La pression est forte pour fournir un financement durable, mais les risques sont élevés


Il y a eu une accélération mondiale de la demande de financement durable.

Cop26 à Glasgow et Cop27 à Sharm El Sheikh ont bénéficié d’une couverture universelle. Mais la pression ne vient pas seulement des organisations non gouvernementales et des médias. Les gouvernements et les banques centrales tentent de respecter les promesses de zéro net et les contributions déterminées au niveau national sur les gaz à effet de serre. Les régulateurs font également pression sur les institutions financières pour qu’elles identifient mieux leurs risques ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) et intègrent ces facteurs dans leur cadre.

Menace à deux volets

Sur la base du concept de double matérialité, les sociétés financières doivent désormais tenir compte à la fois de leur effet sur la durabilité et de leur contribution aux objectifs de développement durable – y compris le changement climatique – ainsi que de l’impact du risque ESG sur leurs portefeuilles de prêts ou d’investissement. Il ne s’agit pas seulement de gestion des risques. Il s’agit également d’un positionnement concurrentiel sur un marché d’un billion de dollars.

Mais plus ils progressent dans ce nouveau monde de la finance durable, plus les banques, les compagnies d’assurance, les gestionnaires d’actifs et les propriétaires sont confrontés à des défis.

Le premier défi est qu’ils ont besoin de données qui mesurent et suivent leur performance non financière. Ils doivent alimenter leurs modèles avec de nouveaux types de données techniques, par exemple sur le risque climatique, comme les risques physiques ou les émissions de Scope 3.

La difficulté ne réside pas seulement dans la sélection de fournisseurs de données tiers et l’ajustement des modèles, mais également dans la complexité de la sécurisation du cadre d’assurance approprié conformément aux principes du Comité de Bâle sur le contrôle bancaire (CBCB) 239.

Deuxièmement, les entreprises doivent revoir et mettre en œuvre des politiques révisées pour intégrer les facteurs ESG dans tout ce qu’elles font. Ce ne sera pas un quart de nuit. Où commencer? Et comment assurer la cohérence entre les politiques et les contrôles pendant la phase de transition ?

Troisièmement, les entreprises voudront agir rapidement sur de nouveaux produits pour contribuer à la transition et profiter des opportunités commerciales. Mais les récents scandales de greenwashing augmentent les risques juridiques et de réputation. Des amendes ont été infligées à des sociétés comme BNY Mellon et Goldman Sachs. L’histoire plus large avec DWS en Allemagne, qui fait l’objet d’une enquête par les autorités allemandes et a été poursuivie par un groupe de consommateurs pour écoblanchiment, pourrait conduire à de nouveaux précédents juridiques.

À une époque où les normes sont toujours en évolution, avec les premiers principes de l’International Sustainability Standards Board (ISSB) qui seront publiés cette année, trouver le cadre approprié pour garantir que les produits «verts» sont vraiment verts est un travail en cours. A titre d’illustration, la taxonomie verte européenne, l’une des plus avancées au monde, a déjà publié plus de 2 000 pages sur un seul des six objectifs environnementaux.

L’avalanche de recommandations et l’absence de normes établies entraînent des problèmes de communication et de reporting. Même si certains cadres sont déjà en place, comme les exigences de publication du pilier 3 de Bâle pour les banques ou les recommandations de la TCFD (Task Force on Climate-related Financial Disclosures) pour le reporting des risques climatiques, ils n’en sont qu’à leurs débuts.

Des centaines de pages sont désormais publiées chaque année sur la durabilité et l’ESG, mais elles sont difficiles à comparer, manquent toujours de processus d’assurance appropriés et ont un examen d’audit limité.

Ce ne sont là que quelques-unes des complexités auxquelles l’industrie est confrontée lorsqu’elle tente de relever le défi de la durabilité et de faire face aux nouvelles réglementations ESG et climatiques.

Il y a beaucoup de pression sur les entreprises pour qu’elles trouvent leur façon de contribuer au programme de développement durable, mais il n’y a pas de réponses faciles quand il s’agit de savoir comment y parvenir.

Emmanuel Rondeau est professeur invité et conseiller principal pour les études bancaires au London Institute of Banking and Finance Mena

Mis à jour : 14 février 2023, 04h00





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