Le meilleur du reste : les CD classiques que nous avons manqués en 2022 | Musique classique


Malgré plus d’une décennie de sombres prédictions sur le déclin final de l’industrie du disque classique, il n’y a toujours aucun signe de sa disparition imminente. Les entreprises peuvent aller et venir, et l’accent mis sur le répertoire peut changer d’année en année, mais la quantité de disques et de téléchargements publiés par des labels familiers et inconnus ne semble pas diminuée. Il y a tellement de nouveaux disques à échantillonner chaque mois que si vous demandez à deux passionnés de musique classique de nommer leurs sorties les plus remarquables de l’année, il est peu probable qu’il y ait beaucoup de chevauchement. Ce que nous examinons semble parfois à peine effleurer la surface de ce qui est disponible et de ce qui mérite notre attention.

Dans un monde parfait, par exemple, la sortie par Bru Zane de l’un des « grands opéras » authentiques, celui de Meyerbeer Robert le Diablebasé sur des performances à Bordeaux dirigées par Marc Minkowski, avec John Osborn et Erin Morley remarquables dans les rôles respectifs de Robert et Isabelle, aurait dû avoir une chronique à lui tout seul, tout comme le dernier opus de la série Berlioz de John Nelson pour Warner Classics, associant Les Nuits d’Été avec Harold en Italieavec Michael Spyres comme soliste dans le cycle de chansons, et Timothy Ridout comme altiste dans Harold.

Sehnsucht, le dernier disque thématique sur Alpha de Barbara Hannigan avec le baryton Raoul Steffani combine des arrangements d’ensemble des Seven Early Songs et Op 2 de Berg avec une version réduite de manière moins convaincante de la Quatrième Symphonie de Mahler. Et les deux autres sopranos stars d’Alpha, Sandrine Piau et Véronique Gens, s’associent pour Rivaux, un album d’airs du XVIIIe siècle, dont des numéros d’opéras de Cherubini, Gluck, Grétry et JC Bach, tour à tour exquis et éblouissant.

L’excellence pure de certaines versions ne semble augmenter qu’au fil des écoutes répétées. L’enquête de Paul Lewis de la fin Brahms, pour Harmonia Mundi, reprenant les pièces pour piano d’Opp 116–119, en est un exemple, montrant que le Brahms de Lewis est aussi posé et simple que son Mozart ou Schubert. Le dernier de Steven Osborne Rachmaninov (Hyperion) associe les Moments Musicaux à la Première Sonate redoutablement difficile, et il y a une technique de clavier plus superbe exposée dans le couplage barnstorming des deux d’Alexander Ullman concertos pour piano de Liszt, avec Andrew Litton dirigeant le BBC Symphony Orchestra pour Rubicon, et avec la Sonate en si mineur de Liszt pour faire bonne mesure.

L’anniversaire musical le plus important de l’année, le bicentenaire de la naissance de César Franck, a été marqué principalement par des rééditions d’interprétations classiques, mais parmi les nouvelles offres, il y avait un appariement sans éclat mais complètement musical sur Genuin des deux œuvres de chambre les plus connues de Franck, le String Quatuor et Quintette pour piano du Eliot Quartett et du pianiste Dmitry Ablogin.

Compositeur français Charlotte Sohy (1887-1955) âgé de 40 ans.
Compositeur français Charlotte Sohy (1887-1955) âgé de 40 ans. Photographie : document

Le disque de Chandos de la musique hongroise-croate Dora Pejačević, avec Sakari Oramo et le BBCSO, comprend un concerto pour piano (avec Peter Donohoe comme soliste énergique) aux côtés de sa Symphonie en fa dièse mineur. Rachmaninov était le modèle évident dans les deux œuvres, mais il y a aussi Franck et Dvořák dans le mix pour la symphonie, mais il y a suffisamment d’originalité dans les deux œuvres pour qu’on se demande quelle direction la musique de Pejačeviċ aurait pu prendre si elle n’était pas morte à l’âge de 37 ans en 1923.

La musique de Pejačeviċ est peut-être maintenant raisonnablement bien représentée sur disque, mais celle du compositeur français Charlotte Soy, né deux ans après le premier en 1887, est à peine connu. Les œuvres de Sohy font l’objet de la première parution du label La Boîte à Pépites, qui se concentrera sur le travail de compositrices ; il y a ici des disques de ses pièces pour piano, de la musique orchestrale, et le plus impressionnant de tous, ses deux quatuors à cordes, composés en 1933 et 1947 ; c’est un ensemble qui mérite certainement d’être exploré.

Les 10 choix d’Andrew Clements

Eliot Quartett : Le Temps Retrouvé (Genuin)
Meyerbeer : Robert Le Diable (Bru Zane)
Paul Lewis : Pièces tardives pour piano de Brahms (Harmonia Mundi)
Barbara Hannigan : Berg Sehnsucht (Alpha Classics)
John Nelson/Strasbourg Phil : Berlioz Nuits d’été, Harold en Italie (Warner Classics)
Dora Pejačević : Symphonie, Concerto pour piano (Chandos)
Steven Osborne : Rachmaninov (Hypérion)
Véronique Gens & Sandrine Piau : Rivales (Alpha)
Alexander Ullman : Liszt Concertos (Rubicon)
Charlotte Sohy : Oeuvres Complètes (La Boîte à Pépite)



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