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Johan Van Overtveldt est président de la commission des budgets et du groupe de travail sur la facilité pour la reprise et la résilience au Parlement européen.
La pandémie de COVID-19 a eu un impact énorme sur nos économies et a mis en danger des millions d’emplois.
L’objectif de l’Union européenne était d’agir rapidement et de réduire la menace de licenciements massifs. Et il l’a fait en mettant rapidement en œuvre le programme d’aide à l’atténuation des risques de chômage en cas d’urgence (SURE) – un instrument d’urgence temporaire fournissant jusqu’à 100 milliards d’euros de prêts aux pays membres pour des programmes d’emploi nouveaux ou existants.
Annoncé en avril 2020 et pleinement mis en œuvre en décembre 2022, l’instrument SURE est le prédécesseur de l’actuelle facilité pour la reprise et la résilience (RRF) de 723,8 milliards d’euros, qui sont toutes deux financées par la collecte de fonds sur les marchés des capitaux – et non par des fonds de l’UE. budget à long terme, le cadre financier pluriannuel (CFP) de sept ans. Et cette nouvelle façon de travailler est favorisée par la Commission européenne et la plupart — mais pas tous — les pays membres.
Mais alors que le RRF est encore dans sa phase de mise en œuvre, certains pays membres développent déjà un nouvel appétit pour l’argent de l’UE – et c’est un problème pour plusieurs raisons.
Les ambassadeurs de l’UE discutent déjà de la possibilité d’un nouveau fonds européen, financé par des emprunts conjoints comme contrepoids aux nouvelles subventions industrielles massives de transition verte de l’Amérique. Et le président du Conseil européen, Charles Michel, a l’ambition d’étendre l’instrument SURE « comme un moyen de garantir la solidarité entre les États membres, sachant que tous les États membres n’ont pas les mêmes capacités fiscales ».
Pourtant, dans le même temps, des milliards dans le fonds de relance COVID-19 restent inutilisés et disponibles pour les pays membres de l’Europe, plusieurs agences de l’UE avertissant déjà que les pays ont des difficultés à absorber les énormes sommes d’argent avant la fin de 2026. Si les pays membres n’a même pas entièrement absorbé le CFP précédent, pourquoi créer un nouvel instrument d’emprunt alors que les pays ont du mal à dépenser l’argent de relance disponible ?
De plus, utiliser l’instrument SURE comme exemple pour un nouveau fonds possible est une mauvaise approche.
La Cour des comptes européenne (CCE) a procédé à une évaluation préliminaire de SURE et a conclu qu’après le décaissement de 98,4 milliards d’euros, elle n’est pas en mesure d’évaluer l’efficacité de l’instrument et le nombre d’emplois effectivement préservés. Des contacts informels à la CEA indiquent que le manque de bonnes données nationales et la structure de conception de l’instrument rendent son évaluation difficile.
Dans ce contexte, il convient également de noter que tous les pays qui ont utilisé SURE, sauf un, ont signalé des irrégularités et des allégations de fraude. La Commission ne devrait pas prendre SURE comme exemple, mais plutôt y voir une opportunité de déterminer comment évaluer plus efficacement ses méthodes de travail.
Enfin, la nouvelle stratégie de l’UE consistant à emprunter de l’argent sur les marchés des capitaux pour permettre aux pays membres de contracter des prêts européens bon marché risque de devenir une pente glissante, notamment parce que la Commission semble incapable d’obtenir des taux et des conditions d’endettement compétitifs.
Fournir une autre tranche de financement de l’UE par le biais d’un nouvel instrument financier n’est pas la bonne solution ici. Et les pays membres devraient plutôt se concentrer sur la réforme pour se rendre plus compétitifs. Ne pas le faire risque de compromettre le projet de l’UE en créant une usine à dette européenne.
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