La Belgique va intensifier la lutte contre le crime organisé, alors qu’un analyste avertit que la guerre contre la drogue est perdue


Le gouvernement belge intensifie sa lutte contre le crime organisé et le trafic de drogue qui l’accompagne en embauchant davantage de douaniers au port d’Anvers.

En tant que deuxième plus grand port d’Europe, des millions de conteneurs maritimes franchissent ses portes chaque année, c’est pourquoi il est souvent appelé la porte d’entrée du continent, aux côtés du port de Rotterdam aux Pays-Bas.

« Depuis cinq ans, nous battons des records (de drogue) ici à Anvers », a déclaré à Euronews Florence Angelici, porte-parole du Service public fédéral belge des Finances. « L’année dernière, 89 tonnes de cocaïne ont été saisies ici à Anvers. Ce fut une très grosse année, mais nous voyons quand même les chiffres augmenter. »

« Nous embauchons actuellement 100 nouveaux agents des douanes et nous sommes sur le point de construire de nouveaux dispositifs de numérisation directement à l’intérieur des terminaux et l’objectif est de numériser 100 % des conteneurs à risque. »

Quelque 41 tonnes ont été récupérées par les autorités en 2017, ce nombre augmentant d’année en année pour atteindre 65,5 tonnes en 2020.

Les saisies ont atteint un sommet en 2021, avec 89 tonnes métriques saisies après que les enquêteurs ont percé le service de messagerie cryptée Sky ECC et intercepté un milliard de messages au cours d’une enquête de deux ans.

La guerre contre la drogue est déjà perdue

Pour le professeur Letizia Paoli, experte en crime organisé à l’Université catholique de Louvain, la guerre contre la drogue est déjà perdue et l’Europe devrait plutôt se concentrer sur les dégâts causés.

« La guerre contre [drug] le trafic ne peut pas être gagné », a-t-elle déclaré à Euronews. « Et je pense que les forces de police de toute l’Europe ne devraient pas tant se concentrer sur la réduction des flux parce que dans des régions comme l’Union européenne avec des frontières ouvertes, il est vraiment difficile de s’en tenir à l’utilisation de lois.

« Au lieu de cela, ils devraient, autant que possible, essayer de réduire les méfaits associés au trafic de drogue lui-même, les méfaits de la violence et les méfaits de la corruption. »

Paoli a ajouté qu’une discussion à l’échelle de l’UE sur la légalisation de certains stupéfiants devrait être explorée.

« Dans le même temps, (nous devrions) lancer un débat sur la question de savoir si certaines drogues doivent ou non être légalisées de manière à réduire les revenus des criminels organisés. »

Mais à mesure que les saisies de drogue ont augmenté, la violence liée au crime organisé a également augmenté.

Pas plus tard que le mois dernier, le ministre belge de la Justice, Vincent Van Quickenborne, a été pris dans une complot d’enlèvement déjoué liés au crime organisé aux Pays-Bas.

Il l’a qualifié de « narco-terrorisme », d’autres qualifiant même la Belgique de « narco-État ». Paoli, cependant, a déclaré que cette définition est injustifiée.

« Il n’y a aucune raison de définir la Belgique comme un narco-État. Il y a d’énormes différences avec les vrais narco-États, comme le Mexique, par exemple », a-t-elle expliqué.

« En Belgique, aux Pays-Bas, l’administration publique est plus intègre, donc il y a très peu de cas connus de fonctionnaires qui ont été corrompus par des criminels organisés. »

Paoli a ajouté que le record de cocaïne récupéré l’année dernière au port d’Anvers correspondait presque à la consommation annuelle de l’ensemble de l’UE et que les prix n’avaient toujours pas augmenté sur le continent.

En fait, elle a déclaré que le coût de la cocaïne avait même diminué dans certains cas, ce qui montre que l’offre circule toujours facilement à travers l’Europe, malgré les saisies policières.



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