L’attaque contre les Kurdes à Paris ravive le traumatisme des meurtres non résolus

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Paris (AFP)- Des manifestants kurdes furieux ont affronté la police dans le centre de Paris vendredi après une attaque meurtrière contre un centre communautaire qui a ravivé le traumatisme de trois meurtres non résolus en 2013 que beaucoup imputent à la Turquie.

La police déployée devant le centre culturel a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui tentaient de forcer un cordon de police protégeant le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, ont indiqué des journalistes de l’AFP.

Certains ont pu être vus jeter des objets sur la police et mettre le feu à des poubelles, tandis que plusieurs voitures ont été endommagées lors des troubles.

La communauté a été exaspérée par l’attaque, beaucoup – sans preuve à ce stade – pointant à nouveau du doigt la Turquie.

Ils accusent également les autorités françaises de ne pas en faire assez pour les protéger.

« Je n’arrive pas à croire que ça recommence », a déclaré Jihan Akdogan à l’AFP sur les lieux. « Nous savions que cela recommencerait », a ajouté son frère, Juan Golan Elibeg, 41 ans.

Tous deux faisaient référence au triple meurtre notoire de trois militantes kurdes il y a près de 10 ans dans le même quartier de Paris qui a profondément secoué la diaspora kurde en France.

En janvier 2013, trois militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), dont l’un des fondateurs, ont été abattus dans un centre kurde voisin dans ce qui ressemblait à une attaque ciblée.

Un Turc a été inculpé des assassinats présumés par la suite, mais il est décédé en détention en 2016 avant d’être jugé.

Les familles des victimes pointent depuis longtemps du doigt la Turquie pour avoir orchestré la mort des trois femmes, qui ont été abattues d’une balle dans la tête et le cou, et la France pour ne pas avoir enquêté correctement.

« Vous ne nous protégez pas. Nous sommes en train d’être tués ! un jeune homme a crié à la police sur les lieux vendredi alors qu’il pleurait dans la rue.

Violence raciste ?

Malgré les soupçons de la communauté, il ne semble y avoir aucune preuve que la fusillade de vendredi ait eu des motifs politiques ou soit liée à la Turquie.

Les autorités françaises ont été extrêmement prudentes quant à la suggestion d’un motif, les premiers soupçons étant le racisme.

Le tireur présumé est un conducteur de train français à la retraite âgé de 69 ans avec des antécédents de violence contre les étrangers.

En décembre de l’année dernière, il a été accusé d’avoir attaqué à l’épée des migrants vivant dans des tentes dans l’est de Paris, blessant au moins deux d’entre eux.

La police déployée à l’extérieur du centre culturel a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui tentaient de percer un cordon de police © Thomas SAMSON / AFP

L’homme « visait clairement les étrangers », a déclaré le ministre de l’Intérieur Darmanin aux journalistes, tout en ajoutant qu’il n’était « pas certain » qu’il visait à tuer « des Kurdes en particulier ».

« Nous ne connaissons pas encore ses motivations exactes », a-t-il déclaré.

Activisme kurde

Certains manifestants ont pu être entendus vendredi scandant des slogans en soutien au PKK, une organisation kurde désignée comme terroriste par Ankara, l’Union européenne et d’autres.

Le PKK a mené une insurrection contre l’État turc depuis 1984, d’abord en faveur d’un État kurde indépendant et plus tard pour une plus grande autonomie kurde en Turquie.

Souvent décrits comme le plus grand peuple sans État du monde, les Kurdes sont un groupe ethnique musulman réparti en Syrie, en Turquie, en Irak et en Iran.

La Turquie lance des opérations militaires régulières contre le PKK ainsi que des groupes kurdes qu’elle accuse d’être des alliés en Syrie et en Irak voisins.

« Pour nous, il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un attentat terroriste qui s’est produit juste avant le 10e anniversaire du triple meurtre de trois militants kurdes à Paris », a déclaré à l’AFP Agit Polat.

Le groupe a appelé à une veillée vendredi soir.

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