Des diplomates suisses, dirigés par Helene Budliger Artieda, se rendent à Washington pour discuter des relations commerciales avec le nouveau gouvernement américain, dans un contexte d’éventuelles impositions de droits de douane. Le Seco met en avant la coopération économique entre la Suisse et les États-Unis, soulignant des avantages mutuels. Malgré les efforts pour éviter des tarifs, des défis subsistent, notamment en lien avec les tensions commerciales entre les États-Unis et l’UE, nécessitant une vigilance continue.
Des Rencontres Diplomatiques Inédites
Lorsque des diplomates organisent une réunion, il est courant qu’ils passent des semaines, voire des mois, à chercher un moment libre dans leur agenda. Cependant, avec le nouveau gouvernement américain, la dynamique semble changer. Helene Budliger Artieda, la cheffe du secrétariat d’État à l’économie (Seco), a récemment été informée qu’elle doit se rendre à Washington cette semaine. Elle y rencontrera des représentants du gouvernement américain lundi et mardi, selon les confirmations du Seco.
Néanmoins, les détails concernant les rencontres et les sujets qui seront abordés restent flous, car les autorités suisses ne divulguent pas d’informations spécifiques sur le programme de Budliger à la demande. Toutefois, il est probable que sa mission vise à prévenir l’imposition de droits de douane sur les produits suisses.
En effet, le président américain Donald Trump a chargé son équipe d’examiner toutes les relations commerciales des États-Unis pour identifier des « pratiques déloyales » d’ici début avril, incluant la Suisse, qui est mentionnée dans un document du bureau du représentant américain au commerce (USTR) en raison de son important excédent commercial avec les États-Unis.
La Stratégie Charmante de la Suisse
La semaine dernière, le Seco a déjà pris les devants en contactant les autorités américaines. Dans une lettre adressée au bureau de l’USTR, l’ambassadrice Andrea Rauber Saxer, en charge des relations économiques bilatérales, a souligné le succès de la coopération entre la Suisse et les États-Unis. Elle a mis en avant le fait que la Suisse favorise un environnement de marché sain : « Nous réglementons de manière pragmatique et évitons les obstacles inutiles pour les entreprises. »
La Suisse ne prélève pas de taxes sur les services numériques et évite une réglementation stricte sur l’intelligence artificielle (IA). Parallèlement, Rauber Saxer, sans mentionner directement l’UE, positionne la Suisse comme un atout distinctif par rapport à ses voisins européens, la présentant comme un « pont vers l’Europe » pour de nombreuses entreprises américaines.
Elle a également souligné comment les investissements suisses créent des emplois aux États-Unis, citant l’exemple de Peter Spuhler, dont l’entreprise, Stadler Rail, possède une usine à Salt Lake City. Les entreprises suisses collaborent étroitement avec des chercheurs américains, et la majorité des biens américains entrent en Suisse sans droits de douane. « Nous espérons que le gouvernement américain souhaitera maintenir cette relation mutuellement bénéfique », conclut Rauber Saxer, une tonalité que Budliger devrait adopter durant sa visite à Washington.
Les Défis à Venir
Il reste à voir si les arguments de Budliger séduiront Donald Trump. En effet, la Suisse n’est pas la seule nation à envoyer des diplomates à Washington pour éviter des droits de douane potentiels. Malgré tout, plusieurs experts estiment qu’il est crucial que la Suisse présente clairement sa position au nouveau gouvernement américain plutôt que d’attendre passivement les conséquences d’éventuelles mesures.
Les États-Unis représentent le plus grand marché pour les exportations suisses, avec près d’un cinquième de toutes celles-ci dirigées vers ce pays, et l’exportation de produits pharmaceutiques en constitue une part majeure, représentant 60 % des exportations suisses vers les États-Unis.
Cependant, même si Budliger réussit à éviter des droits de douane sur les produits suisses, d’autres défis demeurent. Par exemple, elle pourrait être affectée par d’éventuelles escalades dans le conflit commercial entre les États-Unis et l’UE. Lorsque Donald Trump a imposé des droits de douane sur l’acier et l’aluminium en 2018, l’UE a réagi par des mesures de protection touchant également l’industrie suisse, suscitant des inquiétudes quant à la stabilité des relations économiques entre la Suisse et ses voisins. Helene Budliger Artieda pourrait donc devoir planifier un voyage à Bruxelles peu après son retour de Washington.