Négociations entre le Kosovo et la Serbie : Des progrès mais pas de signature
Le Kosovo et la Serbie n’ont pas signé un accord, potentiellement historique, le samedi 18 mars après avoir tenu une série de pourparlers marathon. L’Union européenne saluait néanmoins les progrès accomplis vers la conclusion d’un accord de longue date entre les deux ennemis jurés. À la suite des pourparlers, le chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, a envoyé des signaux mitigés sur les négociations, affirmant qu’un cadre pour mettre en œuvre le plan avait été atteint mais qu’une voie vers la normalisation des relations restait insaisissable.
Le dernier cycle de négociations à enjeux élevés fait suite à des mois de navette diplomatique sous l’égide de l’UE, près de 25 ans après que la guerre entre les insurgés de souche albanaise et les forces serbes a déclenché une campagne de bombardement de l’OTAN qui a mis fin au conflit et a vu le personnel du gouvernement serbe et les forces de sécurité se retirer du territoire séparatiste.
Le Premier ministre kosovar Albin Kurti et le président serbe Aleksandar Vučić ont engagé des négociations pendant près de 12 heures lors d’un sommet à Ohrid en Macédoine du Nord, reprenant un plan en 11 points dévoilé par l’UE le mois dernier lors d’un sommet à Bruxelles. Mais à la fin, ils n’ont pas réussi à aplanir un accord final qui pourrait être signé par les deux.
Le document en 11 points soutenu par l’UE a établi un cadre stipulant qu’aucune des parties ne recourrait à la violence pour résoudre un différend, ni ne chercherait à empêcher l’autre de rejoindre l’Union européenne ou d’autres organismes internationaux – une demande clé du Kosovo. Cela entraînerait également une reconnaissance de facto entre les deux parties, le Kosovo et la Serbie acceptant les documents de voyage, diplômes, plaques d’immatriculation et timbres douaniers de l’autre.
L’administration Kurti espère qu’un accord permettrait l’entrée du Kosovo dans les institutions internationales, en particulier les Nations Unies, un objectif longtemps recherché par le gouvernement de Pristina. Les dirigeants de la Serbie et du Kosovo ont tous deux admis être de plus en plus pressés par les gouvernements occidentaux de parvenir à un accord après plus de deux décennies d’acrimonie.
La pression croissante survient alors que l’UE et Washington ont réservé une grande partie de leur force diplomatique pour résoudre le conflit en Ukraine, ce qui fait craindre que le Kremlin n’utilise la question du Kosovo comme un coin pour diviser davantage l’Europe.
Le Kosovo reste une obsession pour de larges pans de la population serbe, qui considèrent le territoire comme leur patrie légitime qui a été attaquée par des étrangers pendant des siècles. Vendredi, dans la capitale serbe, Belgrade, des milliers de personnes se sont rassemblées contre la conclusion d’un accord. « Cet ultimatum… ce n’est pas un accord, c’est une trahison », a déclaré à la foule Milica Djurdjevic Stamenkovski, chef du groupe ultranationaliste The Oath Keepers. Le Kosovo abrite environ 120 000 Serbes, dont beaucoup restent fidèles à Belgrade, en particulier dans les régions du nord près de la frontière avec la Serbie où il y a de fréquents épisodes de troubles, des manifestations et des violences occasionnelles.
Le Kosovo et la Serbie doivent donc encore poursuivre leur dialogue afin de régler leur différend de manière pacifique. L’influence de l’UE et de la communauté internationale sera cruciale pour parvenir à un accord.
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