Le film *Jimmy et Stiggs* de Joe Begos, bien que n’ayant pas pour thème la pandémie de COVID-19 de 1920, en émane comme une œuvre hautement personnelle et intime. Ce long-métrage d’horreur déjantée allie des éléments de science-fiction et des récits d’amitié compliquée, présentant une expérience visuelle audacieuse en 16 mm. Avec une narration innovante et des effets pratiques saisissants, le film réussit à capturer la folie et les luttes humaines au milieu du chaos extraterrestre.
La pandémie de COVID-19 a apporté son lot de défis en 1920, marquant une époque de grande isolation, surtout pour ceux qui se consacrent au cinéma et à la narration. Jimmy and Stiggs, réalisé par Joe Begos, n’aborde pas directement la pandémie, mais il est indubitablement influencé par cette période tumultueuse. Ce film incarne l’horreur artisanale dans toute sa splendeur.
Joe Begos est un réalisateur qui plonge toujours profondément dans ses œuvres. Dans Jimmy and Stiggs, son engagement atteint des sommets inédits : il écrit, réalise, conçoit la production et joue même dans le film, donnant à ce projet une touche particulièrement personnelle. Ces éléments se conjuguent pour offrir une histoire fascinante d’amitié, de dépendance et de paranoïa, un récit qui résonne parfaitement avec les réalités de la pandémie. Ce long-métrage met vraiment en lumière le talent de Begos, faisant de lui l’une des figures les plus captivantes du cinéma d’horreur indépendant contemporain.
L’intrigue de Jimmy and Stiggs est relativement simple : un cinéaste sans emploi, Jimmy (interprété par Joe Begos), lutte contre des extraterrestres après avoir été enlevé, avec l’aide de son ami Stiggs (joué par Matt Mercer). Toutefois, la splendeur visuelle, la cinématographie et les effets spéciaux transforment ce film en une œuvre complexe. C’est un chef-d’œuvre qui prône le principe du « moins c’est plus », tout en étant également une célébration exubérante de la créativité. La performance de Begos en tant que réalisateur à ce stade de sa carrière est impressionnante, capitalisant sur tout ce qu’il a appris pour produire quelque chose de véritablement audacieux.
Le film présente une esthétique corollaire à celle de ses précédentes œuvres comme Bliss, VFW, et Christmas Bloody Christmas. Bien qu’il partage des éléments stylistiques avec Bliss, Jimmy and Stiggs se démarque en offrant une expérience totalement originale qui capture l’esprit de l’effroi à l’ère moderne.
Ce qui rend Jimmy and Stiggs particulièrement marquant, c’est sa capacité à jongler avec plusieurs éléments à la fois. L’histoire se déroule sur une période de 24 heures et offre une vision kaléidoscopique en 16 mm, alimentée principalement par la créativité. Ce film dépourvu de filtres parvient à transmettre l’intensité d’une expérience hallucinogène. À certains moments, le public est plongé dans un univers surréaliste, faisant écho à une ambiance près d’une maison hantée sous l’effet de psychotropes.
Au début, le film pousse les spectateurs à s’interroger sur la réalité des expériences de Jimmy : sont-elles authentiques, des chimères fiévreuses, ou un mélange des deux ? Cette incertitude plonge le public dans un flou continu, créant un plaisir dérangeant face au chaos.
Les scènes qui jalonnent Jimmy and Stiggs sont audacieuses, subversives et sanguinaires, transformant la maison de Jimmy en un véritable carnage. Les amateurs d’effets spéciaux pratiques et de cinéma gore seront comblés par la profusion de démembrements et les éclaboussures de sang captivantes. Ce long-métrage rappelle les œuvres iconiques de Peter Jackson et Sam Raimi tout en offrant une vision unique et novatrice.
Le film ne se contente pas d’être une démonstration de gore ; il est également parsemé de montages et de cinématographie raffinés. Un point de vue à la première personne particulièrement audacieux donne à Jimmy and Stiggs des airs de la meilleure adaptation viscérale de Doom jamais réalisée, un savant mélange d’inspiration et d’hommage.
Le dialogue fait écho à un certain documentaire culte des années 90, alimentant la nostalgie tout en offrant une énergie expérimentale indéniable. Bien qu’il n’ait pas d’éléments de found-footage, le film évoque une esthétique qui pourrait facilement trouver sa place sur des chaînes de télévision câblées, inspirant, mystifiant et terrifiant une nouvelle génération.