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John Stuart Mill sur la liberté est un célèbre escroc. Tout le monde a des droits, a-t-il dit, sauf le droit de nuire aux intérêts d’autrui. Cette exception devait être surveillée par l’autorité. Bienvenue dans la boîte de Pandore la plus célèbre de la philosophie.
La tentative du gouvernement cette semaine de renforcer les pouvoirs de la police en Angleterre et au Pays de Galles face à des manifestations perturbatrices est un classique de la dérobade de Mill. C’est le résultat d’actions récentes prises par Extinction Rebellion et Just Stop Oil, non pas contre les entreprises de combustibles fossiles ou leurs approvisionnements, mais contre les gens en général, bloquant l’accès aux rues et aux autoroutes de la ville. L’intention n’était pas de réduire les émissions de carbone – la congestion les a probablement augmentées – mais de générer de la publicité et donc des gros titres dans les médias.
La police a été critiquée à l’origine pour avoir en fait été de connivence avec les manifestants, pour être restée à l’écart lorsque Oxford Street et la M25 ont été bloquées. Ils ont fait face à des automobilistes commençant à prendre des mesures directes contre les manifestants, avec des demandes publiques pour qu’ils protègent les ambulances, les pompiers, les voitures de police et les personnes en crise personnelle qui ont le droit d’accéder à l’autoroute. La liberté de circulation dans son pays est un droit aussi fondamental qu’on puisse l’imaginer.
Il semble probable que cette crise soit passée. La police d’Angleterre et du Pays de Galles dispose déjà d’un pouvoir considérable pour prévenir les perturbations et les nuisances publiques, et il est de plus en plus évident qu’elle est utilisée. En effet, dans le cas des manifestations de Sarah Everard il y a deux ans, une manifestation inoffensive dans le sud de Londres a été réprimée avec beaucoup de cruauté, l’action de la police ayant été condamnée par un tribunal comme « non conforme à la loi ».
La question de l’interpellation et de la fouille dans une voie publique continue d’être controversée, avec un débat sur le degré de suspicion nécessaire pour le justifier. Ce qui se limitait autrefois aux armes et à la drogue s’étend désormais à la colle, aux chaînes et au matériel de creusement de tunnels. L’ancien ministre de l’Intérieur, Priti Patel, considérait même faire du bruit comme une justification de la répression des manifestations.
Le chef de la police métropolitaine, Mark Rowley, soutient non pas tant qu’il a besoin de pouvoirs plus larges que qu’il a besoin que les pouvoirs existants soient ajustés pour faire face à la conspiration à l’embouteillage. À l’heure actuelle, il ne peut empêcher une « perturbation grave » qu’une fois qu’elle s’est produite, ce qui revient à attendre qu’un crime ait lieu avant d’essayer de l’arrêter. Il estime qu’il a besoin d’un pouvoir discrétionnaire plus large pour interdire une manifestation sur « soupçon raisonnable de complot » pour causer des nuisances. Tout nouveau pouvoir doté d’un mandat aussi vague mérite l’examen le plus rigoureux.
Des décennies de législation informelle dans ce domaine se résument à ce que les législateurs laissent aux commandants de première ligne le soin de juger de «l’équilibre des droits». Mais un tel équilibre doit être compris par ceux qui exercent le droit de nuire et leurs victimes qui attendent de la police qu’elle les protège. La police est tenue par la loi de rendre des jugements souvent hâtifs, sans possibilité de s’asseoir sur le M25 et de débattre de philosophie avec les automobilistes et les manifestants.
Le diable est dans le détail linguistique. Quel sens précis attachons-nous à des mots tels que grave, raisonnable, nuisance et perturbation mineure ? Ce qui aurait pu sembler plausible à un policier sous l’impulsion du moment peut sembler terriblement erroné dans le calme d’un tribunal ultérieur.
La police a pris une raclée de relations publiques ces dernières années pour manque de jugement. Eux, et en particulier le Met, ont été accusés de détention injustifiée, de comportement discriminatoire et de violence inutile. Les critiques du maire de Londres, Sadiq Khan, ont forcé la démission du prédécesseur de Rowley, Cressida Dick, pour son incapacité à éliminer les « mauvais ‘uns » de la force. Hier, autre scandale : les plaidoyers de culpabilité de l’officier du Met David Carrick, un violeur en série qui a commis plus de 71 infractions sexuelles graves.
Les détails avancés du projet de loi actuel du gouvernement suggèrent que certains policiers pourraient désormais constituer un risque sérieux pour le droit de manifester. Plutôt que des pouvoirs plus étendus, il serait peut-être plus approprié d’offrir une meilleure formation et une grande spécificité dans l’interprétation de la loi. L’amendement du gouvernement devrait être examiné tant pour son aspect pratique que pour sa puissance.
Cela dit, les Britanniques doivent avoir tort de penser qu’ils doivent faire du mal à leurs concitoyens pour gagner un argument, aussi sismiques que soient ses implications ; en effet, surtout s’ils sont sismiques. Ils ne devraient pas avoir à le faire, et la loi ne devrait pas non plus les y aider. Mais cette bataille ne va pas disparaître. La Grande-Bretagne est inondée de Mill cop-outs. Le gouvernement veut empêcher les infirmières, les médecins et les enseignants de nuire à un public envers qui ils ont un devoir de service public. Mais le droit de retirer du travail est une liberté fondamentale contre laquelle ce devoir doit être mis en balance.
Il en va de même pour les libertés en ligne, notamment sur les réseaux sociaux. Mais quelle est la valeur d’une liberté qui nuit aux adolescents, propage des mensonges, engendre des conflits et détruit des vies, apparemment au-delà du pouvoir d’arbitrage des gouvernements ? La réponse ne doit pas être grand-chose, mais c’est quand même une liberté. Jamais les arguments de la philosophie politique n’ont paru aussi pratiques et aussi urgents.
La leçon de ces débats est que ni le droit de manifester librement ni le droit d’en être protégé ne sont absolus. Mais ces libertés doivent être combattues non pas sur le M25 mais sur le parquet d’une législature démocratique. Il est inconfortable qu’un projet de loi sur le contrôle des manifestations soit maintenant présenté et débattu non pas dans une Chambre des communes élue, mais dans une chambre des lords et des dames. Quel témoignage de démocratie est-ce là ?
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