L’extraction illégale de minerais en République Démocratique du Congo alimente la violence, impliquant des entreprises comme Apple. Une enquête belge vise la marque pour son utilisation présumée de minerais de conflit. Les accusations incluent la dissimulation de crimes et la tromperie des consommateurs. Bien qu’Apple ait pris des mesures pour éliminer ces minerais de sa chaîne d’approvisionnement, des critiques subsistent quant à l’efficacité de ses pratiques. Cette affaire pourrait ouvrir la voie à d’autres actions judiciaires contre des entreprises technologiques.
La Lutte Contre l’Exploitation des Minerais de Conflit
Depuis de nombreuses années, l’extraction illégale de ressources précieuses contribue à des actes de violence dans l’est du Congo. Le gouvernement congolais estime que des entreprises technologiques, dont Apple, portent une part de responsabilité dans cette situation. Une plainte récente met en lumière que la marque à la pomme ne fait pas assez pour éliminer les minerais de conflit de son processus d’approvisionnement.
Enquête Judiciaire sur Apple
Les autorités belges ont ouvert une enquête sur Apple concernant l’utilisation supposée de minerais de sang en provenance de la République Démocratique du Congo (RDC). D’après des avocats représentant la RDC, un juge d’instruction a été nommé pour examiner cette affaire. Le mois dernier, des représentants du gouvernement congolais ont déposé des plaintes contre Apple et ses filiales en Belgique et en France. Les accusations vont de la dissimulation de crimes de guerre à la distribution de biens volés, en passant par la tromperie des consommateurs. Face à ces allégations, Apple a fermement nié toute faute.
Au centre de cette controverse, la RDC accuse Apple d’acheter délibérément des minerais rwandais, alors qu’ils proviennent en réalité de groupes armés dans les zones en conflit. Robert Amsterdam, avocat représentant la RDC, a déclaré que « toute entreprise technologique sait que 90 % des minerais achetés au Rwanda proviennent du Congo ». La plainte déposée en France évoque également un « comportement systématique inapproprié » au sein de la chaîne d’approvisionnement d’Apple. La justice française n’a pas encore déterminé si elle allait ouvrir une procédure.
Le conflit autour de ces ressources a des conséquences dévastatrices pour la population locale, avec des millions de victimes de violences, de déplacements et d’abus. Des groupes armés, comme le M23, tirent profit de cette situation en exploitant les minerais précieux tels que le cobalt, l’étain, et l’or. Ces minerais sont souvent transportés clandestinement vers des pays voisins, où leur origine est dissimulée.
Une enquête récente de l’ONU a révélé que des rebelles auraient exporté illégalement au moins 150 tonnes de coltan vers le Rwanda l’année dernière, causant au gouvernement congolais un manque à gagner estimé à un milliard de dollars par an. Le Rwanda, quant à lui, réfute toute implication dans le soutien aux rebelles ou dans le trafic de minerais.
Face à ces accusations, Apple a affirmé avoir mis en place des mesures strictes pour éviter que des minerais de conflit ne pénètrent sa chaîne d’approvisionnement. L’entreprise a certifié ses fournisseurs via l’Initiative internationale des chaînes d’approvisionnement en étain (ITSCI), bien que cette organisation ait été critiquée pour son manque de transparence. Global Witness a même accusé l’ITSCI de faciliter le contournement des règles sur les minerais de conflit.
L’été dernier, Apple a annoncé avoir complètement cessé d’acheter de l’étain, du tungstène, du tantale et de l’or en provenance de la RDC et du Rwanda, demandant à ses fournisseurs de ne plus traiter ces minerais. Cette décision a été prise par crainte que les mécanismes de contrôle ne soient pas suffisamment rigoureux. Selon les plaignants, cela pourrait être perçu comme un aveu de la part d’Apple sur les problèmes existants dans sa chaîne d’approvisionnement.
Apple met également en avant que la majorité des minerais utilisés dans ses produits proviennent désormais du recyclage, atteignant jusqu’à 99 % de tungstène recyclé pour certains composants. Pour le nouvel iPhone 16, seul du cobalt recyclé est utilisé dans les batteries.
Les avocats représentant la RDC estiment que l’action judiciaire contre Apple n’est que le début d’une série de plaintes contre d’autres entreprises technologiques. Les démarches en cours en France et en Belgique représentent une première étape significative dans cette lutte pour la responsabilité des entreprises face à l’exploitation des ressources en zones de conflit.