur chinois pour commander 30 000 paires supplémentaires, comme il l’a révélé au ‘New York Times’. ‘Nous prenons tout ce qu’ils peuvent produire,’ a-t-il déclaré. D’autres entreprises envisagent déjà de déplacer leur production vers des pays en dehors de la Chine, comme le Cambodge, le Vietnam ou le Brésil, car si les plans de Trump se mettent en œuvre, les droits d’importation y seront probablement moins élevés que ceux appliqués aux produits chinois.

Actuellement, les États-Unis appliquent des droits d’importation standard d’environ 2 %. Cependant, cela semble dérisoire par rapport aux propositions de Trump, qui prévoit des droits de douane de 10 à 20 % sur toutes les importations, de 60 % sur les produits chinois, et de 25 à 100 % pour ceux en provenance du Mexique. Il envisage même des tarifs allant jusqu’à 200 % pour les entreprises qui déplacent leur production au Mexique.

Ce retour aux tarifs douaniers évoque une époque révolue, où ceux-ci constituaient une source cruciale de revenus pour l’État, avant la Première Guerre mondiale, avant l’instauration de l’impôt sur le revenu. À l’époque, une grande part des finances publiques provenait des taxes sur les importations, bien que Washington dépensait également beaucoup moins.

Cependant, cette stratégie comporte des risques de représailles tarifaires de la part de pays comme l’Union européenne, l’Inde, le Mexique, voire la Chine. Cela avait déjà eu lieu durant le premier mandat de Trump, lorsque des taxes sur l’acier et l’aluminium avaient provoqué des rétorsions de la part de la Chine, qui avait imposé des taxes sur les produits agricoles américains. Le gouvernement de Washington avait alors dû soutenir financièrement les agriculteurs touchés par ces pertes.

Les économistes s’inquiètent

Les économistes, quant à eux, expriment de vives inquiétudes. Ils préviennent que l’agenda radical de Trump pourrait avoir des conséquences désastreuses pour les entreprises américaines, les travailleurs et les consommateurs. Selon le directeur de l’Institut Peterson pour l’économie internationale, les ménages à faible revenu pourraient voir leur pouvoir d’achat diminuer de 3,5 %. D’autres effets négatifs, outre l’inflation, incluent une réduction de la production et des emplois dans les secteurs industriels et agricoles. Les promesses faites concernant les années 2018 et 2019 ont été jugées fausses, et l’économie américaine pourrait subir des dommages collatéraux significatifs.

De nombreux lauréats du prix Nobel d’économie avaient également mis en garde contre les plans de Trump avant les élections. Les grandes entreprises, comme Nike, Walmart, Home Depot, Lowes, Target et Starbucks, se retrouveraient particulièrement affectées par ces mesures.