Journal de pays : je me repose contre un puissant cairn visible à des kilomètres

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UN Une journée lumineuse et froide promet une ferme traversée de la lande fangeuse qui mène à la belle colline isolée de Drygarn Fawr, présidant l’esprit de ce que feu Wynford Vaughan Thomas appelait The Great Wilderness. C’est précisément cela aussi, qui s’étend de Machynlleth au nord à Bannau Brycheiniog au sud. Je roule jusqu’aux sources d’Afon Irfon et je pars à travers une plantation forestière, sur une courte approche mieux adaptée à une ascension hivernale.

Les ronces glissent entre les lisières des bois, le croupion blanc visible, leurs cris répétitifs aigus et perçants dans le silence des arbres. Au sommet d’un épicéa isolé, un bec-croisé des sapins répond. Quelques empreintes de pas marquent la neige au-delà de la porte de la lande. Sa surface immaculée est parsemée d’or par des touffes de joncs. Des traces de lièvres se faufilent entre eux. Je travaille à travers Blaen Gwesyn jusqu’à la crête rocheuse du sommet de Drygarn, grimpe jusqu’au sommet le plus à l’est et repose mon dos contre son puissant cairn. Il mesure 10 pieds de haut, peut-être 60 de circonférence, visible à des kilomètres à la ronde. Son noyau de quartzite blanc brillant est dissimulé dans un revêtement de conglomérat gris caillouteux, endommagé ici et là par l’activité de l’Ordnance Survey. Les noyaux de quartzite sont une caractéristique des anciens cairns gallois au sommet d’une colline. Et le quartzite, aussi commun soit-il, est une roche souvent recrutée pour être utilisée sur des sites rituels, et pas seulement au Pays de Galles.

Le paysage autour de Drygarn Gawr, Powys.
Le paysage autour de Drygarn Gawr, Powys. Photographie : Jim Perrin

Je me souviens de prendre un bateau depuis Elu Inlet dans l’Extrême-Arctique et d’atterrir sur une plage de sable fin et blanc. Au-dessus se trouvaient les traces d’un ancien camp thuléen bien millénaire : caches à viande, pièges à renards, abris-cabanes. L’un de ces abris était couvert d’une dalle de granit à grains fins fourrée de lichen noir. En regardant en dessous, j’ai vu ce qui projetait si précisément le poids de la dalle sur un angle du bord d’une falaise : un petit cube de quartz rose. Cette pièce d’ingénierie évoquait de manière poignante l’ingéniosité humaine dans un paysage rude et exigeant. J’aurais pu faire pivoter la dalle, l’atteindre et l’empocher. Mais cela aurait privé les autres de l’occasion de s’émerveiller.

Une leçon cruciale dans notre société d’acquisition brutale, et une leçon que la culture Thulé – qui partageait tout ce qu’elle possédait – a connue il y a plusieurs siècles. De retour dans le présent, un coup d’œil à ma montre à quartz m’indique qu’il est temps de descendre.



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